Boxe Boxe : une performance éblouissante entre la danse et la boxe
Boxe Boxe De Mourad Merzouki et Quatuor Debussy Avec Diego Alves Dos Santos, Remi Autechaud, Guillaume Chan Ton, Aurélien Chareyron, Aurélien Desobry, Frédéric Lataste, Cécilia Nguyen Van Long et Teddy Verardo Musiciens: Christophe Collette, Cédric Conchon, Vincent Deprecq et Marc Vieillefon Jusqu’au 18 juin 2017 Du mardi au samedi à 20h30, dimanche 15h, relâche le 4 juin Tarifs : de 12 à 38 euros Réservation en ligne ou par tél. au 01 44 95 98 21 Durée : 1h05 Théâtre du Rond-Point |
Jusqu’au 18 juin 2017 Le chorégraphe Mourad Merzouki reprend son éblouissante création au Théâtre du Rond-Point, réunissant 8 danseurs hip-hop et 4 musiciens du Quatuor Debussy. Un moment de danse boxée ou de boxe dansée éblouissant soutenu par un florilège musical joué en live, qui va de Schubert à Glenn Miller, en passant par les créations d’AS’N. Autour d’un ring de boxe Ça commence dans un ring de boxe. Des gants gros comme des poings rouge sang jaillissent du ring, seize gros boutons de rose qui virevoltent en arabesque, feu d’artifice d’une promesse d’un combat aussi cruel que sentimental. Un bouquet de force dans un océan de douceur, projeté avec une énergie cosmique. Autour d’eux, assis sur des chaises qui glissent dans le noir et dont les dossiers en fer forgé noir dessinent des courbes infinies, les quatre musiciens du Quatuor Debussy font respirer les danseurs boxeurs à travers une série d’oeuvres classiques ou contemporaines. Christophe Collette, Cédric Conchon, Vincent Deprecq et Marc Vieillefon, violonistes classiques, ne jouent pas dans une coulisse, ils n’accompagnent pas les mouvements chorégraphiques. Ils sont corps et âme partie prenante, mouvante, d’une création qui va tricoter durant un peu plus d’une heure l’amour de la boxe, de la danse hip-hop et de la musique comme vecteur d’émotions. Violence et douceur Sous les auspices de Charlie Chaplin, de Buster Keaton ou des Max Brothers, les artistes en maillot rayé et en caleçon années 20 se muent en athlètes de haut niveau, projetant bras et jambes entre terre et ciel, se ruant les uns sur les autres en une fusion chorégraphique la plus gracieuse qui soit. Roulades, roulis des bras, cisailles de jambes sur des pieds qui gambadent, sautillent, virevoltent. Sur les pizzicati de Franz Schubert, les corps électriques explosent en se frottant aux cordes du ring, puis s’élancent au sol selon une géographie virtuose de hip-hop. Puis, coiffés de casques rouges, c’est un ballet de catcheurs, corps tendus entre violence et douceur, masculin et féminin, qui cognent et se froissent contre des punching-ball rouges sur un « Andante » de Verdi. Le Yin et le Yang, la force et la délicatesse, la modernité et le classicisme sont les deux fils rouges de cette création qui fait exploser les cadres. Ouverture à tous les possibles Mourad Merzouki, directeur artistique du Centre Chorégraphique de Créteil, exprime certes sa passion pour la boxe qu’il pratique sur le plateau comme un exutoire à la violence du monde. Par la beauté et la force des tableaux qu’il propose, ses danseurs, aux corps issus des peintures du Caravage, pétris de sensualité et de souffrance, ou dynamités par des numéros de clown qui vrillent tête en bas sur le plateau, défient les règles et les normes. Le hip-hop ici se maquille de la sueur des boxeurs, la comédie musicale se conjugue à la break danse au son d’un violoncelle, les ballons de salle de boxe tombent en pluie d’étincelles sous les arcs bombés de corps qui ploient avec la légèreté des princesses de contes de fées. Hommes ou femmes ? Ils sont capables des toutes les audaces et de toutes les violences, saisis d’un courant alternatif qui souffle le chaud et le froid. Les transitions musicales sont à ce propos absolument magnifiques, qui ménagent le rythme et la mélodie, Philipp Glass et Maurice Ravel. On vous aura prévenu, c’est un pur bonheur.
[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=fGRRZUilldo[/embedyt] Hélène Kuttner [Crédits Photos © Michel Cavalca] |
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