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Philippe Genty, fenêtre ouverte sur nos rêves

Thomas Hahn 9 janvier 2018
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Paysages intérieurs - © F. Ferranti

« Paysages intérieurs », dernier opus de Philippe Genty, arrive enfin à Paris. Et avec le XIIIe Art, Paname a finalement un lieu dédié au théâtre visuel, gestuel, chorégraphique, burlesque, poétique… Pour un voyage ironique, psychédélique, « ouvrage d’une vie » et tour d’horizon de notre subconscient. Dans une beauté éclatante, poétique et parfois troublante.

Paysages intérieurs – © F. Ferranti

Les paysages ont toujours joué un rôle majeur dans la créativité presque psychédélique de Philippe Genty. Tout à commencé pour lui par la traversée de paysages, désertiques et autres, dans sa mythique 2CV. En développant un langage scénique, psychologique, gestuel et visuel à la manière d’un plasticien de l’inconscient, Philippe Genty a marqué un demi-siècle de création chorégraphique, visuelle, marionettique etc. etc. Car c’est précisément en 1968 qu’il fonda sa compagnie. Et qu’il est impossible de coller une étiquette de genre à ses fresques scéniques.

L’homme et les rêves

Dans toute leur inventivité, les spectacles de Philippe Genty restent artisanaux. L’humain est placé au centre, avec ses désirs, ses phantasmes, ses rêves. Bref, tout ce qui traverse un esprit humain comme s’il s’agissait d’un paysage. Car notre subconscient est lui-même un vaste paysage. La poétique de Philippe Genty sait le rendre visible. C’est son mérite, au-delà des images subliminales qui se succèdent, qui savent émerveiller et troubler, souvent en même temps.

Entre Clown et Kafka, Magritte et Shakespeare, ses images utilisent un jeu d’échelle entre personnages et paysages, pour bouleverser les perspectives. Les titres des diverses créations de Genty, toujours en complicité parfaite avec Mary Underwood, son indispensable alter ego, sonnent tels des condensés de la condition humaine poétisée : « Dérives », « Zigmund Follies », « Voyageur immobile », « Ligne de fuite », « La Fin des terres », « Ne m’oublie pas »…

Paysages intérieurs – © F. Ferranti

Résumé d’Odyssée

« Paysages intérieurs » pourrait bien être son œuvre manifeste où il distille tout son parcours. « Après la parution de mon odyssée personnelle chez Actes Sud, il y a deux saisons, j’ai décidé de donner corps et images à l’ouvrage d’une vie », dit-il lui-même. Et de poursuivre : « A la croisée de mes rêves, de mes voyages, de mes fantasmes, Paysages Intérieurs est un poème virtuel pour sept acteurs et marionnettes. »

Ici, les personnages voyagent à travers leurs identités sexuelles et en franchissent les bordures. On trouve toujours une maison dans les spectacles de Genty, soit surdimensionnée, soit infiniment petite. Mais ici, cette maison se transforme parfois en corps humain… « De rêveries en métaphores, de loufoque en potache, Paysages Intérieurs est un voyage », écrit Genty. Une porte ouverte sur nos rêves.

Comme dans chaque spectacle de Genty, tout interprète est autant danseur qu’acteur gestuel, marionnettiste ou  encore magicien. Et derrière, dans les sphères invisibles, s’agite un bataillon de machinistes et manipulateurs pour construire les effets spéciaux en direct, avec des matériaux  analogues, concrets et tangibles. Dans cet univers, il est doux et agréable de se laisser embarquer, même si les situations, paysages et événements peuvent aussi renvoyer à des pulsions moins avouables, aux angoisses ou à la violence. Mais jamais sans poésie et humour. On se laisse emporter et on en sort, légèrement transformé.

Thomas Hahn




 

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