Zawado (1891 – 1982), un peintre polonais sous le ciel français
La Société Historique et Littéraire Polonaise expose le peintre polonais Jan Wacław Zawadowski, dit Zawado (1891-1982), qui fût actif en France. Proche des postimpressionnistes et de l’Ecole de Paris, ses peintures évoquent le Midi, le soleil, la joie de vivre, et ” reflètent surtout la communion de l’artiste avec la nature ambiante “ (G.Picabia, 1958). L’exposition de la SHLP est l’occasion pour le public parisien et international de découvrir cet artiste dont le nom est moins connu que d’autres, mais dont l’œuvre le désigne nettement parmi les grands de son époque.
L’éveil de la sensibilité
Né le 14 avril 1891, à Volhynie (Pologne russe), c’est à l’âge de 13ans que Zawado découvre la peinture française contemporaine chez une amie de son père. Cela produit sur lui une grande impression qui fait naître sa vocation de peintre. En 1909 il gagne Cracovie et entame ses études de peinture à la prestigieuse Académie des Beaux-Arts dans l’atelier de Jozef Pankiewicz, le représentant de l’impressionnisme en Pologne. Il part ensuite pour Paris en 1912. La capitale est alors un lieu de rencontre majeur pour les artistes européens. Il se lie d’amitié avec Chagall, Delaunay, Léger, Modigliani ou encore Bonnard, qui allaient marquer l’histoire de l’art du XXe siècle et influençaient son œuvre.
L’activité artistique entre Madrid, Paris et Aix-en-Provence
Durant la première guerre mondiale, le peintre polonais au passeport autrichien est contraint de quitter la France pour l’Espagne et se fixe à Madrid, devenu un centre artistique pour réfugiés. Il y fait la connaissance de Diaghilev et de Stravinsky. Une fois la guerre terminée il rentre à Paris mais ce sont déjà la lumière, les paysages et les motifs du Midi qui l’attirent. Dans les années 20 et 30, il participe activement à l’effervescence intellectuelle et artistique de la capitale, et surtout de la communauté de Montparnasse et de l’Ecole de Paris dont il est membre. Mais le peintre prend déjà l’habitude de séjourner à Aix-en-Provence. Finalement il s’y installe définitivement en 1945, à Orcel, où il sera fort visité par la société intellectuelle de son temps.
Le renouveau et les dernières années à Aix
Agé d’une cinquantaine d’années, Zawado réalise la période la plus marquante de son parcours artistique. Il représente la vie provençale à travers de somptueux coloris et sa conception picturale va en s’épurant, jusqu’à devenir une sorte de tachisme géant où s’exalte couleur et lumière. Le peintre ne tient alors plus compte d’aucune influence – bien qu’on lui prête souvent l’étiquette de “fauve”. Il affirme sa propre vision poétique du monde et atteint un sommet dans sont art qui ne faiblira jamais, écrivant en 1948 : ” je montrerai le monde avec des yeux nouveaux, dans la façon que personne avant moi ne l’a jamais vu. […] je peins le paysage français avec les yeux et l’âme polonaise”. Dès les années 50, il participe à la vie culturelle d’Aix-en-Provence où la majorité de ses expositions seront à présent tenues. Les années 1975 et 1976 sont marquées par deux expositions majeures: une rétrospective lui est consacrée au Palais de l’Art à Cracovie puis à la Fondation Kosciuszko de New-York l’année suivante.
Zawado s’éteint dans sa propriété d’Aix, dans la nuit du 14 au 15 novembre 1982:
« Ce matin-là, le soleil se levait mais sa clarté n’était plus la même. Un peintre venait de mourir en silence. Avec Zawado mort, une clarté éblouissante de bleu, de vert et d’ocre s’est estompée. Estompée seulement car les toiles demeurent comme autant de reflets. »
Denis Coutagne, conservateur du Musée Granet, 1982
Vernissage le 29 juin de 19h à 21h
Raphaëlle Normand
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