Court mais pas vite – Un festival de théâtre au Déchargeurs
Qu’est ce qui s’invente sur les plateaux de théâtre aujourd’hui en 2018 ?
Court mais pas vite ! c’est 2 jours et 7 projets pour plonger au cœur de la jeune création. 7 gestes théâ- traux qui ont en commun leur audace et leur fougue. 7 projets portés par une jeunesse qui brûle d’envie d’interroger le monde dans lequel elle vit. Ces deux jours sont une joyeuse invitation à encourager les premières écritures dramatiques et scéniques, et à les accompagner bien au-delà du festival.
Au fronton de notre théâtre est affiché un extrait de l’Appel du Vieux-Colombier de Jacques Copeau dans lequel on peut y lire ceci : « Jeunes gens d’aujourd’hui, si vous aimez le théâtre, si vous avez conscience que l’art du théâtre puisse être en dignité, en beauté, l’égal des autres arts, si vous avez honte et dégoût de le voir de jour en jour s’avilir dans l’insignifiance, la bassesse, le cabotinage et la spéculation, ne vous contentez pas de votre mécontentement. Agissez avec nous. Venez construire un théâtre neuf, digne de nos vieilles traditions et de nos énergies victorieuses, digne des poètes du peuple, digne de vous ». Nous souhaitons que notre festival réponde au mieux à cet appel.
A l’heure, où chaque instant passé dans un théâtre est comptabilisé, « marchandisé », fructifié, où chacun s’interdit le partage du moindre contact par peur que l’autre reçoive une meilleure écoute ; à l’heure où chaque nouveau talent doit pouvoir garantir son talent ; à l’heure où l’essai, l’échec, les gestes maladroits ne sont plus acceptés, nous voulons offrir un espace de liberté à de nouveaux auteurs dramatiques et de mise en scène. Un temps pendant lequel ils pourront proposer, (se) confronter, être jugés avec la plus grande bienveillance d’un jury choisi tant pour ses qualités professionnelles qu’humaines. Notre préten- tion est folle : nous voulons faire de ce festival, un temps de rencontres libres, pertinentes, impétueuses, irrévérencieuses, insouciantes. N’est pas cela la « jeunesse » ?
Alors, faisons ensemble, que Les Déchargeurs, situé au cœur de Paris, devienne le témoin d’une jeu- nesse artistique en éclosion. Engageons-nous à dénicher des projets qui font sens, des projets portés par une génération qui s’interroge avec pertinence sur le monde qui l’entoure et permettre à tous, spec- tateurs amateurs et professionnels, de rencontrer le théâtre de demain.
Pendant plus de 20 années, j’ai conduit la direction artistique du théâtre Les Déchargeurs. J’ai eu la chance de découvrir des écritures nouvelles, des gestes artistiques qui ont su me toucher et marquer mon parcours. Accepter la direction artistique de l’Espace Bernard-Marie Koltès, Scène conventionnée pour les écritures d’aujourd’hui et être en charge du spectacle vivant pour l’Université de Lorraine m’offre la possibilité de poursuivre mon accompagnement de la jeune création.
L’Université de Lorraine et l’Espace Bernard-Marie Koltès accueilleront le lauréat de la 2ème édition de Court mais pas vite pour 1 représentation mais à l’avenir j’accueillerais en résidence d’écriture et en re- présentation une ou plusieurs compagnies qui auront su être pertinentes, audacieuses et inventives, tel que j’envisage le caractère de la jeunesse qui construit notre théâtre de demain.
Ludovic Michel, Directeur du théâtre Les Déchargeurs
Lee Fou Messica, Directrice artistique de l’Espace Bernard-Marie Koltès et Chargée du spectacle vivant de l’Université de Lorraine
Prix
Afin de récompenser deux lauréats, nous avons instauré, cette année, deux récompenses.
Le Prix du Jury
Le lauréat bénéficiera d’une convention de résidence d’accompagnement artistique et administratif com- prenant un espace de création + une programmation de 10 représentations aux Déchargeurs du 14 au 24 mai 2019 et d’1 représentation au cours de la saison 18/19 à l’Espace Bernard-Marie Koltès, Scène conventionnée de Metz.
Le Prix du Public
Le lauréat bénéficiera d’une résidence de création aux Déchargeurs de 10 jours qui sera ponctuée par une sortie de résidence « Etape de travail » ouverte au public et aux professionnels.
