Bernard Murat : « Nos spectacles n’ont pas à être soldés ! »
Lors de la présentation de la nouvelle saison 2018, le metteur en scène Bernard Murat, qui préside le Syndicat National des Théâtres Privés (SNTP) a lancé un cri d’alarme. Si l’année 2017 renoue avec une bonne fréquentation au regard de 2016 en raison des attentats, la situation est aujourd’hui alarmante. Stéphane Hillel, co-directeur du Théâtre de Paris, ouvre ses portes au théâtre public en mars avec « Vera », une comédie vorace ou triomphe Karine Viard.
Pas de soldes dans les théâtres privés
Pour Bernard Murat, la situation est alarmante et les 50 théâtres privés parisiens courent un grand danger à l’horizon des deux prochaines années. Pas question, selon lui, que les théâtres parisiens se transforment en boites noires ou en « garages » locatifs. « Nous souhaitons continuer à faire un théâtre créatif et dynamique, une exception française. Mais le prix de la sécurité à l’entrée des salles et surtout la multiplication des billetteries numériques a un effet dévastateur en détruisant tout le secteur d’activité à la baisse! » Certains vendeurs « cassent » les prix en bradant les places et le prix moyen d’une place est passé de 30 à 25 euros. Les tournées des spectacles sont aussi en baisse de 10% et le SNTP met en cause la politique de la Ville de Paris qui rend impossible le stationnement des voitures en semaine. Voilà pour le constat. Côté points positifs, ce sont les théâtres privés qui emploient le plus de femmes et qui offrent aux intermittents les périodes d’emplois les plus longues, donc qui contribuent le plus aux cotisations sociales. Pour les salles en difficulté, il y a un Fond de soutien alimenté d’un côté par la vente des billets, de l’autre par la Ville de Paris, mais qui a épuisé ses réserves. En d’autres termes, le théâtre privé génère de grosses recettes à la collectivité, mais il manque la réciproque, et la crise menace.
Quand le théâtre public s’invite au théâtre privé
Co-directeur du Théâtre de Paris, de la Michodière et des Bouffes Parisiens, Stéphane Hillel accueille dès le 9 mars « Véra », une comédie décapante mise en scène par Marcial di Fonzo Bo et produite par le théâtre public. Une comédie décapante, une satire sociale crue menée de main de maître par Karin Viard. « Il faut cesser de croire que le public du théâtre privé ne vient que pour du boulevard. Le public s’adapte à différentes esthétiques, on le voit en tournée. Par contre, il nous faut essayer d’autres types de communication pour toucher le public que la simple promotion. Mais on ne pourra jamais aligner nos prix sur ceux du théâtre subventionné. Pour moi, il n’y a pas plus de risque avec «Véra » qu’avec « La Garçonnière » que nous reprenons aujourd’hui. Et puis c’est bien de pouvoir montrer aux spectateurs parisiens durant 60 représentations ce qui se crée en province. Je pense dans certains cas que le théâtre privé peut être une ouverture. Mais il ne faut pas nous regarder comme des horribles marchands. Si on nous méprise, comme certains directeurs ou metteurs en scène, on n’a pas envie d’ouvrir la porte ! Ce n’est pas le cas de Marcial di Fonzo Bo qui est un grand metteur en scène. »
Hélène Kuttner
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