Marivaux en campagne à la Comédie Française
Le Petit-Maître corrigé De Marivaux Mise en scène de Clément Hervieu-Léger Avec Florence Viala, Loïc Corbery, Adeline d’Hermy, Pierre Hancisse, Claire de la Rüe du Can, Didier Sandre, Christophe Montenez et Dominique Blanc En alternance à 20h30 ou 14h Tarifs : de 5 à 41 euros Réservation en ligne ou par tél. au 01 44 58 15 15 Durée : 2h05 sans entracte Comédie Française, salle Richelieu |
Jusqu’au 26 avril 2017
Un vent frais souffle sur le Théâtre Français. Alors que se reprend l’excellent « Misanthrope » dans sa mise en scène inspirée avec Loïc Corbery, Clément Hervieu-Léger monte une pièce inédite de Marivaux, qui n’avait été jouée que deux fois dans ce même théâtre depuis sa création. Sur une lande de terre fouettée par le vent s’ébroue un quatuor de jeunes gens, dont les hommes, citadins snobs de Paris, cherchent à en mettre plein la vue aux demoiselles qui ne sont que provinciales. Derrière cette fable à l’humour cruel et précieux, le chef d’oeuvre d’un moraliste amoureux de l’amour. Un inédit de MarivauxC’est dans une esthétique d’époque que renaît cette pièce coquine de Marivaux qui raconte les aventures de Rosimond, jeune homme bien né incarné par Loïc Corbery, de retour dans son château familial en province pour y être présenté à Hortense, que joue Claire de la Rüe du Can, un bon parti selon sa famille. Les deux jeunes gens se jaugent, s’évaluent, se parlent, mais Hortense est piquée au vif par l’attitude détachée de son jeune promis qui joue avec la bienséance en ne lui réservant pas les compliments d’usage. Mondain, fat et narcissique, ce « petit-maître » est épaulé par son suivant Frontin qui l’imite comme un singe dans le snobisme et le dédain des femmes. Des maîtresses-femmes Des femmes naît la fronde. Marton, suivante d’Hortense, décoche ses flèches en véritable féministe qui déshabille les hommes de leur parure prétentieuse. Adeline D’Hermy donne à cet égard à son personnage un mordant et un piquant savoureux, faisant exploser la verve tonique de la servante pour servir un propos dévastateur sur les mondains. La cuisse leste, le verbe haut et la langue bien pendue, Marton est le véritable pilier de la pièce tant elle déboulonne tous les faux semblants de ces petits maîtres qui martyrisent les âmes sentimentales à force de ne montrer aucun sentiment. Et quand Dorimène, jeune beauté venue de Paris pour épouser « son » Rosimond débarque sur ces terres broussailleuses, Marton et Frontin, alertés par l’imposture, lui font une vie d’enfer. Des comédiens savoureux Florence Viala, irrésistible dans une robe écarlate d’un chic incroyable (costumes sublimes de Caroline de Vivaise), nous régale avec une Dorimène impérieuse et possessive, caricature de la précieuse méprisante et hautaine. Dans le rôle de Frontin, éduqué par son double féminin Marton, Christophe Montenez est épatant de sincérité et de présence naïve. Dominique Blanc et Didier Sandre campent respectivement les parents des fiancés, pressés de conclure leur marché conjugal dans ce décor fouetté par le vent, aux hautes herbes et terrain rocailleux (scénographie d’Eric Ruf) où viennent buter les bottines des jeunes parisiens. La lumière de Bertrand Couderc balaie l’espace d’un ciel clairsemé de nuages, alors que les cintres de la machinerie découvrent l’artifice du théâtre. On aimerait de temps en temps que les comédiens virevoltent moins et prennent le temps d’un discours plus posé, pour que nous puissions en saisir la savoureuse finesse lexicale. Mais l’heure est à la fantaisie des corps et aux courses folles dans les champs de fleurs, les mots battent aussi vite qu’un coeur qui s’emballe. Rien de plus dur, décidément, que d’avouer son amour, nous répète délicieusement Marivaux. Hélène Kuttner [Crédits Photos : © Vincent Pontet, Comédie Française] |
Articles liés
“Chantier” : un projet artistique de Yann Kebbi dans la galerie Valois, métro Palais-Royal – Musée du Louvre
La Fondation Cartier et la RATP dévoilent un projet inédit de l’artiste Yann Kebbi, “Chantier”, dans lequel il fait dialoguer son travail avec les alcôves de la galerie Valois, située dans la station de métro Palais-Royal – Musée du...
“PARiS TONKAR” : La réédition du livre culte sur le graffiti parisien par Tarek !
Premier livre français et européen consacré au graffiti, “PARiS TONKAR” est un ouvrage de référence depuis 1991. Plus de 30 ans après sa parution, Tarek, l’auteur, a décidé de ressortir une édition anniversaire, avec plus de 250 photographies et...
Prolongations du spectacle “Jovany et le dernier saltimbanque” à La Scène Parisienne
Quand on pousse la porte d’un théâtre, souvent on s’attend à rire. Quand on s’assoit dans la salle de Jovany, croyez-moi personne ne peut s’attendre à ça ! Un tourbillon de gags, d’imitations, de punch-lines pour un voyage dans...