7 PROJETS SELECTIONNÉS
ELSE 1924 / L’Apocalypse Joyeuse
Else 1924 est l’adaptation de Mademoiselle Else, nouvelle d’Arthur Schnitzler considérée comme pre- mier monologue intérieur direct de l’histoire littéraire. Le récit est constitué des pensées d’une jeune fille qui se trouve forcée de demander à Dorsday, riche marchand de tableaux, une somme d’argent afin de sauver son père de la prison : le marchand accepte à condition de pouvoir contempler la jeune fille en- tièrement nue.
L’Apocalypse Joyeuse est un groupe d’artistes de théâtre réunissant un metteur en scène : Gaspard Liberelle (formé à l’Ecole nationale de la Comédie de Saint-Etienne – Centre dramatique national), une comédienne : Evelyne Hotier (formée à l’Ecole nationale supérieure d’Art et techniques du théâtre de Lyon), une photographe : Diane Lentin (formée à l’Ecole d’Art et de Design de Saint-Etienne) et une dramaturge/historienne de l’art : Maëva Guillemet (formée à l’Ecole du Louvre). La compagnie est née d’un désir commun d’adapter Mademoiselle Else d’Arthur Schnitzler, qui aujourd’hui encore leur parait sidérant d’actualité.
D’après Mademoiselle Else d’Arthur Schnitzler Adaptation Gaspard Liberelle et Evelyne Hotier
Mise en scène Gaspard Liberelle
Fonds historiques et iconographiques Maëva Guillemet Photographie et projection Diane Lentin
Voix Justine Dibling Avec Evelyne Hotier
CRÉATION / Il faut toujours finir ce qu’on a commencé
« La mode est exceptionnelle car elle exagère, c’est une loupe. Elle se différencie des autres industries créatives car la mode est à l’extrême : il faut encourager l’extravagance ». Arnaud Vrech
Histoire de la vie d’une équipe de création dans une maison de haute couture. Chacun travaille dans son corps de métier. Sous la pression d’un résultat imminent en vue du prochain défilé, tout le monde devra communiquer pour y arriver.
Il faut toujours finir ce qu’on a commencé est une compagnie dont les membres sont issus de diffé- rentes formations théâtrales (Paris Nanterre, Théâtre national de Toulouse, Studio-Asnières, Ecole supé- rieure de comédien par l’alternance). C’est en 2015 que Jeanne Lazar et Arnaud Vrech créent ensemble la compagnie après trois années passées au sein de l’Ecole du Nord de Lille. Ils puisent leur inspiration dans des sujets d’une grande théâtralité dans leur rapport au rythme, au corps, car ils désirent placer l’acteur au centre de leur travail.
Texte, mise en scène, décors & costumes Arnaud Vrech Lumières Mathieu BarchéAvec Mathieu Barché, Clément Durand, Jeanne Lazar, Hadrien Peters, Laura Segré, Johann Weber
JE LE FERAI HIER / Collectif Nonante
Six personnes viennent parler de leur génération. Alors qu’ils pensaient être seuls, ils vont devoir parta- ger la parole. Très rapidement et avec l’implication du public, la bienséance s’efface pour laisser place à un joyeux « bordel » où chacun défendra la cause qui l’anime. Entre celui qui n’a pas d’avis, l’autre qui en a beaucoup, un qui parle bien, l’autre qui pense mieux… C’est étrange et en même temps pas du tout. Ils ont tous envie de parler même s’ils ne le savent pas encore. Et même si c’est pour dire qu’ils craignent de n’avoir rien à dire.
Collectif Nonante est un collectif dont les membres sont issus du Studio d’Asnières – l’Ecole supérieure de comédien par l’alternance. L’identité du collectif s’articule autour d’un travail qui s’écrit au plateau, avec et pour les comédiens.
Texte & mise en scène Pauline Huriet Décors Clément Chevelt
Costumes Juliette Bayi
Avec Nicolas Le Bricquir, Julia Cash, Timothée Doucet, Hiba El Aflahi, Chloé Lorphelin, Thomas Keller
MÉTÉOR / Compagnie Luce
2018 : Une météorite du nom de « Météor » s’écrase sur terre. C’est le début d’une ère apocalyptique faite de chaleur et de poussière. Le peu de survivants se réfugie sous l’écorce du monde. Les relations entre pays, villes, bourgs, sont coupées, chacun relégué à sa localité. Dans les souterrains de Paris, un échantillon d’humanité se réorganise, encadré par un nouveau système politique nommé « le Ministère », et tente de réapprendre à vivre, autrement. A la conquête de la mémoire, chacun est confronté à sa solitude et renvoyé au mystère de sa propre identité.
