La Maison de Bernarda Alba : une réussite à la Comédie-Française
La Maison de Bernarda Alba De Federico Garcia Lorca Mise en scène de Lilo Baur Avec Claude Mathieu, Véronique Vella, Cécile Brune, Sylvia Bergé, Florence Viala, Coraly Zahonero, Elsa Lepoivre, Adeline D’Hermy, Jennifer Decker, Elliot Jenicot et Claire De La Rüe Du Can Jusqu’au 6 janvier 2016 Tarifs : de 5 à 41 € Réservation en ligne Durée : 1h40 sans entracte Comédie-Française M° Palais Royal – Musée du Louvre (lignes 1 et 7) |
![]() La metteur en scène suisse Lilo Baur se saisit de cette pièce de l’auteur espagnol Garcia Lorca à la distribution uniquement féminine, censurée sous Franco. Une réussite théâtrale et esthétique qui réunit des comédiennes formidables. Un conte terriblement cruel sur la condition des femmes Federico Garcia Lorca, poète et écrivain, ami des surréalistes et persécuté par le franquisme, revient à la mode et c’est tant mieux. Après Daniel San Pedro qui a monté un magnifique Yerma, Lilo Baur revient à la charge avec cette pièce à la distribution uniquement féminine, dix femmes, qui raconte l’enfermement et la folie qui minent l’existence de cinq jeunes filles dans l’Andalousie des années 30. Après l’enterrement de son second mari, la veuve Bernarda Alba ordonne un deuil de huit années à sa maisonnée et à ses filles âgées de 20 à 38 ans sous prétexte de respectabilité et de paix sociale. Aucune d’elles ne verra le jour ni le poil d’un seul homme, car les animaux masculins rôdent beaucoup trop autour de sa progéniture. Seule Angustias, l’aînée, issue d’un premier mariage et dotée, est promise à Pepe le Romano, jeune gars qui cristallise tous les fantasmes et les frustrations. C’est sans compter la rébellion d’Adela, la cadette, pleine de vie et de sensualité, qui entreprend avec le garçon une romance amoureuse qui leur sera fatale.
Lilo Baur se saisit de la pièce et la transfigure, grâce à ses comédiennes hors pair et à une scénographie poétique conjuguée à une création musicale signée Mich Ochowiak qui ponctue avec délicatesse et passion les moments les plus saisissants. Délaissant un naturalisme étroit, elle imagine un lieu magique, un immense mur de dentelles noires (scénographie Andrew D Edwards) qui représente la maison, devant lesquelles les comédiennes jouent la vie de leurs personnages à l’intérieur comme à l’extérieur. Il y a là la vieille servante Poncia, incarnée par une Elsa Lepoivre totalement magnifique et méconnaissable, gardienne de la moralité et confidente de chacune dans la limite de son univers misérable ; Angustias, la fiancée flétrie, incarnée par la fine Anne Kessler lors de la générale ; Magdalena, la sombre et pure (Coraly Zahonero), et Martirio, que Jennifer Decker sublime en jeune bossue jalouse d’Adela, la belle et sensuelle sœur rebelle incarnée par l’explosive Adeline D’Hermy. Florence Viala compose une émouvante grand-mère qui perd la boule et Cécile Brune impose une présence inflexible, torturée et autoritaire dans le rôle de Bernarda. On ne peut les citer toutes, mais la distribution du spectacle est éclatante. Sans oublier Elliot Jenicot qui incarne Pepe le Romano dans une scène amoureuse chorégraphique et sidérante de beauté (chorégraphie de Claudia De Serpa Soares), alors que le personnage n’est qu’évoqué dans la pièce. Du souffle donc, et une sensibilité esthétique faite de ruptures et de violences rentrées, pour parler de ce monde de femmes sacrifiées sur l’autel de la moralité et du machisme. Un grand moment de théâtre. Hélène Kuttner [Photos © Brigitte Enguérand, coll. Comédie-Française] |
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