L’épopée d’Homère magnifiée avec cinq jeunes comédiens
L’Iliade De Homère Mise en scène de Pauline Bayle Avec Florent Dorin, Alex Fondja, Jade Herbulot en alternance avec Pauline Bayle, Yan Tassin Mardi à 21h15, du mercredi au samedi à 19h, dimanche à 17h Tarifs : de 10 à 25 € Réservation en ligne Durée : 1h30 Théâtre de Belleville M° Goncourt ou Belleville |
Défiant la gageure de monter une telle épopée au théâtre, Pauline Bayle et cinq jeunes comédiens en font un spectacle de chair et de mots, où le sang et les larmes ne sont que sable et paillettes d’or. Ils sont tout simplement éblouissants.
Du bruit et de la fureur Sur un plateau nu, deux camps avec les noms de leurs protagonistes affichés comme sur un tableau d’école. D’un côté les Grecs, commandés par Agamemnon, défendus par le foudroyant Achille ; de l’autre les Troyens, avec la belle Hélène et Hector le guerrier rival. Entre les deux camps, les deux peuples qui s’entredéchirent durant neuf longues années, des dieux font la pluie et le beau temps, déclenchent tempêtes ou vent porteur de force 6 en y mêlant leurs histoires de couple, de jalousies ou d’impuissance. Il y a dans ces chants et ces milliers de vers tissés par Homère une force poétique inouïe qui dit le courage et la souffrance générés par la guerre, mais aussi la profondeur et la puissance des relations entre les hommes, leur misère aussi, dans une Europe méridionale. Des comédiens puissants Pauline Bayle, et son collectif d’acteurs À Tire-d’aile, tous issus du Conservatoire National, a adapté ce long poème très intelligemment, en en saisissant les moments les plus dramatiques ou les plus comiques, les nourrissant de clins d’œil à aujourd’hui, mêlant le quotidien à l’héroïque. Les comédiens jouent plusieurs rôles, héros ou dieux, demi-dieux ou guerriers, en jean et tee-shirts noirs, avec une énergie assez saisissante et une simplicité désarmante. On pénètre par exemple dans l’intimité de Zeus et de Héra, qui courtise aussi Poséidon en casquette de marin. Puis Achille vient à bouder le combat, fier et sauvage, vexé par le manque d’égard qui lui a été réservé. Les scènes de bataille, bombardement de mots et d’images, provoquent des catapultes de noms propres et d’actions terribles. La poésie ici est proférée par la musique et le rythme de la parole des comédiens conteurs. Scénographie malicieuse Rien que du sable, un peu de terre, de la peinture rouge et des paillettes dans des seaux en plastique noir sous des lumières sophistiquées. La force de la mise en scène s’appuie sur des accessoires minimaux et des acteurs en or. Charlotte Van Bervesselès, fine et acide comme une lame, est un Achille tonitruant et sauvage. Jade Herbulot, Florent Dorin et Alex Fondja sont irrésistibles en Hector, Agamemnon, Héra et Zeus, tandis que Yann Tassin partage son corps entre Poséidon et Ulysse. Ils sont étonnants et magnifiques, il faut courir les applaudir ! Hélène Kuttner [Photos © Pauline Le Goff] |
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