Compagnie Luce voit le jour en 2014, elle rassemble pour ce spectacle des comédiens en grande majo- rité formés au Conservatoire national supérieur d’Art dramatique. La compagnie Luce tend à défendre les œuvres d’auteurs actuels, portés par de jeunes artistes qui souhaitent, collectivement, offrir leur regard sur la société d’aujourd’hui.
Texte & mise en scène Julie Julien Compositeur Sébastien Wolf
Lumières Cédric Henneré
Décors Marion Dossikian et Juliette Minchin Costumes Camille Ait
Voix Julie Julien, Loic Mobihan
Avec Alice Berger, Raphael Naasz, Claire Olier, Roxanne Roux, Antoine Sarrazin
UN BOUT DE JARDIN / Bleu Rivage
A cause de son surpoids, Guillaume s’épanouit uniquement par écrans interposés, dans la sécurité de sa chambre, de peur que la réalité soit trop décevante. Suite à une discussion avec un pédophile sur internet, Guillaume tombe dans le cycle addictif de la pédopornographie. Il devient un « collectionneur », un détenteur compulsif de contenus illicites qu’il échange à travers des rituels et des jeux sur la toile. Il repousse les limites le jour où il décide de se filmer pour vendre ses vidéos au plus offrant. La police ne tardera pas à l’interpeller. S’ensuit une reconstruction difficile où Guillaume voyage dans son passé jusqu’à un souvenir volontairement occulté.
Bleu Rivage est un collectif né à l’Atelier International de Théâtre Blanche Salant et Paul Weaver dont sont issus les membres. Ils créent ensemble en 2017 Sur le Fil, qui sera leur première création et qui traduit la réalité de jeunes sans domicile. Par cette proposition, le collectif découvre son langage et son engagement pour des problématiques sociétales.
Texte, mise en scène, lumières & décors Xavier Pilloy Avec Guillaume Pehau
CHÈRE NUIT GRIS BLEU / Collectif Zavtra
Il y a là deux personnes. Un nez rouge, et un autre là, un drôle de musicien qui joue dans les ruines les derniers sons possibles, puisqu’il n’y a plus rien…
Le masque, le nez, se grimer, au milieu des villes-mondes, dans le désastre politique, écologique, éco- nomique, prendre une pierre, un mot, une rime, un vers et les jeter en plein dans la gueule des murs qu’on érige, ne pas attendre la catastrophe, elle est là, devant nous, enjamber les gravats, souffler sur la poussière, réveiller les morts, une bonne fois, crier, n’avoir en patrie que l’enfance.
Collectif Zavtra rassemble deux frères, un musicien et un comédien. L’un a été formé en conservatoire de musique et l’autre à l’Ecole supérieure de théâtre du Limousin et au Centre national des Arts du cirque de Châlons où il acquiert une formation théâtrale et découvre le travail du masque et du clown. Tous les deux explorent un langage commun, alliant le clown et la musique, une parole d’aujourd’hui et universelle.
Inspiré de Dehors devant la porte de Wolfgang Borchert
Adaptation Clément Delperié
Compositeur Thomas Delperié
Regards complices Cédric Paga, Martina Raccanelli, Jean-Baptiste Tur
Avec Clément Delpérié, Thomas Delpérié (musicien)
BIMBO ESTATE / Compagnie 1% artistique
Une fresque théâtrale qui met en scène des icônes de la culture populaire : les bimbos. Entre un salon de massage, un cabinet de chirurgie esthétique et un plateau de télévision, des bimbos se rencontrent et se racontent. Une exploration d’un archétype féminin ; une errance à la première personne, à la rencontre des mythes refoulés de la société du spectacle.
Compagnie 1% Artistique est implantée en Normandie. Elle est constituée d’élèves de conservatoires municipaux et du Conservatoire à rayonnement régional de Paris, 1% artistique interroge le rapport entre l’image et la culture populaire, les identités théâtrales et pose également la question du genre et de la sexualité.
Texte, mise en scène & costumes Garance Bonotto Vidéo Arthur Crestani
Avec Mona Abousaïd, Garance Bonotto, Fanny Jouffroy, Jinxuan Mao, Solène Petit, Lucas Rahon, Thomas Zuani
[ Source texte : Communiqué de presse ]
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