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« Paris reconnaissance » – Jim Dine – Centre Pompidou

Solène Chaillat 15 janvier 2018
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Du 14 février au 23 avril 2018, le Centre Pompidou expose l’exceptionnelle donation que Jim Dine a faite récemment au Musée national d’art moderne et qui se compose de 28 œuvres, de peintures et de sculptures, réalisées entre 1961 et 2016. Un don par lequel, Jim Dine, comme il le dit lui-même, voudrait « rembourser la France d’une dette culturelle et personnelle », à savoir les nombreuses années passées à Paris qui lui ont permis d’accéder à « une esthétique » qui a éclairé ses choix. En saluant ce geste, l’exposition retrace de façon saisissante son parcours unique et toujours aussi fécond.

Jim Dine occupe une place à part dans l’histoire de l’art de plus d’un demi-siècle. Né en 1935 à Cincinnati, dans l’Ohio, il s’installe à New York en 1958 où il débute sa pratique artistique et se fait connaître par ses environments et happenings réalisés aux côtés de Claes Oldenburg. Figure centrale d’une pratique qu’on assimile sans doute trop rapidement au pop art, il s’en éloigne, reconnaissant encore aujourd’hui ce qu’il doit à l’œuvre de De Kooning et à l’expressionnisme abstrait. Durant les années 1970, il se tourne vers les pratiques du dessin et de l’estampe et entreprend une remise en question radicale qui l’amènera, dès la fin de ces années, à redecouvrir la figuration.

Au tournant des années 1980, Dine s’approprie les éléments stylistiques des cultures anciennes, les icônes artistiques et les images vernaculaires, développant une pratique attentive aux formes du passé et somme toute post-moderne, bâtie sur l’amour du travail manuel et imprégnée de symboles personnels. La donation, entièrement exposée, comprend les toutes premières œuvres dans lesquelles s’affirment le vocabulaire plastique et l’originalité des thèmes de l’artiste. L’outil y tient une place déterminante et donne d’emblée à l’œuvre une dimension spécifique, mêlant son histoire personnelle à une recherche identitaire qu’il n’abandonnera jamais. De splendides assemblages mariant les matériaux les plus composites illustrent le foisonnement des recherches de Dine au tournant des années 1970. Les motifs récurrents de son œuvre, cœurs, robes de chambre et autres objets du quotidien de l’artiste figurent aussi au nombre des pièces présentées. Les premières sculptures visitant les icônes de l’art comme la Vénus de Milo ou les masques du Fayoum côtoient les Pinocchio polychromes devenus autant de doubles de l’artiste. L’ensemble se compose également de ces treillis et autres paravents de métal auxquels Dine accroche, comme autant de reliques, ses différents objets et outils fétiches tels ces fragments de corps qui peuplent ses travaux antérieurs. Enfin, de grandes peintures d’une liberté et d’une richesse de matière aux tonalités à l’opposé des œuvres sévères et quasi monochromes des débuts de l’artiste, mettent en évidence sa liberté d’allure et le désir intarissable de fabriquer des œuvres exemptes de toute contrainte. Homme passionné et inquiet qui n’a jamais voulu se fixer quelque part, en perpétuel mouvement, il court – encore aujourd’hui – de par le monde, de l’Amérique où il est né et continue de vivre sporadiquement à l’Europe et la France où il ambitionne désormais de passer le plus clair de son temps. Car Jim Dine, on le sait, aime la France.

[ Source : Centre Pompidou ]


Retrouvez ici notre dossier sur toutes les expositions à venir du Centre Pompidou

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