À Chaillot, le flamenco tombe du ciel
Caida del cielo De Rocío Molina Mise en scène de Rocío Molina et Carlos Marquerie Avec Rocío Molina (danse), José Ángel Carmona (chant), Pablo Martín Jones (percussions, musique électronique), José Manuel Ramos “Oruco” (palmas), Eduardo Trassierra (guitare) Du 3 au 11 novembre 2016 Tarifs : 8-35 € Réservation en ligne Durée : 1h20 Théâtre National de Chaillot M° Trocadéro |
Du 3 au 11 novembre 2016
Rocío Molina est-elle la Rosa Luxemburg du flamenco ou son ange (déchu) ? Artiste associée à Chaillot, elle est. Et il a fallu attendre jusqu’au dernier moment pour connaître le titre de sa nouvelle création : Caida del cielo – Tombée du ciel ! Où elle va introduire un élément que cette danse, pourtant si tellurique, ignorait totalement : la chute ! Rocío Molina n’a pas d’égal quand il s’agit d’ouvrir de nouvelles fenêtres dans la “maison flamenco”, de creuser de nouveaux tunnels ou de la repeindre… Ou si : Israel Galvan, dont elle est la sœur d’esprit. Dans Caida del cielo, Molina explore le silence (mais un groupe de musiciens est bien présent et jouera) et accentue les contrastes : force/fragilité, lumière/obscurité, musique/silence.Molina creuse la culture flamenca jusqu’à arriver au code source. Sa connaissance du flamenco est si profonde qu’elle peut voyager à l’infini sans quitter ses terres d’origine. Qu’elle danse le rock’n’roll ou le sabar, elle restera parfaitement flamenca. On commence à comprendre qu’avec elle tout peut arriver, qu’elle est prête à aller sur tous les terrains. Les milieux traditionalistes savent depuis longtemps qu’ils ne pourront plus rattraper cette incroyable révolutionnaire, plus libre que toutes les danseuses flamencas qui l’ont précédée. Mais heureusement, les fondamentalistes n’ont pas le pouvoir à Séville. Rocío Molina est libre comme le vent et elle en profite, à bon escient. Il faut un peu se méfier quand quelqu’un est annoncé comme le dernier séisme de tel ou tel art. Molina n’est pas la première révolutionnaire du flamenco. Mais elle sait ce qu’elle veut. Et ça vaut de l’or. Elle est libre, ne s’enferme dans aucun dogme. Beaucoup de solistes flamencos aiment se regarder danser. Pas Molina. Elle s’adresse à l’autre, jamais à elle-même. Qui est-elle ? En tant que fille d’une danseuse classique, Molina est sans doute plus libre que la plupart des novateurs du flamenco, généralement issus de la pure tradition sévillane. À travers le flamenco, elle sait tout évoquer, du jazz au baroque, du hip-hop au butô. Elle peut donc explorer d’autres pistes et sauter d’un extrême à l’autre, de l’épure totale comme dans Danzaora y Vinatica au paysage dense et impénétrable de Bosque Ardora, deux de ses créations précédentes. Caida del cielo sera une pièce en deux parties, opposées mais bien sûr liées. Dans la première, la danseuse sera seule dans l’espace, un espace blanc et immaculé par ailleurs. Dans la seconde, elle sera accompagnée des musiciens, dans un espace noir. C’est là qu’elle passera du zapateado à un contact du corps entier avec le sol. Quand on connaît Molina, on sait qu’elle ne simulera pas et qu’elle jettera son corps dans la bataille. Quelle bataille ? Les enfers de Dante ou Le Jardin des délices de Jérôme Bosch, une lutte symbolique entre le bien et le mal prendront possession du corps de Molina. Thomas Hahn [Photos © Pablo Guidali] |
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