Exposition Accueille-moi paysage – galerie Marcelle Alix
Exposition Accueille-moi paysage Œuvres de Nina Canell, Mark Lewis, Helen Mirra, Gyan Panchal Du 4 février au 9 avril 2016 Vernissage le 4 février 2016 de 18h au 21h Entrée libre Galerie Marcelle Alix |
Du 4 février au 9 avril 2016
« Accueille-moi paysage » est l’accrochage d’une partie d’une collection idéale, reflétant un art dont les formes sont comme libérées d’une pesanteur typiquement humaine. Il nous semble que Nina Canell, Mark Lewis, Helen Mirra et Gyan Panchal pratiquent un art désintéressé et c’est sans doute pourquoi ce qui les entoure, et ce qu’il y a de plus incontrôlable, peut devenir allié, partenaire et même complice à la réalisation d’une œuvre. En étreignant l’espace et le temps, peut-être les artistes sont-ils les mieux placés pour obtenir ce qu’ils désirent : une tempête de neige à filmer au bon moment, une mue symbolique, la matérialisation d’un vide inattendu, ou encore l’idée d’un carnet de voyage qui serait tour à tour celui de l’entomologiste, du poète ou de l’anachorète. CB: « Nous vivons encore sous le règne de la logique… ». Les mots d’André Breton semblent nous narguer éternellement. Ils nous font réaliser qu’il appartient toujours aux artistes de transformer cette vision d’un monde répertorié et fini pour lui opposer des phénomènes extravagants, soit : une matière poétique organisée et exploitée de telle façon qu’elle remette en question nos certitudes. Cette exposition collective, nous l’envisageons il me semble comme un antidote à une responsabilité qui n’engagerait que l’artiste: celle de défaire les catégories habituelles pour forcer l’idée d’un continuum à travers lequel des lois inconnues fabriqueraient un système de circulation fluide entre les êtres et les choses. Je crois que le mot poreux me paraît le plus approprié pour vanter le système très impur et aussi très horizontal qui anime ce projet. L’idée de peindre des vêtements sur soi (Gyan Panchal) ou celle de créer des frottages (Helen Mirra) pour raconter une marche dans le paysage rejoignent et valorisent une vision en fondu (enchaîné) à travers laquelle une chose n’est jamais seule, mais appelle un tout et peut-être son contraire en même temps. IA : je suis très sensible à ce que tu décris, à cette idée d’un continuum entre le corps de l’artiste, l’œuvre et l’espace naturel, un continuum qui existe souvent aussi entre l’œuvre et l’espace d’exposition. Le carrelage de la galerie est depuis six ans un « acteur » majeur de nos expositions. Ici, il agit comme toile de fond pour la grande œuvre en plexiglas de Nina Canell. Faire en sorte que le motif et le fond ne fassent plus qu’un était l’un des objectifs de l’art moderne, je pense à Vuillard ou à l’abstraction. Et c’est comme si, par une pensée très contemporaine de dé-hiérarchisation des choses, de transition de l’animal au végétal à l’humain à l’objet fabriqué, on revenait aux « classiques » qui nous sont chers. J’aime cette idée d’une boucle infinie qui nous pousse toujours à retourner vers ce que l’on a aimé au début, passionnément, sans comprendre ce qui nous touchait. Réévaluer mes premières amours avec les critères qui sont les miens aujourd’hui, et les trouver toujours aussi belles et encore plus stimulantes me procure un infini plaisir. Je crois que c’est ce qui nous rapproche et donne à Marcelle Alix son goût si « classique » dans un sens, ce goût pour des artistes qui sont déjà des classiques. C’est ainsi notamment que je vois le travail de Nina Canell dans son rapport à l’espace, comme celui de Mark Lewis dans son rapport à la peinture. CB: J’ai le fantasme de projets à la galerie qui puissent me rappeler mes meilleurs moments d’expositions, ceux que je garde précieusement à l’esprit lorsqu’il me semble que ce continuum dont nous parlons s’exprime librement et ouvertement, encouragé par l’intensité de certaines rencontres. Il m’est toujours très agréable de promener mes yeux dans des musées qui ont un vrai sens de la mise en scène, de celles qui font confiance aux espaces entre les œuvres et à ce qui peut se produire, par exemple, entre un tableau, une chaise, un bibelot, une fenêtre et un dallage particulier. Les musées anglais font des prouesses dans le genre, mais c’est le charmant Musée de la Vie Romantique à Paris qui récemment me rappelait cette ébouriffante touche