Un Cyrano qui ne manque pas de panache
Cyrano de Bergerac D’Edmond Rostand Mise en scène de Jean-Philippe Daguerre Avec Stéphane Dauch, Geoffrey Callènes, Simon Coutret, Alex Disdier, Émilien Fabrizio, Didier Lafaye, Antoine Guiraud, Nicolas Le Guyader, Charlotte Matzneff, Édouard Rouland, Yves Roux, Grégoire Bourbier, Mona Thanaël, Petr Ruzicka, Survier Flores et Aramis Monroy Tarifs : 10 à 23 € Réservation au Durée : 2h Théâtre Michel M° Havre-Caumartin |
Jusqu’au 21 mai 2015 Le défi d’interpréter Cyrano de Bergerac est relevé avec panache et dextérité par une troupe de théâtre composée de fines fleurs de la scène et dont le jeu fait mouche au Théâtre Michel. Amoureux transi de Roxane, Cyrano préfère endurer un silence orgueilleux à l’humiliation de voir la belle lui rire au nez. Complexé par cet attribut qui “d’un quart d’heure en tous lieux le précède”, il vit un amour par procuration à l’aide de Christian, baron de sa compagnie, auquel il souffle ses mots d’amour. Séduit par l’éloquence de ce beau prétendant, le cœur de la jeune femme se laisse prendre aux filets dressés par les deux soupirants.
L’amour est un théâtre où l’illusion règne en maître. Edmond Rostand livre ici un drame intemporel, à la fois désespéré, comique, ironique, pathétique et sublime. L’auteur insuffle à la pièce sa verve, son esprit et sa fièvre qui bouillonnent et inondent chaque vers. Plus encore qu’une autre peut-être, cette œuvre complexe ne peut se jouer avec demi-mesure ; il serait aisé de perdre pied et de s’y noyer. Mais la troupe du Grenier de Babouchka livre une interprétation de haut vol. Déployant toute la largeur possible de sa voilure, elle s’est laissée porter par ce souffle incroyable. Gestes, diction, rythme, toute la technique est travaillée d’une main de maître et les artistes tiennent en haleine plus de deux heures un public d’adultes et d’enfants. Le kaléidoscope des registres et couleurs variés de ce “drame héroïque” éclate. Coup de chapeau à Stéphane Dauch qui jouit d’une parfaite maîtrise de son rôle-titre. Un violon ajoute sa dimension sonore au spectacle alors que l’archet double Cyrano avec dextérité et justesse. La mise en scène classique et inventive de Jean-Philippe Daguerre offre le double plaisir de reconnaître et redécouvrir nombre de scènes fameuses. Nous emprunterons les mots de Roxane lorsqu’elle découvre le jeu de son cousin : quelle “généreuse imposture” ! Et lorsque les comédiens nous annoncent qu’ils se produisent simultanément dans plusieurs pièces de Molière, on se prend à penser : “Si seulement les comédiens, tel Cyrano dont la notoriété égale trop rarement le talent et l’ardeur, pouvaient de même entrer dans la lumière et cueillir le baiser d’un juste succès !” Jeanne Rolland
[Visuels : Cyrano de Bergerac, Théâtre Michel 2015 © Fabienne Rappeneau]
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