Lili, une bulle d’innocence proposée par Daniel Mesguich
Lili D’après “Le Desespoir tout blanc” de Clarisse Nicoïdski Mise en scène de Daniel Mesguich Avec Catherine Berriane et Flore Zanni Jusqu’au 9 avril 2017 Tarifs : 10 à 20 euros Réservation en ligne ou par tél. au 01 48 08 39 74 Durée : 1h15 Théâtre de l’Epée de Bois |
Jusqu’au 9 avril 2017 La comédienne et chanteuse Catherine Berriane incarne Lili, idiote, innocente et maltraitée, héroïne dessinée par la plume poète de Clarisse Nicoïdski. Un superbe moment de théâtre pur proposé par le metteur en scène Daniel Mesguich au Théâtre de l’Epée de Bois à la Cartoucherie de Vincennes.
Lili, ange maladroitement tombé du ciel Dans un espace sculpté par nos rêves, dentelles blanches et couettes rose pastel, lits d’enfants en bois ciselé et tapis persans aux teintes rougeoyantes (décor Sarah Gabriel) une adulte enrobée de lin blanc, le visage poupon bordé d’une charlotte couleur de meringue, nous raconte ses aventures familiales. Sa robe tablier bleue à bretelles qui l’enserre prudemment la fait ressembler à Bécassine et dans son ombre, ou dans l’interstice délicat d’éclats de lumière dorée, surgit son double, une conscience clownesque, lutine, grande soeur consciente qui dialogue tout le temps, une heure et quinze minutes, de ce face à face avec le public. Trop plein d’enfance Lili parle drôlement, elle articule bizarrement et dans sa bouche rouge fraise les mots sont déclinés avec la fluidité d’un aveu d’enfant. Elle nous raconte la mort de son père, du chien, et les mots des autres, de sa mère, de sa bonne, de son oncle, de Monsieur le Curé prennent dans sa bouche la saveur crue, spontanée de quelqu’un qui veut les débusquer, y extraire le mystère qu’on veut lui cacher, à elle, l’idiote, la différente, l’inadaptée aux codes sociaux. Le récit de Clarisse Nicoïdski est un joyau de poésie et de puissance littéraire, car il engage un « je » qui ressemble au fou que nous avons tous en nous-mêmes. Limpide et joyeux, coloré, souvent cru, léger ou grave, le texte adapté par le metteur en scène Daniel Mesguich donne à vivre avec une jeune femme qu’on a volontairement écartée de la famille, de la société, pour la reléguer dans un hôpital psychiatrique dans les années 60. Actrices inspirées Dans le rôle de Lili, Catherine Berriane est époustouflante par son incarnation ravageuse et joyeuse, jamais grinçante, jamais caricaturale. Avec son double, jouée par la très jeune actrice Flore Zanni, Lili nous bouleverse car elle revisite avec douceur les lieux secrets des interdits, des souvenirs d’enfance, des questions tabous et des rires tapageurs. Le théâtre seul est capable de cela : nous révéler par une poésie orale, associée à celle des images, les zones d’ombre de notre conscience, à la lumière de notre inconscience, quand l’incarnation, c’est à dire la vie, se fait jaillissement. C’est le cas ici. Hélène Kuttner [Crédits Photos: © Chantal Depagne ] |
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