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Festival Paris l’été : des paris spectaculaires

Thomas Hahn 19 juillet 2018
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"Kalakuta Republik" de Serge Aimé Coulibaly © Sophie Garcia

Aérienne, dénudée ou surchauffée, la danse est l’art qui marque le Festival Paris l’été et lui permet d’investir des lieux d’exception : sur un fil de fer accroché au Sacré-Cœur, dans le jardin du Musée Picasso ou dans la cour d’un lycée. Paris l’été, c’est comme un petit Festival d’Avignon à Paname…

Une funambule au-dessus du funiculaire

Tatiana-Mosio Bongonga s’est lancée à la conquête des espaces aériens dès ses 7 ans et est en train de devenir une icône du funambulisme féminin mondial. Parce qu’il est rare de voir une femme évoluer dans les airs, au-dessus d’une ville. Pour Paris l’été, elle part à la conquête du Sacré-Cœur, à 35 mètres au-dessus de son public, accompagnée de l’Orchestre de Chambre de Paris. Finesse, grâce et grand spectacle: De quoi se demander si on n’est pas en train de rêver…

Tatiana-Mosio Bongonga © Sébastien Armengol

 

La danse se déchaîne dans une cour de lycée

En voyant un spectacle de danse dans la cour du lycée Jacques Decour, dans le IXe arrondissement, on a un goût de Festival d’Avignon, en plein Paris. Dans la Cité des Papes aussi, les cours des lycées deviennent des lieux de spectacles. Gradins en extérieur, un public de festivaliers, restauration sur place, horaires nocturnes et, bien sûr, une programmation de pointe.

Tragédie d’Olivier Dubois © François Stemmer

Les dix-huit danseurs nus de Tragédie d’Olivier Dubois ont fait couler de véritables flots d’encre, depuis la création de la pièce – au Festival d’Avignon, justement. Où neuf femmes et neuf hommes livrent un rite moderne, radical, brut et envoûtant qui les amène vers un état de transe. Une évocation ciselée de l’énergie sauvage en chacun(e) de nous, jetant une lumière contemporaine sur le Sacre du printemps. Et le chorégraphe portugais Victor Hugo Pontes ajoute Fall, son étude de la chute – physique, mentale ou émotionnelle – qu’elle soit concrète ou métaphorique.

Serge-Aimé Coulibaly est lui aussi passé par le Festival d’Avignon, avec Kalakuta Republik, sa pièce dansée et chantée en hommage à Fela Kuti, compositeur et musicien de génie, activiste politique et rebelle, ayant transformé sa résidence en “République” autonome et jeté en prison par le régime nigérian. Et il évoque l’ambiance dans un club de Lagos, récemment au centre de l’attention grâce à la visite d’Emmanuel Macron : Le Shrine ! Fiévreux et libératoire, Kalakuta Republik répond à Tragédie comme Fela Kuti à Frank Zappa.

Dans le Marais, les jardins envoûtés

Dans le Marais, deux lieux d’exception accueillent deux propositions au-delà des catégories. Plus précisément, il s’agit de deux jardins, ceux de l’Hôtel de Sully et du Musée Picasso. Dans le premier, Ambra Senatore réinvente sa formule de la “Promenade au château” qui devient “Promenade à Sully”. Où elle éclaire son goût pour les sites historiques par son humour facétieux, où les danseurs jouent avec les perspectives dans l’idée d’une visite guidée. Mais Senatore, directrice du Centre Chorégraphique National de Nantes, amène habituellement son public dans les salles historiques. Les jardins sont un nouveau défi pour elle, et elle trouvera de nouvelles réponses.

Au Musée Picasso, l’ambiance sera nordique et décalée, avec un duo féminin qui revisite l’art forain ancestral, aujourd’hui peu pratiqué, de la suspension par les cheveux. Nordique, puisque la fildefériste Sanja Kosonen et la trapéziste Elice Abonce Muhonen se sont formées en Finlande et en Suède. Mais elles se sont rencontrées au CNAC à Châlons-en-Champagne et travaillent avec la compagnie française Galapiat Cirque. Décalée, puisque tout le folklore qui peut entourer cette tradition est ici pris au second degré et dans un esprit contemporain. De là à dire qu’il s’agit d’un spectacle décoiffant, il n’y a qu’un cheveu…

Et puisqu’on parlait du Festival d’Avignon… voilà que la cour du merveilleux Centre Culturel Irlandais (situé rue des Irlandais dans le Ve) offre deux soirées de transmission de grands spectacles du Festival d’Avignon… et qu’on verra au Monfort, théâtre dirigé par Laurence de Maghelaas et Stéphane Ricordel qui sont également les directeurs de Paris l’été, le solo Ode to the attempt de Jan Martens, ce jeune Belge toujours en tournée avec son solo fondateur qui fait partie de la programmation du Festival d’Avignon 2018.

Spectacle et installation gratuits

Deux autres propositions font du lycée Decour le quartier général artistique de Paris l’été. D’une part, un spectacle circassien (gratuit sur réservation) pour cinq acrobates et des blocs en bois par la compagnie La Mondiale Générale : Sabordage ! réinvente le cirque traditionnel et contemporain dans une inspiration dadaïste où les bastaings, eux-mêmes fragilisés par les lois de l’équilibre, doivent en plus soutenir le poids des hommes avec leurs actions grotesques et enfantines.

Installation de Johnny Lebigot © Bruno Laprade

D’autre part, une installation (accès gratuit) des plus surréelles, faite de matériaux collectés dans la nature. La Confusion des règnes de Johnny Lebigot nous amène dans un monde entre le réel et le rêve, où s’animent des espaces qui flottent en l’air et sont emplis de plumes, de tiges, de coquillages et tant d’autres. Ces sculptures rappellent le trait de crayon d’un Josef Nadj…

Thomas Hahn

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