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Le Songe d’une nuit d’été : sublime spectacle musical qui touche à la beauté

10 juin 2016
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Un songe d’une nuit d’été

De William Shakespeare

Mise en scène de Antoine Herbez

Avec Laetitia Ayrès, Ariane Brousse, Victorien Disse, Jules Dousset, Francisco Gil, Ivan Herbez, Orianne Moretti, Alice Picaud, Marie Salvat, Maxime de Toledo

Jusqu’au 1er juillet 2016
mardi, vendredi et samedi à 20h30
mercredi et jeudi à 19h00
matinée samedi à 16h00

Tarifs: de 5€ à 25€

Réservation au théâtre ou par tel au 01 45 45 49 77

Théâtre 14
20 avenue Marc Sangnier
75014 Paris
M° Porte de Vanves

theatre14.fr

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Antoine Herbez démontre qu’il a parfaitement intégré ce que la musique baroque pouvait apporter à la comédie féerique de William Shakespeare, adaptée ici par Wajdi Lahami.

Sa mise en scène est très délicate, sa direction d’acteurs-danseurs-chanteurs-musiciens très enlevée. Son idée maîtresse a été de rendre justice à cette actrice qu’est la musique baroque, interprétée en spectacle vivant par d’excellents musiciens, sur des airs empruntés à The Fairy Queen de Purcell.

Dix excellents artistes interprètent ce texte universel et cette sublime musique. Ils nous invitent ainsi à ouvrir une porte qui donne sur un univers merveilleux. Un régal !

visuel_songe_2Ceux qui auraient oublié les aventures d’Hermia, de Lysandre, d’Helena et de Démétrius, perdus dans une forêt enchantée où vit le monde des elfes autour d’Obéron et de Titania, roi et reine des fées, il faut leur rappeler que pour un mariage arrangé par son père, quelque dieu grec à cheval sur les principes, Hermia (Laetitia Ayrés), sa fille, qui en désire un autre, ce brave Lysandre (Ivan Herbez) et non pas cet horrible Démétrius, fuit avec son amant (toujours Lysandre) à travers les bois qui jouxtent la ville. Demetrius (Jules Dousset) qui revendique légitimement la belle qui lui est promise par la loi suprême, pourchasse le couple. Quant à Helena ( Ariane Brousse), amoureuse éconduite, en mal d’amour pour Démétrius qui n’en a cure, elle le suit dans cette errance amoureuse émaillée de disputes, de quiproquos et de poursuites.
Les quatre amants se perdront dans une forêt peuplée de fées et d’esprits sur lesquels gouvernent la reine Titania (Orianne Moretti) et le roi Oberon (surprenant Maxime de Toledo), eux-mêmes en pleine crise de couple.

Tout ce ramdam parce que le roi Obéron a eu l’idée saugrenue d’envoyer son sbire, le lutin Puck ( Franscisco Gil), chercher une fleur magique. Il suffirait de presser un peu de son suc sur les yeux d’un dormeur pour l’obliger à tomber amoureux du premier être aperçu à son réveil.

 

Parce qu’Oberon veut lui-même agir sur Titania, tout bascule dans un étourdissement lyrique, féerique et magique puisque Puck, chef des lutins, est décidément trop maladroit


Un voyage musical dans le temps

Pour The Fairy Queen, sa composition donnée fin XVIIème avec un livret qui était une adaptation anonyme de William Shakespeare, Henry Purcell n’avait pas mis la totalité de Shakespeare, composant la musique pour les mascarades courtes dans chaque acte.

 

Le texte parlé demeure comme Shakespeare l’a écrit.
Le spectateur fera un double bond : il se retrouvera le 2 mai 1692 au Théâtre de la Reine à Londres ou bien encore en juillet 2009, deux mois avant le 350e anniversaire de la naissance de Purcell, lorsque le The Fairy-Queen a été réalisée dans une nouvelle édition, pour le Royal Albert Hall.

Le théorbe et la guitare baroque de Victorien Disse ( de l’Ensemble Mitis ) , le violoncelle d’Alice Picaud (du quatuor Métamorphoses, également pianiste et directrice d’orchestre) forme avec le violon de Marie Salvat (comédienne, également chanteuse lyrique alto – quatuor Agora, Royal College of Music à Londres) un ensemble musical de premier ordre tant le son est bien celui que l’auditeur exigeant attend de l’instrument baroque « nimbé de lumières mystérieuses dans des perspectives surnaturelles. »


[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=pXTQmluaTa8[/embedyt]

Antoine_Herbez_portraitQuestions à Antoine Herbez, metteur en scène.


Ce comédien a créé la «Compagnie Ah.» « parce que la mise en scène s’est justement imposée à lui «comme une nourriture complémentaire et essentielle.» nous dit-il.

 

 

 

Artistik R : Vous dites que se plonger dans Shakespeare est un défi considérable. Comment l’avez-vous abordé ?

– Antoine Herbez: Voilà effectivement un défi, mais en contrepartie, c’est un bonheur absolu. Je revendique cette part d’inconscience et de rêve qui consiste à se lancer dans le Songe d’une nuit d’été. J’aime cette pièce, je l’ai toujours aimée. J’aime l’œuvre d’Henri Purcell. Avec eux, tout devenait possible. Le baroque est libre, cette expression musicale permet tout. C’est presque construit comme le rock’n roll. La musique «barock» couvre les sentiments, l’amour, la féerie poussés jusqu’à leur paroxysme 

C’est naturellement par la musique que j’ai abordé la mise en scène.

Quel a été votre fil conducteur ?

– J’ai appréhendé la pièce en supprimant les passages dans le texte original qui concernent les artisans. L’œuvre s’écourtant, je me suis concentré sur les jeux de l’amour, multiples et éternels, excessifs et dissonants, qui sont au cœur de cette comédie.
J’aime pousser les choses jusqu’au bout.

– Jusqu’au bout?

– Jusqu’à l’expression finale que je perçois. Dans le Songe, le bouquet final est l’amour régénéré. Il fallait aller vers un monde épuré, un environnement immaculé pour qu’il s’impose. C’est un parcours initiatique pour tous.
J’ai poussé quatre pauvres mortels dans le chaos de la forêt dans une désarticulation totale jusqu’à cet épique combat final, véritable et réelle bagarre qui marque un paroxysme : l’anarchique feu d’artifice de quatre adolescents victimes des esprits joueurs et du cocasse Puck, tellement maladroit.

Avec cette belle composition baroque de Purcell

– Dans ce monde, la musique de Purcell fait vivre la magie de cette forêt, le temps d’une nuit d’été. C’est elle qui fait se mouvoir les arbres, apparaître le brouillard et rosir la lune argentée. Elle est le bruissement des ombres des êtres surnaturels dont le son des instruments et les voix lyriques s’élèvent haut dans le ciel ;
Cette musique si poétique est devenu mon guide et mon langage du merveilleux…(sic !)

Patrick DuCome

[Portrait Antoine Herbez : © Lou Sarda]

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