anglaise. Le geste de déposer des chardons sur une chaise ou le rebord d’une cheminée dépasse largement son rôle d’interdiction pour devenir une manière de prolonger le tableau. Ces petits chardons donnent de la valeur à quelque chose qui n’agit pas au même plan que le reste, mais qui en fait partie, qui se retrouve englobé, assimilé et esthétiquement encourageant. Dans cette exposition, on pourra voir une œuvre à travers une autre et ce système de vision indirecte, et de formes interpénétrées, donnera de la place à ce que l’art classique s’est efforcé d’incorporer dans la limite des médias utilisés: de l’air, des corps flottants, des rubans d’écriture (sortes d’ancêtres du phylactère), ou encore le sentiment déstabilisant d’être regardé par quelque chose qui demande une rectification constante de nos discours. IA : j’aime cette idée de commencer 2016, après l’année si violente, si peu propice à la contemplation que nous venons de passer, par une vision peut-être idéaliste de l’exposition qui réconcilie les différents règnes, qui fait naître l’harmonie entre des œuvres de différente facture et l’espace biscornu de la galerie. Une sorte de fantasme pacifiste pour l’exposition, un manifeste de conciliation que contient en elle-même chacune des œuvres montrées. « Ne jamais faire le deuil des fleurs – manger moins, s’anémier, au pire vendre son sang – mais continuer à vivre dans une proximité de fleurs comme de livres (les pivoines du début de l’été). » Hervé Guibert, Le Mausolée des amants, journal 1976-1991 Nina Canell est née en 1979 à Växjö en Suède. Elle vit à Berlin. On a pu voir son travail en France à Rond-Point Projects, Marseille (cur. Anja Isabel Schneider), à la 13ème Biennale de Lyon (cur. Ralph Rugoff) ou au Crédac à Ivry-sur-Seine (cur. Chris Sharp). Ses dernières expositions personnelles dans des institutions ont été “Free-Space Path Loss” à Lunds Konsthall et “Mid – Sentence” au Moderna Museet, Stockholm ainsi que “Near Here” à Baltic Centre for Contemporary Art, Gateshead (UK), et au Camden Art Centre, Londres. Elle est représentée par Barbara Wien à Berlin. Mark Lewis est né en 1958 à Hamilton, Ontario (CA) et vit à Londres. Il a commencé sa carrière comme photographe avant de se consacrer au film. Il a bénéficié de nombreuses expositions personnelles : BFI Southbank (London); Art Gallery of Ontario (Toronto); Vancouver Art Gallery (Vancouver), MUDAM (Luxembourg). En 2009, il a représenté le Canada à la 53ème Biennale de Venise (cur. Barbara Fischer). Mark Lewis a récemment exposé à la biennale de Sao Paulo et au Louvre. Le Bal à Paris et The Power Plant à Toronto lui ont consacré deux expositions majeures en 2015. Il est représenté par la galerie Daniel Faria à Toronto. Helen Mirra est née à Rochester, New York in 1970 et vie à Cambridge, Massachusetts (USA). Ses expositions personnelles les plus récentes comprennent “Habitat de Transição”, Culturgest, Lisbonne, “Hourly Directional”, Radcliffe Center for Advanced Study, Cambridge et au MIT List Visual Arts Center et “gehend (Field Recordings 1-3)” qui a tourné dans trois lieux: Haus Konstruktiv, Zurich, KW Institute for Contemporary Art, Berlin et au Bonner Kunstverein (2011-2012). Elle est représentée par Peter Freeman Inc. (Paris/ New York) Gyan Panchal est né en 1973, il vit à Eymoutiers (Limousin). Depuis sa sortie de la Jan Van Eyck Academie (Maastricht, NL), son travail a fait l’objet de nombreuses expositions personnelles : à la galerie Frank Elbaz, Paris, à la galerie Edouard Manet, Gennevilliers, au Palais de Tokyo, chez Jhaveri Contemporary à Bombay (Inde) et à la Maison des Arts Georges Pompidou à Cajarc. On a également pu voir ses œuvres dans les collections du Centre Pompidou, Paris, à la Biennale d’Art Contemporain de Rennes, au Carré d’art de Nîmes, au Crédac à Ivry-sur-Seine, à la Villa Arson à Nice, à la Maison Populaire de Montreuil, à la Fondation d’entreprise Ricard à Paris et au CAN de Neuchâtel (Suisse). En 2015, il a montré son travail dans le cadre du projet Apartés au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris. [Source texte et visuel : communiqué de presse // Crédit Visuel : Nina Canell, Free-Space Path Loss (No. 3), 2010, heat, oxidized fingerprints, copper, 117 x 84,5 x 2,5 cm , unique ; Courtesy de la galerie Marcelle Alix ] |
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