Céline et Proust par Les Possédés à la Bastille
Voyage au bout de la nuit et Le Coup droit lifté D’après Céline et Proust Mise en scène de Rodolphe Dana et Katja Hunsinger Avec Katja Hunsinger, Rodolphe Dana, Antoine Kahan et Marie-Hélène Roig Jusqu’au 19 février 2016 À 19h30 et 21h Tarifs : de 14 à 24 € pour un spectacle, de 26 à 36 € pour les deux Réservation en ligne Durée : 1h50 et 1h15 Théâtre de la Bastille M° Bastille ou Bréguet-Sabin |
Jusqu’au 19 février 2016
Le Voyage au bout de la nuit de Céline et Du côté de chez Swann de Marcel Proust : deux auteurs majeurs du XXe siècle accompagnent ce nouveau projet du Collectif Les Possédés visibles à la suite au Théâtre de la Bastille. Avantage Céline. Dana plus qu’humain dans la langue de Céline En blouson de cuir brun, avec la moustache brune des prolos du début du XXe siècle, Rodolphe Dana se met dans la peau du Bardamu de Céline, son double romanesque. La rudesse poétique de la langue célinienne, sa manière de colorer le monde avec l’ironie cinglante d’un désespoir assumé, son refus de la guerre et des ses absurdités deviennent un terreau vivant dans le corps de Rodolphe Dana. Sans céder au lyrisme ou au pathos, Dana joue à fond la candeur, la sincérité d’un naïf qui s’engage en 1914 comme ses camarades, pour la patrie. Ce qu’il découvre au travers de la hiérarchie militaire, la violence et la bêtise des gradés, puis les charniers de cette boucherie mondiale le poussent à traverser l’Atlantique où il découvre en New York une ville verticale avec des hommes scotchés au dollar. Avec comme simple décor des tables métalliques qui font office de couchette ou d’immeubles, géographie d’acier où circule Bardamu, entre le feu du combat des Ardennes et le travail à la chaîne dans les usines Ford. Trois doubles de Marcel Proust dans Le Coup droit lifté C’est à un roman de l’insomnie que nous invite Marcel Proust en 1913 avec Du côté de chez Swann, premier tome qui inaugure une œuvre totale, véritable révolution littéraire du XXe siècle. Le narrateur part à la recherche de ses souvenirs qu’il met en forme à la faveur d’une mémoire involontaire pour s’apercevoir que cette recréation des épisodes de sa vie, qu’il passa en grande partie couché, était en fin de compte une fiction artistique bien plus intéressante que la vie. Katja Hunsinger, Antoine Kahan et Marie-Hélène Roig, dans la pénombre d’une intimité sonorisée, se saisissent des extraits les plus connus de ce premier tome, comme l’épisode de la Madeleine ou l’attente du baiser de la mère du narrateur avant le coucher. Malgré le jeu picaresque et expressionniste d’Antoine Kahan dans sa peinture d’un notable ridicule, l’ensemble est trop sage pour transfigurer l’écriture sophistiquée de Proust, même si son génie nous est rendu sensible par l’émotion qui s’en dégage. Ou peut-être ce spectacle a-t-il encore besoin d’être rodé. Céline a donc l’avantage ici sur Proust. Hélène Kuttner [Photos © Jean-Louis Fernandez] |
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