Rencontre hors sol avec Kazy Lambist
Son premier album, « 33 000 FT.», sorti il y a peu, Kazy Lambist prépare un concert au Trianon, le 28 novembre. Nous le rencontrons pour qu’il nous parle de tout cela…
Depuis son premier EP (« The Coast ») sorti en 2016, Arthur (Kazy Lambist) fait du bruit. Il réunit sur Spotify pas moins de 7 millions d’auditeurs. Aujourd’hui, ils sont plus de 900 000 à l’écouter mensuellement. Ça donne le tournis mais ce n’est que le début.
© Clara Smal
Pour te présenter aux lecteurs qui ne te connaîtraient pas, pourrais-tu résumer Kazy Lambist en trois mots ?
Home Studio, parce que j’ai commencé à faire de la musique dans ma chambre, et non pas dans un studio pro. Electro et chill. Avec le temps mes chansons sont devenues un peu plus pop, mais ma musique a toujours été un peu plus électro.
Ton nom fait référence à un alcool canadien. On dit que l’alcool se bonifie avec le temps. C’est pareil pour toi ?
J’espère… À l’époque je bossais sur internet. Je le faisais seul et pour mes potes. Cet album m’a d’ailleurs apporté beaucoup de choses parce que c’était la première fois que j’enregistrais dans un vrai studio, avec une équipe qui me donnait son avis. J’étais aussi accompagné par un ingénieur du son qui m’a appris plein de choses sur le mix. Je n’avais pas idée de tous ces enjeux quand j’enregistrais dans ma chambre.
La tournée m’apporte aussi beaucoup, d’ailleurs. J’ai fait de belles dates et d’autres arrivent, comme celle du Trianon, le 28 novembre. Ça va être super, car on a des invités surprise et on a préparé un show un peu spécial. On verra si tout ça porte ses fruits, mais en tout cas c’est hyper enrichissant.
J’ai l’impression de plonger dans un carnet de voyage en écoutant ton album. Peux-tu m’expliquer cet effet ?
Déjà, l’idée me plaît que cet album se prête à l’écoute en voiture. Même si, en fait, j’ai voulu que cet album soit écouté en avion et plus particulièrement en regardant le paysage par le hublot.
J’ai deux passions : la musique et l’aviation. Quand j’étais petit je voulais être pilote. J’ai même passé mon brevet de pilote de planeur, mais je me suis arrêté là, parce que pour être pilote de ligne il faut avoir un bac S ! Du coup, il a fallu trouver un autre moyen de faire voyager. Cet album, c’est comme une croisière et j’emmènerais les gens avec moi…
Et d’ailleurs tu l’as fait en voyageant, cet album ?
Oui, il est composé de nombreux souvenirs de voyages : The City is Beautiful est un morceau sur Lisbonne et Annecy parle évidemment du Lac d’Annecy où je passais toutes mes vacances.
Tu mélanges souvent plusieurs styles musicaux. Si tu pouvais en créer un nouveau, ce serait lequel ?
Je n’ai pas franchement l’impression de révolutionner le game ! En tout cas, je ne m’en rends pas forcément compte. Ma musique est plutôt french touch, mais j’ai aussi beaucoup d’influences hip-hop et jazz. Ta question me rappelle qu’avec mes potes on avait créé un mouvement qui s’appelait le « Glayque ». C’était confidentiel, tu ne pourras pas le retrouver sur Internet ! Mais oui, finalement, on peut dire que mon style c’est le «Glayque».
Tu es l’un des rares jeunes artistes français de ce mouvement un peu pop-electro à ne pas avoir cédé aux textes chantés en français. As-tu une raison particulière ?
Au départ, je voulais que ma musique fasse oublier mon quotidien et qu’elle fasse aussi sortir de leur quotidien les gens qui m’écoutent. Je parle français toute la journée, donc l’anglais s’est un peu imposé, comme une façon de voir autre chose. Par pudeur, je n’avais pas trop envie de mettre ma personnalité en avant. Je trouve aussi qu’avec les chansons françaises, les mots ont un poids différents. C’est vrai, il faut les assumer les textes en français…
Il faut aussi savoir que j’écris toujours mes morceaux à l’arrache. Je ne les intellectualise pas. Le texte devient un enchaînement de mots clés qui me viennent naturellement en anglais. D’ailleurs, la plupart de mes influences sont anglophones. Et je pense bien continuer à me protéger derrière l’anglais.
Un.e artiste actuel.le à recommander ?
En ce moment, j’écoute beaucoup un groupe canadien Men I Trust. Comme groupe français, je suis assez fan du dernier album de Flavien Berger. Il est vraiment super et je suis cet artiste depuis longtemps. On a même eu la chance de jouer récemment avec lui à Bilbao.
Tu as déjà fait beaucoup de dates, partout en France et pas mal à l’étranger. Tu joues d’ailleurs bientôt au Trianon. Il est comment le public parisien ?
Pour l’instant, Paris, c’est vraiment là où ça marche le mieux. Toutes nos dates étaient complètes : la Gaîté Lyrique au printemps et, avant, la Maroquinerie, le Pop Up du Label. Que de bons souvenirs et beaucoup d’autres ailleurs ! Par exemple j’avais adoré jouer à Hello Birds, en 2016, parce que le cadre et l’ambiance étaient super. On avait aussi joué sur un bateau à Marseille, alors que la mer était déchaînée, on était obligés de se tenir en jouant.
Tu dis que tu composes beaucoup quand tu pars en voyage. Où irais-tu pour écrire le prochain album ?
Peut-être un pays qui ne m’attire pas du tout et dont je ne parle pas la langue. Quand même pas en Chine ! Mais sûrement dans l’Est, en Tchécoslovaquie par exemple. Ça m’est arrivé une fois quand, à 17 ans, j’ai décidé d’aller vivre dans le nord du Canada. Je me suis alors retrouvé à la frontière de l’Alaska, dans un bled complètement perdu entre les ours et la forêt. Au final, le concept m’a vraiment plu. Tu peux toujours trouver des trucs à faire n’importe où. Et comme t’attends rien, t’es pas déçu ! C’est bien de fantasmer aussi et j’ai envie que les endroits que je trouve les plus cools restent des fantasmes.
VIDEO : https://www.youtube.com/watch?v=CUti779W2WY
Propos recueillis par Clara Smal
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