Oh my god, une comédie endiablée au Tristan Bernard
Oh my God ! – Théâtre Tristan Bernard
|
Jusqu’au 29 juillet 2017 Dans une salle paroissiale où les mines dévotes sont de mise, se déroulent prières enthousiastes, exploits quasi-pornographiques, sorcelleries de marionnettes et défoulements en tous genres aussi déjantés les uns que les autres. On démarre avec des chants de bondieuseries, le prêtre et ses ouailles , – elles sont quatre, une mère et des ado -, y allant de la guitare, de la flûte à bec et mélodies aux paroles risibles et niaises sur le thème de « gardons la joie ». La scène est follement amusante, reproduisant savoureusement ces chansonnettes pathétiques des joyeux de la crèche. La salle est d’emblée conquise par les choristes dirigés tambour battant par le curé en aube qui ne manque pas d’aligner tous les clichés indispensables, œil charmeur, sourire éclatant, énergie du « feu de Dieu » et sournoiserie flagrante. Pour rentrer dans le spectacle, les aficionados du catéchisme bon teint devront mettre de côté le sérieux de l’affaire religieuse et accepter le contexte outrageant et extravagant. Le fil de la pièce se déroule ensuite autour d’une fête dominicale en préparation, qui doit notamment, outre la kermesse et la tombola, être animée par des jeux de marionnettes auxquels travaillent les ouailles en question. Et c’est là que tout se détraque, ce jusqu’à la folie satanique. Une des marionnettes va en effet se transformer en créature incontrôlable qui bouscule à l’extrême la petite assemblée en tenant des discours crus, directs et dénués de toute volonté de ménagement. Résultat, beaucoup de dégâts matériels mais surtout psychologiques et affectifs. Les vérités assénées par cette poupée de chiffon maléfique vont répandre un chaos gigantesque. La pièce se développe alors autour du mal-être réel d’un des adolescents dans un aspect volontairement foutraque qui entasse pêle-mêle considérations sur le malentendu générationnel, détresse d’une mère veuve, propos graveleux, dérapages sexuels, romance de midinette. Le public qui pouvait s’attendre à une sympathique bouffonnerie sur le patronage catholique bascule finalement vers des registres multiples dont certains ne sont au fond pas si comiques que ça, mais qui s’enchevêtrent dans un total capharnaüm. Un sommet est atteint avec le jeu du comédien, Thomas Ronzeau, qui a fabriqué la marionnette diabolique ; il manie au sens propre toutes les ficelles de l’interprétation avec tous les talents, y compris celui de chanteur. Au final, l’entrain général de cette petite équipe paroissiale en voie de disparition sème une détente certaine et à voir la salle qui reprend les chants en tapant des mains, on peut penser que mon Dieu, cette comédie qui ne recule devant aucun blasphème fait néanmoins beaucoup rire. Emilie Darlier-Bournat [Photos : © Emilie Brouchon] |
Articles liés
“Moins que rien” : l’histoire de Johann Christian Woyzeck adaptée au Théâtre 14
L’histoire est inspirée de l’affaire de Johann Christian Woyzeck (1780-1824) à Leipzig, ancien soldat, accusé d’avoir poignardé par jalousie sa maîtresse, Johanna Christiane Woost, le 21 juin 1821. Condamné à mort, il a été exécuté le 27 août 1824....
La Scala présente “Les Parallèles”
Un soir, dans une ville sans nom, Elle et Lui se croisent sur le pas d’une porte. Elle est piquante et sexy. Lui est hypersensible et timide. Il se pourrait bien que ce soit une rencontre… Mais rien n’est moins sûr, tant ces deux-là sont maladroits dans leurs...
“Tant pis c’est moi” à La Scala
Une vie dessinée par un secret de famille Écrire un récit théâtral relatant l’histoire d’un homme, ce n’est pas seulement organiser les faits et anecdotes qu’il vous transmet en une dramaturgie efficace, c’est aussi faire remonter à la surface...