Faits d’hiver : ça danse contemporain à la Conciergerie !
Faits d’hiver Du 12 janvier au 9 février 2017 Réservation |
Du 12 janvier au 9 février 2017 Quand le Festival d’Automne s’achève, c’est bientôt le temps de(s) Faits d’hiver. Ce festival de danse présente aujourd’hui sa 19e édition, fidèle aux principes de son directeur artistique, Christophe Martin : une attention particulière à la composition chorégraphique des spectacles et une ouverture vers tous les styles, toutes les formes. Après quoi, il s’agit tout de même d’un festival consacré à la danse contemporaine. En quoi ressemble-t-il au Festival d’Automne ? Tout simplement parce qu’il se déploie sur de plus en plus de lieux emblématiques de Paris et qu’il s’intègre dans la programmation du Théâtre de la Bastille, du Théâtre de la Cité Internationale, du Tarmac, du Théâtre Paris-Villette, du Carreau du Temple et du Théâtre de Gennevilliers. Sans oublier deux lieux qui sont de toute façon consacrés à la danse, à savoir l’Atelier de Paris sur le site de la Cartoucherie et bien sûr le fief de Faits d’hiver : les studios de Micadanses dans le Marais. Et Christophe Martin, fort de la renommée croissante de son festival, réussit désormais à ouvrir des portes auxquelles nous n’aurions même pas songé. La Conciergerie s’ouvre à la danse Enfin, non. Il n’est pas un magicien. Mais il sait trouver des partenaires aux pouvoirs particuliers, puisque bien branchés avec les pouvoirs publics. Faits d’hiver s’associe à l’opération Monuments en Mouvement. La connaissez-vous ? Le Centre des Monuments Nationaux, qui gère une centaine de joyaux du patrimoine (Panthéon, Arc de Triomphe, Basilique de Saint-Denis, châteaux…), invite la création chorégraphique dans ces murs historiques. Dans la Conciergerie, une salle immense de plus de 1000 m2 sera investie par le chorégraphe Yvann Alexandre, 11 danseurs professionnels et un groupe d’amateurs, sous le titre Les Fragments mobiles. Dans un spectacle rapide et fragmenté, l’interprète agira comme une machine à révéler l’espace. Une minute de danse par jour La danse mène à tout. Prenez ce drôle de manifeste personnel dans lequel s’est lancée Nadia Vadori-Gauthier, performeuse, chorégraphe et docteur en esthétique de l’Université Paris 8. Deux ans déjà ! Car depuis janvier 2015, elle se filme où que ce soit, pourvu qu’elle danse. Partout en France, chaque jour, elle sort sa caméra et se filme en dansant, pendant une minute. “Une minute de danse par jour”, c’est son manifeste pour la vie et pour l’intelligence, c’est l’idée qui lui est venue suite au massacre chez Charlie hebdo. Les uns ont peint sur les murs, elle, elle danse dans l’espace public, seule ou avec ceux qu’elle rencontre sur place. Faits d’hiver lui offre une soirée spéciale. Elle le mérite, largement. Et tant de pistes de danse… Au Carreau du Temple, Thomas Lebrun, directeur du Centre Chorégraphique National de Tours, présente sa dernière création : Les Rois de la piste. Une excursion dans nos envies cachées, celles qui se libèrent quand on se lance au gré des rythmes et des décibels, et surtout, sous le regard des autres. Au fil d’un clubbing imaginaire et métaphorique, Thomas Lebrun dépeint nos vanités, nos différences et nos phantasmes, comme jadis Ettore Scola dans Le Bal. Et il prévient : “Il y aura des pacotilles, des chemises ouvertes, des chaînes en or qui brillent…” La danse mène à tout, et surtout à soi-même. La chorégraphe Sarah Crépin se souvient de son enfance : “J’étais une Indienne qui arrivait d’un ailleurs très lointain…” Un rêve, un refus : “Mon monde indien, anéanti par la sacro-sainte raison qui veut que l’on ne mente pas, n’a pas disparu.” Au contraire, il ressurgit avec une force incroyable. Deux danseuses amazones sioux, tout juste vêtues de quelques plumes, leur image démultipliée par un dispositif à miroirs. Le public s’installe face à elles, calmement, en transat. Pas besoin de fumer de l’herbe, c’est tout comme… Ça s’appelle Monstres indiens et ça montre que la danse reste l’art le plus vivant et le plus imprévisible. [embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=u7Qzwv7sPso[/embedyt] … et d’ailleurs… Le Tarmac, scène dédiée à la création francophone et ouverte à la danse, est tout naturellement le lieu où on verra le chorégraphe tchadien Yaya Sarria dans Yadou, où il rend hommage aux Peuls par une danse qui réinterprète le quotidien et les cérémonies de mariage, d’initiation et autres événements clés comme la récolte ou le baptême. Face à cette agitation prévisible, la danse de Myriam Gourfink, qui jette un pont entre l’Occident et l’Asie. Ce pont, c’est le yoga. Mais attention ! Pas un effet de mode, mais une recherche profonde, menée depuis une vingtaine d’années autour du souffle et de la fluidité du mouvement qui en résulte, dans un ralentissement extrême du mouvement, et la possibilité de changer le regard du spectateur. Quand on ne suit pas une suite de mouvements, mais un seul mouvement, ralenti mais ininterrompu, on se met à observer chaque détail. On entre alors dans un monde inconnu, comme si on plongeait dans les fonds marins, et on découvre une complexité fascinante des micro-constellations qui se produisent entre les danseurs. Pourtant, selon nos critères habituels, ils ne font que traverser la scène. Pour que les interprètes puissent créer, au ralenti, des mouvements a priori possibles uniquement dans l’énergie de la vitesse, il leur faut passer par une préparation psychique, mentale et corporelle toute particulière. Gourfink sait discourir sur des “effets de levier dans le corps” et “l’effondrement du sternum”. Le spectateur, lui, est tout simplement absorbé. Elle crée Amas pour 9 interprètes féminines en ouverture de Faits d’hiver, au Théâtre de Gennevilliers. THomas Hahn [Photo 1 © F. Lovino / Photo 2 © Fabrizio Clemente / Photo 3 © E.C. / Photo 4 : Jean-Claude Muaka / Photo 5 : Myriam Gourfink et Véronique Weil] |
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