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Soft Spot, une exposition de Jessica Lajard – La traverse centre d’art contemporain

20 juin 2016
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Soft Spot, une exposition de Jessica Lajard

Du 7 juin au 2 juillet 2016

Entrée libre

CAC – LA TRAVERSE
Centre d’art contemporain d’Alfortville
9, rue Traversière
94140 Alfortville 

http://cac-latraverse.e-monsite.com

Jessica Lajard - Somewhere where the grass is greener - 2015 - ceüramique biscuit et eümailleüe porcelaine eümailleüe patchwork de-ávelours bois et laine - dimensions variables - courtesy the artist copieDu 7 juin au 2 juillet 2016

 

Lors d’une conversation parue en 1966 dans le magazine Art Forum, Claes Oldenburg, l’artiste pop américain, initiateur de sculptures pâtissières monumentales et molles, disait vouloir « transporter l’œil dans les doigts ». On trouve beaucoup de doigts chez Jessica Lajard. Employés comme des figures métonymiques, souvent hypertrophiés, ils évoquent une réalité de la matière et du toucher indissociable de la pratique de la céramique et du plaisir sensuel qu’elle apporte.

 

À travers ce motif, Lajard revisite également la colonne (ou la torsade), dont les évolutions et la valeur paradigmatique ont fait l’histoire de la sculpture et de l’architecture. Elle explore ce que l’érection ou l’affaissement d’un objet peut lui ajouter de vital, d’organique ou de grotesque. Dans une installation présentée au salon de Montrouge, en 2014, Love birds, deux doigts d’une hauteur d’un mètre quatre-vingt sont les protagonistes d’une romance tropicale. Ils s’enlacent tendrement, comme un couple d’amoureux. Leur balancement évoque celui des palmiers s’inclinant pour rechercher la lumière, stimulés par leurs hormones.

En sculpture, le passage de la verticale à l’horizontale marque aussi tout l’art de l’informe moderne. Avec un sens certain de l’ellipse, Hangover évoque une débandade : il est un décor passé à la moulinette, vomi sur le squelette d’un transat. De façon plus métaphysique, Where is the icosahedron? adresse une curieuse question au visiteur placé devant onze variations d’un modèle
de construction en bois, structurellement proche de l’œuf au plat, et dont le jaune a pris la forme
d’un solide géométrique. Cette absurde interprétation de l’informe semble parodier les jeux de
construction éducatifs « liant formes de la nature (ou de la vie), formes de connaissance (géométrie, mathématiques et sciences) et formes esthétiques (art) »1.

L’origine du monde


La contrainte physique et technique de manipulation de la matière appelle une pensée de la forme et de ses possibles dérivations fictionnelles. Lajard dit ainsi ressentir l’effet d’un dialogue entretenu avec la matière qui, si elle se plie à ses doigts peut également lui résister, ou réagir d’une façon imprévisible qui en infléchira l’apparence finale. Lorsqu’elle pratique le moulage, l’histoire est autre. La logique du négatif et du positif qui en sous-tend le processus introduit chez elle un humour basé sur ce que l’interprétation la plus simple possible d’un objet pourrait donner. Elle entre dans une analyse plus réfléchie de la forme comme elle s’adonnerait à un jeu avec des règles bien définies. En résidence à Limoges, ville mondialement connue pour sa porcelaine blanche, Lajard a réalisé une série de modules cylindriques décomposant le corps humain en deux unités complémentaires et presqu’identiques : la tête et le tronc. Leur similitude et leur principe d’emboîtement appellent l’imaginaire à étudier tout l’éventail de leurs combinaisons. On est en pleine réduction à des formulations géométriques et démultiplication infinie en série, dans l’esprit de l’art minimal.

Ce parti-pris esthétique se conjugue avec les origines industrielles de la porcelaine et sa blancheur. Eye candy, le titre de l’œuvre, synthétise efficacement le raccourci de l’œil et du toucher qu’elle suggère. Les parties amovibles, des pointes de chantilly, obstruent les organes faciaux des robots et coiffent d’un gland crémeux le cylindre planté sur les modules-tronc. (…) Un appétit de conquête et d’appropriation du banal traverse l’œuvre de Jessica Lajard. En s’affranchissant des limitations de la culture, de l’esthétique et du goût, elle atteint ces émanations d’une énergie à l’œuvre que sont la vitalité et l’humour.

 

[source du texte et crédit visuel : communiqué de presse]

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