Marie-José Malis met à l’honneur et en beauté Pirandello
La Volupté de l’honneur De Pirandello Mise en scène de Marie-José Malis Avec Pascal Batigne, Frode Bjornstad, Sylvia Etcheto, Michèle Goddet, Olivier Horeau, Victor Ponomarev, Louise Jusqu’au 20 novembre 2015 Mardi et mercredi à 19h30, jeudi et vendredi à 20h30, samedi à 18h et dimanche à 16h Tarifs : de 9 à 23 € Réservation en ligne Durée : 3h30 Théâtre de la Commune M° Aubervilliers-Pantin-Quatre Chemins Navettes retour gratuites du mardi au samedi |
Jusqu’au 20 novembre 2015
Un Pirandello en douceur, qui met à l’honneur le cœur et la chair des comédiens, s’adressant aux spectateurs comme à des personnages de la pièce, c’est la mise en scène très réussie de La Volupté de l’honneur, cette recherche éperdue de l’honnêteté qui place Pirandello au croisement de la philosophie, du psychodrame réaliste et de la poésie. Une réussite au Théâtre de la Commune. Honneur ou honnêteté, ou comment se refaire une vie La bourgeoisie exige une bonne réputation, les églises une honnêteté sans faille et la société fait de l’honneur une ambition inégalable du respect des citoyens. Mais l’homme est faillible, et quand son existence est brisée, sa survie passe par de petits arrangements avec l’honneur et la morale, sans compter que ces petits arrangements peuvent le conduire à éprouver les sentiments les plus passionnés qui soient, ceux de l’amour. Comment un être pas très honnête devient un parangon de probité mais aussi l’amoureux le plus sincère qui soit, malgré lui ? Comment le masque d’un personnage de substitution devient à part entière un être fait de chair et de sang avec un cœur qui palpite ? La force de l’Italien Pirandello réside dans le mystère humain de cette transformation dans cette magnifique pièce qui fut pour la première fois créée en 1922 à Paris par Charles Dullin. Plongée dans un torrent d’affects Marie-José Malis a choisi de supprimer le quatrième mur en ouvrant le plateau sur la salle, même décor blanc d’un appartement d’été – Sicile ? – avec chambre matrimoniale à l’étage, tout cela baigné d’une lumière dorée. Nous sommes donc partie prenante de l’intrigue, témoins malgré nous de cet imbroglio sentimental et politique face à des comédiens qui vont s’adresser directement à la salle. Baldovino, un homme au passé ténébreux, incarné avec une intense subtilité par Juan Antonio Crespillo, accepte la proposition faite par son ancien camarade de collège (Olivier Horeau) de jouer le rôle de l’époux d’Agate (Sylvia Etcheto), une jeune femme enceinte de son amant, le marquis Colli (Victor Ponomarev). Il accepte le rôle d’époux et de père, à condition d’exiger de toute la famille, et de la mère d’Agate (Michèle Goddet), une soumission absolue à ce nouvel ordre matrimonial. Il va donc se transformer en tyran, pervers délicieusement hypocrite, jusqu’à ce qu’on tente de le chasser de la maison. Il en partira avec Agate. Volupté du temps de l’action Le temps de la représentation ici est celui que prennent les comédiens à vivre. Décors changés par eux-mêmes à vue, changements d’humeur et de sentiments en direct, tension dramatique qui conduit à quelques égarements passionnels au cœur des répliques, mais aussi à de sublimes prises de parole qui s’incarnent devant nos yeux, l’espace scénique est traversé par des courants d’air frais, vivant, émotionnel. Et malgré la longueur de la représentation, le talent, l’humour, la densité de jeu des comédiens sont si justes, si forts, que l’on en oublie ce temps passé avec eux dans cette histoire vertigineuse. Juan Antonio Crespillo, notamment, est tout à fait magistral. Hélène Kuttner [Photos © Willy Vainqueur] |
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