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« Perdus de Vue » – C215 – Galerie Mathgoth

21 septembre 2018
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Avec « Perdus de vue », Christian Guémy alias C215 signe sa première exposition personnelle à la galerie Mathgoth. A travers une vingtaine de toiles, sculptures et vitraux, il revient de façon distanciée sur un thème qu’il avait largement traité au tout début de sa carrière : les SDF. 

Lorsqu’il commence à peindre ses pochoirs à Paris en 2005, C215 fait d’emblée du portrait de sans-abris un genre de prédilection. « J’ai été l’un des tous premiers à explorer ce motif », rappelle-t-il. Son choix procède d’abord d’une nécessité intime : celle de donner à voir sa situation personnelle. « A l’époque, je vivais dans une précarité totale, je n’avais rien, aucun patrimoine, et touchais le RSA », explique Christian Guémy. La figure du « clochard » lui dessine en somme un horizon possible, et vient refléter sur les murs sa propre fragilité matérielle et psychique. « Le visage morcelé des clochards parlait de moi-même, explique-t-il, de ma personnalité morcelée, de mon identité brisée ».  Mais pour C215, le SDF est aussi un motif plastique, sinon un topos pictural : sa « trogne» se prête particulièrement à la technique du pochoir, qui en fait saillir les traits creusés et les épais sillons. En révélant la force esthétique de ces visages cabossés, l’artiste inaugure un genre, dont les photographies de Lee Jeffries et, plus tard, les pochoirs de Jef Aérosol, offrent autant d’exemples. Au risque, suggère Christian Guémy, de réduire un fait social et psychiatrique en simple motif, et d’en vider la représentation de toute portée critique. 

C’est pour mieux questionner les limites de l’exercice que C215 a souhaité y faire retour à l’occasion de sa première exposition monographique à la galerie Mathgoth. Du 21 septembre au 20 octobre, il y présente une vingtaine de portraits de sans-abris sur des supports variés, pour nombre d’entre eux en lien avec les habitus de la rue : parcmètres, bois, pierres, etc. Pour l’artiste, renouer avec ces « perdus de vue » tient évidemment du bilan personnel et artistique. Depuis 2005, il a vu sa situation considérablement évoluer : « je suis devenu un bobo ! », ironise-t-il. Aux portraits d’invisibles, ont aussi succédé les représentations de personnages publics et l’inventaire, souvent teinté d’ironie, de la culture populaire, la politique et les médias français. « Perdus de vue » est ainsi le contrepoint de l’exposition Illustres ! C215 autour du Panthéon, à voir jusqu’au 8 octobre dans le Ve arrondissement de Paris : à la célébration des grands hommes, Christian Guémy oppose à la galerie Mathgoth l’image presque iconique du clochard, pour mieux mettre en question sa fonction de « repoussoir » et explorer la culpabilité collective de la bourgeoisie contemporaine face aux inégalités. 

Vernissage en présence de l’artiste le vendredi 21 septembre à partir de 18h.

[Source : communiqué de presse]

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