Daniel Russo inocule le virus du fou rire
Sans rancune De Sam Bobrick, Ron Clark Mise en scène de Sébastien Azzopardi Avec Daniel Russo, Anne Jacquemin, Xavier Letourneur, David Talbot, Nassima Benchicou, Jessica Borio Jusqu’au 13 juin Tarifs : de 17 à 52 € Réservation au Durée : 1h50 Théâtre du Palais Royal M° Palais Royal – Musée du Louvre (lignes 1 et 7) |
De cette comédie survitaminée, portée par des comédiens montés sur ressorts, nous nous laissons contaminer par le virus du rire. Nous n’en gardons pas rancune car s’il est conseillé de manger cinq fruits et légumes par jour, il est également recommandé de rire cinq minutes quotidiennes. Ce soir, au Théâtre du Palais Royal, c’est mission accomplie !
Animé d’un plaisir furieux de faire rire, Daniel Russo est hilarant. Son appétit gargantuesque de sympathie entraîne tout le public derrière lui et le contamine d’irrésistibles fous rires. Le personnage de Victor, nombriliste lourd, raciste et exécrable, engoncé dans ses certitudes que le monde ne peut fonctionner sans tourner autour de sa personne, lui offre un rôle sur mesure. De cette figure narcissique aux mimiques appuyées sonnent des accents de Louis de Funès.
David Talbot impose en contrepoint, avec singularité et justesse, un amant attentionné, tendre et léger. Son allure nonchalante, indolente et taquine de jeune homme vif et sensuel compose un personnage bohème, tout en ” carpe diem”.
Nassima Benchicou, dans le rôle de la fille, étudiante en psychologie, n’a de cesse de débiter de longues phrases compliquées. La comédienne esquisse une figure pertinente de précieuse ridicule d’aujourd’hui, oscillant entre parodie de psychologue et celle d’une jeunesse dorée, perchée dans sa tour d’ivoire. Aussi derrière ces caricatures au trait forcé, transparaissent des critiques sociales acerbes et grinçantes. Les artistes ont les dents longues ; des “sans dents” au fameux Merci pour ce moment, nous faisons, avec sarcasme, le tour des frasques et déboires de nos dirigeants.
Quelques scènes un peu longues, alors que l’intrigue n’est pas des plus riches, sont à déplorer. Mais le rythme demeure toujours soutenu et dynamique. D’autres passages s’avèrent peu crédibles. Si les acteurs se concentraient autant sur la vérité et la sincérité de leurs personnages que sur leur plaisir de faire les clowns, ils n’en gagneraient que plus de pouvoir comique. Enfin, après avoir ri comme nous avons ri, nous n’en gardons vraiment pas rancune ! “Merci (beaucoup) pour ce moment” ! Jeanne Rolland [embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=F4tQ6f_MHMM[/embedyt] [Visuels : “Sans rancune, Palais Royal” © Émilie Brouchon] |
Articles liés
“Tant pis c’est moi” à La Scala
Une vie dessinée par un secret de famille Écrire un récit théâtral relatant l’histoire d’un homme, ce n’est pas seulement organiser les faits et anecdotes qu’il vous transmet en une dramaturgie efficace, c’est aussi faire remonter à la surface...
“Un siècle, vie et mort de Galia Libertad” à découvrir au Théâtre de la Tempête
C’est Galia Libertad – leur amie, leur mère, leur grand-mère, leur amante – qui les a réunis pour leur faire ses adieux. Ce petit groupe d’amis et de proches, trois générations traversées par un siècle de notre histoire, se retrouvent...
“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée
Depuis le 8 novembre, le Palais de la Porte Dorée accueille une double exposition inédite, “Chaque vie est une histoire”, qui investit pour la première fois l’ensemble du Palais, de ses espaces historiques au Musée national de l’histoire de...