Christie’s New York : vente record à 432 500 $ pour Obvious, jeunes artistes français vivants les mieux côtés au monde
La maison de vente Christie’s New York crée la surprise en vendant à 432 500 dollars, frais inclus, soit 45 fois son estimation haute, une œuvre du jeune collectif français Obvious (Hugo Caselles-Dupré, Pierre Fautrel, Gauthier Vernier). Mais une question se pose, qui est en vraiment l’auteur entre ces trois jeunes gens âgés d’à peine 25 ans et l’algorithme qui a permis de créer l’oeuvre « Edmond de Belamy » ?
Le portrait dans son cadre doré représente un homme corpulent, peut-être français et, à en juger par son sombre manteau et son col blanc uni, un homme d’église. le travail semble inachevé : les traits du visage sont quelque peu indistincts et il y a des zones vierges dans la toile. Curieusement, toute la composition est légèrement déplacée vers le nord-ouest. Le cartel sur le mur indique que la personne est nommée Edmond de Belamy, mais l’indice décisif quant aux origines de l’œuvre est la signature de l’artiste en bas à droite. En écriture cursive gauloise on lit :
C’est la première fois qu’une œuvre issue d’un programme d’intelligence artificielle (IA) se vend aux enchères. Joli coup pour la maison de vente Christie’s qui a réussi à dénicher avant tout le monde nos trois jeunes français du collectif Obvious. « L’intelligence artificielle peut être créative. Tout dépend de la façon dont on forme l’algorithme, en l’obligeant à créer un visuel inédit. Notre objectif est de vulgariser et diffuser les solutions d’intelligence artificielle», expliquent les trois garçons. Le procédé s’appelle Generative Adversarial Networks (GAN) et a été créé par Ian Goodfellow en 2014.
Les membres d’Obvious ont sélectionné 15 000 portraits peints entre le 14e et le 19e siècle qui constituent ainsi l’immense base de données que l’intelligence artificielle a exploré pour forger sa patte artistique. Christie’s avait estimé que « Edmond de Belamy » valait entre 7 000 et 10 000 dollars. Ce prix semblait correct à Gauthier Vernier, l’un des trois fondateurs du collectif : « la fabrication du tableau, le coût des serveurs pour obtenir la puissance de calcul nécessaire et aussi ce qu’il faut pour vivre ».
« Si vous considérez l’ensemble du processus, alors ce que vous avez ressemble plus à de l’art conceptuel qu’à une peinture traditionnelle ». Ahmed Elgammal, directeur du laboratoire d’art et d’intelligence artificielle de l’université Rutgers.
Pour Cyrille Gouyette, historien d’art au Musée du Louvre : « Cette démarche artistique tend à synthétiser 600 ans d’histoire de l’art. Cette compression de palettes d’artistes produite par l’intelligence artificielle relève elle-même du génie et donne le vertige ».
« C’est un portrait après tout. Elle n’a peut-être pas été peinte par un homme coiffé d’une perruque de poudre, mais c’est exactement le genre d’œuvre que nous vendons depuis 250 ans », déclare Richard Lloyd, spécialiste chez Christie’s, organisateur de la vente.
Pour Nicolas Laugero Lasserre, directeur de l’ICART (Ecole du management de la culture et du marché de l’art), et président d’Artistik Rezo, le succès de cette vente est une véritable surprise : « En achetant il y a un an la toute première œuvre de ce jeune collectif français je n’imaginais pas le chemin incroyable qu’ils allaient parcourir. Leurs créations, sorte de collaboration entre l’humain et l’intelligence artificielle, marquent une césure et une prise de conscience dans l’histoire de l’art. L’homme est-il seul capable de créer ? La machine va t-elle finir par le supplanter ? ».
Le JT de TF1 du 2 Novembre revient sur l’intelligence artificielle.
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