Quand le rap français mène au cinéma
Comment c’est loin D’Orelsan et Christophe Offenstein Avec Orelsan, Gringe, Seydou Doucouré Sortie le 9 décembre 2015 |
![]() Orelsan n’est pas le premier rappeur français à se lancer dans le septième art : avant lui, d’autres s’étaient risqués à tenter l’aventure du grand écran, souvent pour le meilleur. 1) Akhenaton C’est en 2000 que le leader du groupe IAM (considéré par beaucoup comme le meilleur groupe de l’histoire du rap français) se lance, en compagnie de Kamel Saleh, dans la réalisation. Comme un aimant arpente avec lyrisme et réalisme le quartier du Panier à Marseille, suivant les destinées de plusieurs de ses habitants (dont Kamel Saleh lui-même, ainsi que l’acteur humoriste Titoff). Le résultat est brillant et poignant, et l’on regrette que le rappeur n’ait pas donné suite à ce beau baptême du feu cinématographique. 2) Joey Starr Au cinéma, il est le plus prolifique des rappeurs en activité : après des débuts dans Old School, un film à petit budget hautement dispensable, puis des participations dans des comédies (La Tour Montparnasse infernale, RRRrrrr !!!), l’un des deux membres du groupe NTM a fini par trouver de vrais rôles grâce à Tonie Marshall tout d’abord. Il était d’ailleurs la seule véritable attraction de Passe-passe, malgré Edouard Baer et Nathalie Baye. Ensuite, de Polisse aux Seigneurs, il est devenu un second rôle incontournable, capable de faire preuve de délicatesse, de second degré et de pudeur là où on imaginait que le rappeur puisse n’être que sauvagerie et agressivité. 3) Kool Shen La carrière de Kool Shen est plus courte que celle de son partenaire de NTM, puisqu’à quelques apparitions près (dont une dans Old School), il n’a pour l’instant endossé qu’un seul rôle important. Mais quel rôle : celui de Christophe Rocancourt (ou en tout cas de son alter ego) dans Abus de faiblesse, film dans lequel Catherine Breillat raconte sa relation avec le légendaire escroc. Face à une Isabelle Huppert toujours aussi solide, Kool Shen ne démérite pas, même si le texte aride de Breillat ne l’aide pas à se mettre en valeur. On le verra prochainement dans le troisième film de Katell Quillévéré, Réparer les vivants, adaptation du roman de Maylis de Kerangal. De son vrai nom Sérigne M’Baye Gueye (patronyme qu’il utilise notamment lorsqu’il publie de slivres), le rappeur Disiz la Peste est ensuite devenu Disiz. Quel que soit son nom, il a livré en 2005 une prestation plutôt remarquée dans Dans tes rêves, film réalisé par Denis Thybaud (réalisateur de télé) et écrit par… Oxmo Puccino, un autre rappeur. Pour schématiser un peu, Dans tes rêves est un 8 mile à la française et en plus light : l’histoire d’un jeune mec venu de nulle part, dont le rêve absolu est de réussir dans le rap malgré toutes les embûches se présentant à lui. Le résultat est honorable à défaut d’être inoubliable. 5) Abd Al Malik Le plus littéraire des rappeurs a fini par avoir envie d’autres moyens d’expression : avec Qu’Allah bénisse la France, Abd Al Malik adapte son propre roman autobiographique, et suit la trajectoire de Régis (son vrai prénom), qui tente de trouver sa voie dans une cité dortoir de Strasbourg. Formellement ambitieux, dans un noir et blanc qui rappellerait presque celui de La Haine, le film est passé par les sélections parallèles de Cannes avant de récolter deux nominations au César (celui de la première oeuvre et celui du meilleur espoir masculin pour Marc Zinga). Une preuve supplémentaire du beau potentiel créatif de nos rappeurs français et francophones. Lucile Bellan [embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=3d0DhYX6ZO8[/embedyt] [Image 2015 © La Belle Company] |
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