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La Cruche de Georges Courteline : drôlement lyrique, poétiquement féroce

15 janvier 2017
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La Cruche

De Georges Courteline

Mise en scène d’Henri de Vasselot 

Avec Antonine Bacquet, Agathe Trebucq, Florence Alayrac, Maria Mirante, Martin Jeudy, Marc Valéro, Alexander Swan, Marc Sollogoub et Henri de Vasselot

Jusqu’au 22 janvier 2017

Tarifs : de 11 à 26 €

Réservation en ligne 
ou au 01 45 44 57 34


Durée : 1h20

Le Lucernaire
53, rue Notre-Dame-des-Champs 
75006 Paris

M° Notre-Dame-des-Champs (ligne 12)


www.lucernaire.fr 

 

Jusqu’au 22 janvier 2017

 

L’Envolée Lyrique offre un exceptionnel moment de théâtre populaire et d’opéra burlesque et s’adonne avec délectation aux quiproquos entre jugements de valeurs, secrets et mensonges…
Elle explose cette comédie en 2 actes qui remporte un immense succès au Lucernaire.

Les situations y sont désopilantes.
La force de l’art lyrique consommé et le jeu subtil des comédiens font de la pièce de Courteline pour quelques jours encore un des meilleurs moments de théâtre à Paris de ce début d’année.

Dans La Cruche, le verbe mordant de l’auteur nous entraîne au cœur de situations ahurissantes et fort drôles. Le propos, courtelinesque à souhait, nous montre dans un décor surprenant que Margot est la maîtresse de Laurianne. Camille est la maîtresse de Duvernié. Mais Laurianne, lui, voudrait bien être l’amant de Camille et Duvernié l’amant de Margot et inversement. Vous suivez ?

Henri de Vasselot, metteur en scène, dit du théâtre de Courteline qu’il est enlevé, qu’il est fait pour rire et qu’il représente une peinture piquante des mœurs de son époque. La Cruche fut créée au Théâtre de la Renaissance le 27 février 1909 et entrait au répertoire de la Comédie-Française le 5 février 1919.

La Cruche-23 B Cédric Barbereau RRrrrrAprès vos Cosi fan tutte et Les Contes d’Hoffmann (Prix du Public au Festival d’Avignon 2013 et 2014), pourquoi avoir choisi de monter La Cruche ?

Henri de Vasselot : Courteline utilise le vocabulaire comme une palette aux mille couleurs qu’il applique sur la toile de sa dramaturgie à l’aide du pinceau de la syntaxe. La Cruche est un nuancier de finesse et d’éloquence, de lâcheté et de tendresse, de drôlerie et de burlesque. La pièce est replacée à son époque, on y savoure ainsi les costumes qui décrivent les clivages d’une société peuplée de personnages passionnés, égoïstes, rêveurs, pragmatiques et cruels. Les décors tiennent à la fois de la maison de poupée et de la boîte à musique. Ils sont peints dans l’esprit des tableaux pointillistes et hyperréalistes rappelant que la pièce a été créée en plein carrefour artistique. 

Quelle part accordez-vous au lyrique ?

H. de Vasselot : Des interventions en quatuor vocal ponctuent l’action avec des duos enlevés, des airs de bravoure ou des chansons d’extase. La musique vient vernir le tableau de cette adaptation qui révèle par sa patine ce qu’il reste aujourd’hui de la société des goguettes du début du XXe siècle.

Le théâtre musical est l’objectif que vous vous êtes fixé en créant la compagnie ?

H. de Vasselot : L’Envolée Lyrique est née d’une volonté collective de démocratiser l’art lyrique en restaurant le lien entre théâtre populaire et opéra. Il n’y a pas si longtemps, l’opéra était un lieu d’intrigue et de rendez-vous, son apparat était l’épicentre d’un foisonnement social où se mélangeaient les classes, les âges et les gens. Nous cherchons à recréer cette mixité auprès de notre public en adaptant les œuvres du répertoire, grâce à une troupe d’artistes pluridisciplinaires, chanteurs-comédiens-instrumentistes animés par l’excellence et le partage.

Une troupe ? 

H. de Vasselot : L’Envolée Lyrique reconstitue l’esprit de la Troupe sillonnant les routes de la francophonie avec plusieurs œuvres dans son escarcelle, elle se produit partout où le vent la porte, amenant l’opéra et le théâtre hors les murs avec humour et exigence. Les comédiennes et comédiens, chanteurs et chanteuses lyriques y tartinent une couche de légèreté, y saupoudrent une touche de lyrique a cappella et livrent une profonde satire sociale abordant un thème très actuel : “Pourquoi vivre heureux quand on peut ne pas l’être ?”

La Cruche-173 -C -RRrr Cédric Barbereau

On retrouve bien là le vrai Courteline disparu en 1929 dont Sacha Guitry disait : “Il ne doit rien à personne. Ni à Cervantès, ni à l’humour anglo-saxon, ni même au snobisme. Son génie lui est personnel. Il n’a même pas de comptes à rendre à Molière !”
Car en ciblant la petite bourgeoisie, ses pièces de théâtre croquaient différents milieux, la justice et les tribunaux, les militaires, les situations ridicules des couples, le bourgeois, l’avare. Bref, une description aiguisée des travers de son époque. Son écriture ciselée offrait des dialogues qui ont mis en relief la meilleure façon de faire rire.

On retient un grand moment de théâtre, on ressent avec délectation que l’Envolée Lyrique possède la joie de chanter, le bonheur de vivre et de jouer.
Courteline se prête évidemment à cet échange artistique comme un argument qui aura permis de traverser les époques et renouer avec un théâtre plus subtil qu’il n’y paraît.

Léger, Courteline ? Allez-y donc, on en reparlera !

Patrick duCome

[Photo © Cédric Barbereau]

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