Bô : un hymne à la beauté, une ode à la vie
Pour son retour, Catherine Lara a imaginé « Bô, le voyage musical », qu’elle met, bien sûr, également en musique. Dans ce spectacle choral, où le violon, la danse et les arts du cirque se mêlent, les personnages, en quête de beauté, nous dévoilent leur passé et partagent leurs rêves pour un monde plus harmonieux. Du grand spectacle à voir au 13ème art.
Définir la beauté est délicat. La statue David de Michel-Ange est-elle belle ? Qu’en est-il du sourire d’un être aimé, de l’aube nous révélant l’horizon d’un paysage ? « Personne n’a le même regard sur ce qui est bô », déclare Giuliano Peparini, chorégraphe, metteur en scène et auteur. Alors celui-ci nous propose sa version en abordant des thèmes universels tels que la tolérance, le harcèlement sexuel, la haine, l’immigration, l’homosexualité ou bien encore le pouvoir des réseaux sociaux.
L’histoire : une dizaine de personnages, qui ne se connaissent pas, prennent la mer. Au fil de l’eau, du temps et de la musique, chacun raconte son histoire, laquelle éclaire leur quête : trouver la beauté, celle de la vie. Pour embarquer aussi son public, la mise en scène exalte nos sens par divers moyens artistiques, et cela est assez spectaculaire. C’est MC Solaar qui prête sa voix pour lancer et clore le spectacle. Fine plume d’une qualité littéraire rare, il a participé à l’écriture des textes du spectacle.
La musique : expression de nos sentiments
Tout le monde écoute de la musique. Elle est omniprésente : sur la radio, dans nos écouteurs, dans les halls de gare… Mais le son d’une voix (qu’elle chante ou qu’elle parle), voire les bruits d’objets, nos doigts sur un clavier font aussi musique.
Inspirée, Catherine Lara interagit avec les personnages grâce à son interprétation. Violoniste hors pair, elle nous emmène d’emblée dans leur univers. En revisitant la richesse de l’Orient, ses mélodies expriment admirablement leurs émotions, traduisent leurs états d’âme avec poésie. Sa présence sur scène irradie le spectacle.
La danse : notre beauté intérieure en mouvement
Nous avons tous déjà dansé : pour l’école, durant une fête, dans notre chambre. Lorsque nous dansons, certains disent que nous nous exprimons, que nous révélons nos sentiments, nos pensées. Ces mouvements racontent parfois une histoire, et pourquoi pas celle d’un voyage ?
Ici, le public se laisse volontiers porter, car la chorégraphie contemporaine donne à voir la beauté intérieure des personnages. Parmi les interprètes, Braham Aïache et Olivier Mathieu, deux excellents danseurs hip-hop qui ont collaboré avec Pietragalla. Bravo aussi aux acrobates qui nous font voir monts et merveilles !
L’esthétique : une scénographie qui fait voyager
Plutôt qu’un décor fixe, Emmanuelle Favre a conçu une scénographie évolutive. Grâce à la vidéo (Gilles Papain), nous traversons tantôt les saisons, tantôt des villes modernes. Ces décors nous emmènent vers des lieux toujours différents et c’est très réussi, comme les éclairages.
Plongés dans ces voyages intérieurs, emportés par ces mélodies, nous voilà donc embarqués. Ce voyage total suscite de bien fortes émotions : de la joie aux larmes, nous accompagnons les personnages principaux dans leurs récits. Un beau voyage, en effet, afin d’apprécier la vie, dans ce qu’elle a de plus précieux.
Charlotte Le Pécheur
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