King Kong Théorie explose aux Déchargeurs
King Kong Théorie De Virginie Despentes Adaptation et mise en scène de Emmanuelle Jacquemard Collaboration Artistique de May Roger Avec Marie-Julie Chalu Célia Cordani Ludivine Delahayes Anissa Kaki Lauréline Romuald Mardi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi Durée : 01h15 Théâtre Les Déchargeurs
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C’est à une chorale des corps libérés, ballet des voix affranchies qui déclinent la féminité au singulier et au pluriel auquel nous assistons. Un adaptation efficace et ingénieuse du texte de Virginie Despentes, une explosion multicolore et pétillante qui nous atteint en plein visage nous interpelle. Cinq jeunes femmes, employées d’un institut de beauté, s’épilent, se mirent, affectent des poses et des attitudes et composent une scène figée, sans action. Le streaptease enflammé de l’une d’entre elles agit comme une bombe qui exploserait le barrage. De ce point de rupture, se déverse en torrent le texte de Virginie Despentes. Une parole-fleuve libérée qui creuse son lit dans les consciences et dans ses méandres aborde aborde des sujets trash et tabous du viol à la prostitution et à la pornographie… L’essai autobiographique de la féministe, publié il y a dix ans, n’a pas pris une ride. Ce texte coup de poing, provocateur, trash, mais également empli d’humour, se prête particulièrement à l’expérience d’un face à face avec un public. Kaléidoscope Les comédiennes s’emparent du « Je » de Virginie Despentes qu’elle déclinent dans leurs féminités plurielles ou transforment tout à tour en un nous inclusif grâce à une mise en scène chorale. Cette polyphonie féminine unie et mélodieuse qui illustre un combat de femmes unies dans leurs diversités est intelligemment réfléchie et rendue, bien découpée et cadencée. Un kaléidoscope de voix mais également de corps de formes et de couleurs éclatées qui absorbent les lumière variées, tantôt crues, tantôt érotisantes, des feux de la rampe. Des corps investis Ces corps de femme sont investis avec talent par les comédiennes. Le féminisme cause qu’elles soutiennent leur est à l’évidence chevillée au corps. « Le sexe n’appartient qu’à moi » clame l’une d’elle. Ces corps de comédiennes et de femmes consomment sur cette scène un mariage parfait, eux qui luttent pour une même cause et demandent à être appropriés et réappropriés au mieux. Un terrain en friche La mise en scène est émaillée et rythmée par des images, évocations pertinentes. Elle rappelle intelligemment que cette parole féministe vascille; elle est interrompue. On tente de l’étouffer. Lorsque la lumière s’éteint brusquement, c’est avec des lampes torches que les comédiennes poursuivent tant bien que mal leur spectacle. L’aspect tâtonnant de la solution qu’elles apportent laisse également songeur. Car c’est hors des sentiers battus, dans un chemin qui réserve bien des surprises que se répand cette parole. Il reste tant à explorer. Et d’ailleurs, à quand une révolution masculine ? Jeanne Rolland
[Visuels : King Kong Théorie, Théâtre Les Déchargeurs © Pauline Bernard] |
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