AKAA 2018 : les Afriques à l’honneur
À l’heure où les arts contemporains d’Afrique connaissent un véritable engouement sur le marché de l’art, « Also Known as Africa » se veut plus qu’une simple foire. Le programme AKAA Underground instaure plus largement un projet curatorial : proposer une nouvelle manière de penser les arts d’Afrique.
L’art des Afriques et du « Sud Global »
L’angle d’attaque de la fondatrice d’AKAA, Victoria Mann, a été de décloisonner la géographie du continent. Cette 3eédition est donc une invitation à prendre l’Afrique comme point d’ancrage pour contempler les liens qui se sont tissés avec le reste du monde au fil du temps.
Il ne faut alors pas s’étonner de pouvoir admirer les photographies de Kyu Sang Lee, d’origine coréenne ou de déambuler dans l’installation monumentale de l’artiste cubaine Susana Pilar« Lo que contaba la abuela… »(Ce que mamie racontait…). Le premier s’est installé à Cape Town ; la seconde rend hommage à son héritage familial sino-africain. En définitive, AKAA 2018 nous propose une nouvelle cartographie des influences croisées de cette scène artistique contemporaine avec les régions du Sud Global.
AKAA Underground : un laboratoire de pensées et de pratiques artistiques
Cette année encore, AKAA déploie à nouveau l’AKAA Underground, dans la volonté d’enrichir l’expérience du visiteur, au niveau -1 du Carreau du Temple. Ce laboratoire est aussi et avant tout un espace né de la collaboration entre des maîtres bronziers burkinabé et des designers français, avec un mobilier signé par Maison Intègre.
Cet espace offre également une carte blanche à Dalila Dalléas Bouzar : Studio Paris. Pour cette performance, l’artiste s’installe au sein même de la foire, en sortant du cadre conventionnel de la toile, pour aller peindre les corps et le sol, en rappel aux rituels de cérémonies ancestrales.
Enfin, le sous-sol du carreau du temple accueille également les Rencontres AKAA, dont la riche programmation culturelle propose des rencontres autour du thème « Global South Connections » et des réseaux d’échanges culturels artistiques.
Découvertes variées
Comment peut-on parler « d’art d’Afrique », alors qu’il est si difficile de comparer le travail d’un artiste tunisien, congolais et sud-africain ? Bien qu’issus d’un socle commun, tous n’ont pas le même héritage artistique.
Ainsi, Amani Bodo (Galerie Angalia), congolais et fils du peintre Pierre Bodo, laisse apparaître une large influence de la peinture populaire congolaise, dont son père était l’un des grands représentants aux côtés de Chéri Samba et Chéri Chérin. Mais pas seulement : il investit aussi bien cet univers populaire que des thèmes plus oniriques et surréalistes construits autour de sa propre poésie personnelle.
Yassine Balbzioui (Kristin Hjellegjerde Gallery), quant à lui, a grandi et vit toujours à Marrakech. Pourtant, il traite de thèmes qui dépassent largement les frontières de son pays, comme le masque, motif récurrent dans son œuvre. Il utilise volontiers celui-ci pour questionner les notions de sincérité et d’hypocrisie qui scléroseraient, selon l’artiste, nos sociétés.
En effet, le pari de cette foire est de faire découvrir les arts d’Afriques, mais surtout l’Afrique décloisonnée, tant dans son esthétique que dans ses idées, pour prendre pleinement sa part dans un marché de l’art contemporain international. Et le pari est réussi !
Maud Jossier
À découvrir sur Artistik Rezo :
AKAA 2018 – Also Known As Africa – 3e édition – Carreau du Temple de Vanessa Humpries
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