Angelin Preljocaj accroche l’étoile de Berratham à Chaillot
Retour à Berratham D’Angelin Preljocaj et Laurent Mauvignier Mise en scène d’Angelin Preljocaj Du 29 septembre au 23 octobre 2015 Durée : 1h35 Tarifs : de 8 à 39 € Théâtre National de Chaillot M° Trocadéro |
Du 29 septembre au 23 octobre 2015 Après la guerre, un jeune homme retourne au pays pour retrouver Katja, sa bien-aimée. Mais leurs retrouvailles sont baignées de sang. Dans Retour à Berratham, danse et théâtre fraternisent pour narrer une guerre fratricide. Preljocaj, chorégraphe engagé, a commandé à Laurent Mauvignier une tragédie épique contemporaine et s’installe sur le plateau de Chaillot pour 22 représentations, du jamais vu en danse… Où se trouve Berratham? Si certains pensent y être déjà passés, leur mémoire les trompe. Berratham n’existe pas. Ou partout. Partout où des civilisations vivaient en paix et se mélangeaient, avant de passer brutalement au régime de la haine. Il est normal de penser aux Balkans. Mais on a connu ça au Rwanda, en Arménie, en Afghanistan et ailleurs. Laurent Mauvignier ne donne pas de nom au jeune homme qui revient chez lui sans reconnaître son village, éventré par la guerre. Et même si son amour s’appelle Katja, on peut songer à l’histoire de Roméo et Juliette. Celle de Katja est tout aussi tragique, tout aussi liée à la haine entre deux communautés. La danse incarne la rigidité des coutumes ancestrales qui mettent l’atavisme au-dessus de l’individu. Katja meurt, la communauté se ressoude. Il le fallait puisqu’elle s’était mariée à un monsieur quelconque pour légitimer l’enfant de son amant, parti à l’étranger pour gagner l’argent nécessaire à leur avenir commun. Le retour du père aurait fait exploser les apparences. Une étoile à mille visages Des explosions énergétiques contrastent avec un étirement du temps par les comédiens. Cette lenteur traduit le poids du passé, le choc des violences vécues pendant la guerre et le gouffre qui sépare les vivants des défunts. La mère de Katja et deux hommes du village observent le monde des vivants et relatent ce que le jeune homme n’a pas vécu, du mariage forcé de Katja aux exécutions sommaires. Les vivants sont ici des gisants sans avenir. Mais qui veut vivre le présent doit croire en l’avenir. D’où cette pièce envahie par le passé, de bout en bout. Quand le jeune homme tire le cadavre de Katja de la voiture calcinée, le ralenti atteint une beauté paradoxale. “C’était pourtant un beau mariage” Retour à Berratham voit aussi le retour de certains interprètes à la compagnie, comme Barbara Sarreau aux cheveux rouge feu ou Emma Gustaffson qu’on a connue comme marâtre dans Blanche-Neige. Ici, elle joue et danse le rôle de la mère de Katja. Et on retrouve l’acteur Laurent Cazanave qui créa le solo du narrateur dans Ce que j’appelle oubli, premier texte de Laurent Mauvignier à être chorégraphié par Angelin Preljocaj. Si bien que le chef de file de la danse française commanda un nouveau texte à l’écrivain. Le résultat est un millefeuille de flash-back, de commentaires, de réflexions et d’actions, sans doute trop complexe pour ne pas s’y perdre. Mais si le jeune homme qui revient dans son village n’était pas perdu à son tour, il n’y aurait pas d’histoire à danser. Et la danse est ici magistrale. Thomas Hahn [Photos © J.-C. Carbonne] |
http://theatre-chaillot.fr/dance/retour-a-berratham
Articles liés
“Un siècle, vie et mort de Galia Libertad” à découvrir au Théâtre de la Tempête
C’est Galia Libertad – leur amie, leur mère, leur grand-mère, leur amante – qui les a réunis pour leur faire ses adieux. Ce petit groupe d’amis et de proches, trois générations traversées par un siècle de notre histoire, se retrouvent...
“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée
Depuis le 8 novembre, le Palais de la Porte Dorée accueille une double exposition inédite, “Chaque vie est une histoire”, qui investit pour la première fois l’ensemble du Palais, de ses espaces historiques au Musée national de l’histoire de...
“Les Imitatueurs” à retrouver au Théâtre des Deux Ânes
Tout le monde en prend pour son grade, à commencer par le couple Macron dans un sketch désormais culte, sans oublier Mélenchon, Le Pen, les médias (Laurent Ruquier & Léa Salamé, CNews…), le cinéma, la chanson française (Goldman, Sanson,...