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Charivari – Un projet de Lucas Rullier et Clémence Terrier

4 février 2016
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Charivari - court-métrage de Lucas Rullier2

Charivari

Réalisé par Lucas Rullier

Produit par Clémence Terrier

Pour soutenir le projet :
ww.touscoprod.com

James vingt-huit ans, est connecté en permanence, le virtuel fait partie intégrante de sa vie. En l’espace d’une nuit, il va prendre conscience de la superficialité de ce monde fragile et éphémère où tout est susceptible de basculer. Perdu entre ses rêves de liberté et sa réalité ultra-conformiste, il va devoir choisir.

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Une histoire d’une époque

Le terme charivari vient illustrer l’incertitude, le « joyeux bordel » sonore et visuel dans lequel est plongé ma génération à travers les internets actuels. Cette dernière a du mal à se projeter dans le futur et à exister dans le présent, elle tente de se frayer un chemin à travers la jungle de la modernité.

Niveau social, capacité à s’adapter aux lois du marché, facteur chance; les paramètres à prendre en compte sont nombreux lorsqu’il s’agit d’atteindre les critères de réussite établis par notre société. Le titre du film vient donc pointer du doigt ce désordre organisé qui régit le monde d’aujourd’hui.

Là où la concurrence est reine et où les Hommes en devenir se retrouvent piégés dans un élitisme souvent écrasant. Là où le virtuel fait souvent le lien avec un narcissisme en mouvement continu, il faut par tous les moyens trouver sa place. C’est dans cette course à l’existence qu’est lancée notre merveilleuse jeunesse. Celle, qui, aveuglée par cette nécessité d’ «être» s’en détourne vers celle de l’ «avoir» et s’obstine dans cette voie de la majorité.

Charivari - court-métrage de Lucas Rullier 1Visuel épuré d’une esthétiquepublicitaire détournée

Le protagoniste, James, né au début des années quatre-vingt, baigne dans une culture de « l’avoir », caractéristique de cette société d’ultra-consommation. Issu d’une famille aisée, il travaille dans une société produisant du contenu publicitaire où les outils virtuels sont utilisés en permanence. Pour incarner James à l’écran, Lucas Ruiller aimerait développer une image très propre qui reprend les codes de la publicité. Plus globalement, une vision de la photographie qui se compose d’une majorité de plans fixes et de scènes nocturnes.

L’éclairage et la lumière de façon plus générale, seront principalement artificiels. L’usage de projecteurs et de gélatines habituellement réservés au milieu du spectacle seront privilégiés pour les scènes de fêtes et les intérieurs afin de marquer le côté surréaliste ou imaginaire de certains moments et permettant ainsi de jouer avec les codes « usuels » de l’éclairage.

Lucas Ruiller souhaite démontrer l’artificialité de cet univers souvent creux. Utiliser une esthétique sobre et épurée, permet de mieux servir le propos de la voix-off. Il s’agit en quelque sorte de « retourner le gant » afin d’en montrer les coutures et de proposer au spectateur une lecture différente du monde qui l’entoure.

Charivari - court-métrage de Lucas Rullier3Sur Fond d’irréel Onirique

Le film se construit autour d’un effet de lenteur qui développe progressivement son rythme à mesure que la tension dramatique prend corps. Il y a l’idée d’un sentiment mélancolique qui se développe autour du personnage, il essaie de retenir le temps qui lui échappe. L’utilisation de sources de lumière colorées développera un fort contraste dans le but de créer un décalage entre le propos de la voix off et les actions du protagoniste.

Lucas Ruiller aimerait apporter une vision onirique et surréelle des actions du personnage afin de faire le lien avec la question du virtuel et donner le sentiment d’un décollement du réel au coeur de son quotidien. La majeure partie du récit s’accroche à cette idée de donner à voir de l’imaginaire et du métaphorique.

La Voix-Off comme Pamphlet Poétique

Les images s’enchaînent suivant un rythme musical et ce en partie grâce à l’usage d’une voix off. Elle vient ponctuer le récit et lui donner toute sa consistance. Elle déplore par instants et percute à d’autres. Il y a, à travers le ton et le langage employés, l’envie d’impliquer le spectateur en l’interrogeant directement. L’usage du « tu » lui tenait à coeur : il vient le chercher pour l’intégrer complètement à l’histoire.

Le vocabulaire, bien que cru se veut juste et approprié compte tenu des publics décrits. On pourra ainsi relever l’utilisation de nombreux néologismes propre à la génération du protagoniste et souvent en rapport avec l’omniprésence des nouvelles technologies.

La voix donne le ton et l’intention des émotions de chaque scène à des temps précis. Elle offre finalement à James la possibilité de s’interroger sur sa propre existence et la futilité de celle-ci. En tant que créateur d’images “virtuelles”, dans son sens le plus large, il porte évidemment la responsabilité de la déshumanisation de ses propres rapports à l’autre.

La voix-off, présente toute au long du film, pourrait finalement être perçue comme une conceptualisation de son subconscient qui, s’adressant à lui, tente en quelque sorte de le sauver. C’est finalement autour de cette idée que s’articule cette confrontation entre le sonore et le visuel.

[Crédit Photos : photos du décor de “la piscine” utilisé pour une séquence de rêve; photos de la salle panoramique de la Maison de la Radio, utilisée pour la séquence de rêve dans du “bureau”]

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