De Kham à Cam : danser les lavis du Laos
Akalika 7 D’Olé Khamchanla Avec Aymeric Bichon, Christina Chan, Adele Goh, Wei An Hwa, Lola Kervroedan, Olé Khamchanla et Anthony Michelet Artiste peintre : Gilbert Cam Vidéo : Jessica Farinet Musique : Léo Jourdain Lumière : Lise Poyol Scénographie : Olé Khamchanla et Jessica Farinet Du 8 au 11 avril 2015 Tarifs : de 6 à 25 € Durée : 1h Le Tarmac M° Saint-Fargeau |
Du 8 au 11 avril 2015
Akalika est à la fois le nom d’un artiste laotien et d’une œuvre qui ne laissera personne indifférent. Akalika 7 désigne une pièce de danse tonique et spectaculaire. Elle met en mouvement les silhouettes hantées de Gilbert Cam, peintre et plasticien laotien. Le chorégraphe Olé Khamchanla, lui aussi Laotien, vient prouver que sa rencontre avec l’œuvre de Cam répond à une nécessité profonde. Par ailleurs, sa compagnie s’appelle Kham… Akalika 7 donne vie aux ombres déchiquetées de la guerre civile laotienne. “La série Akalika de Gilbert Cam, également dit ‘Lang’, se décline en dix volumes. Elle se réfère à une époque où il y avait beaucoup de mines antipersonnel au Laos”, indique Khamchanla qui travaille sur l’œuvre de Cam depuis 2011, créant d’abord un solo pour lui-même et, aujourd’hui, une pièce pour sept interprètes français, laotiens et singapouriens. L’œuvre de Gilbert Cam est plus qu’un décor. Les silhouettes noires sur fond blanc prennent vie comme si elles étaient des danseurs à part entière. Ombres noires, massives et pourtant d’une fragilité extrême. À bien y regarder, il leur manque souvent un petit quelque chose, un pied par-ci, une main par-là, une jambe ou un bras. Mais il y a aussi ces lavis qui dessinent des corps entiers en train de s’effacer devant nos yeux, comme traversés par la mémoire d’une volonté humaine à structurer l’existence. Leurs nuances de gris frôlent la transparence et sont d’une fragilité et d’une beauté absolument émouvantes. [embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=7bL2QTezsLc[/embedyt]
Corps d’encre et corps de chair s’unissent et se traversent dès le premier tableau. Couché au sol, se retirant progressivement, Khamchanla laisse place à une silhouette calligraphique et crée l’illusion de peindre avec ses cheveux (!). Ce mystère ouvre les portes vers un monde ténébreux où les coups de marteau du sculpteur résonnent avec force et insistance. Les dessins s’animent et sept personnes, meurtries et agitées, mobilisent toutes leurs forces de résistance et de vie. Akalika 7 met en scène la lutte de chacun contre ses démons intérieurs, point de départ de toutes formes de violence. Et cette lutte peut être féroce… Akalika 7 est certes d’inspiration laotienne, mais les danseurs font partie de la compagnie Kham, franco-laotienne, et de Frontier Danceland, compagnie singapourienne. Aussi, le spectacle s’inscrit dans le cadre du festival Singapour en France qui dévoile, jusqu’au mois de juin, la richesse stylistique et culturelle de la cité-État, terre d’immigration et de mélange qui n’est pas seulement convaincue des bienfaits du vivre-ensemble interculturel, mais en est heureuse. Si elle inscrit dans son panorama de musique, arts plastiques, théâtre, danse et design une pièce chorégraphique qui rappelle les ravages de la guerre, c’est tout un programme. Thomas Hahn [Photo © Jessica Farinet] |
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