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Dakar à Paris : Germaine Acogny, Robyn Orlin et Olivier Dubois maîtres de cérémonies

24 mars 2015
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lph1869004

At the same time…

De Robyn Orlin

Avec Cie Jant-bi

Du 25 au 29 mars 2015

Théâtre de la Ville
Place du Châtelet
75001 Paris
M° Châtelet

www.theatredelaville-paris.com

Les 11 et 12 avril 2015

Le 104
5, rue Curial
75019 Paris
M° Riquet

www.104.fr

Mon élue noire

De Olivier Dubois

Avec Germain Acogny

Du 7 au 9 avril 2015

Le 104
5, rue Curial
75019 Paris
M° Riquet

www.104.fr

Du 25 mars au 12 avril 2015

Tous les fils passent par l’Ecole des Sables, fief de la danse en Afrique de l’Ouest. C’est là, au sud de Dakar, que Robyn Orlin s’est penchée sur la cérémonie du faux lion, avec les danseurs de la compagnie de Germaine Acogny, qui danse elle-même un solo sur la partition du « Sacre du printemps » de Stravinsky, créé pour elle par Olivier Dubois.

On dit de Germaine Acogny qu’elle est la « Pina Bausch de l’Afrique ». Il y a quelque chose de vrai dans cette comparaison, en cela qu’elle pratique un théâtre de danse avec fenêtres ouvertes sur la réalité sociale et humaine dans son pays. Mais ici, c’est l’histoire de sa rencontre avec deux chorégraphes, et pas les moindres.

Au Théâtre de la Ville et au 104, on verra deux propositions radicalement différentes. D’abord, le solo crée pour Acogny par Olivier Dubois, désormais directeur du Centre chorégraphique national de Roubaix. Dubois est en train de bâtir une sorte de maison commune entre le nord de la France et le continent africain.

L’élue noire, enfin sacrée

Acogny est, quant à elle, passée par l’école Mudra de Maurice Béjart qui a signé l’une des plus célèbres versions chorégraphiques du Sacre. Mudra Afrique, première mouture d’une école de danse au Sénégal, a été conçue par Acogny et Béjart. Et le fondateur du Ballet du XXe siècle de promettre à Acogny: « Tu seras mon élue noire! ».

[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=5j3tTgIpLDk#t=78[/embedyt]

D’où le titre de ce solo: « Mon élue noire ». Un peu tard pour le monde de la danse européenne de tenir cette promesse vis-à-vis d’Acogny, mais loin d’être trop tard. A soixante-dix ans, elle arbore la vitalité et la force physique d’un jeune homme. Pour s’en convaincre, il suffit d’aller au 104 et de comparer Acogny aux interprètes masculins de sa compagnie, Jant-bi (le soleil, en Wolof).

lph1869002Robyn Orlin a donné à sa première création sénégalaise un de ces titres-serpent dont elle a le secret: At the same time we were pointing a finger at you we realized that we were pointing three at ourselves… “ Libérés par l’esprit espiègle d’Orlin, s’adonnant à l’autodérision, les chanteurs-danseurs de la compagnie Jant-bi s’approprient donc la cérémonie Simb, dite « du faux lion ». Le titre évoque ce doigt braqué sur l’autre, cet index dégainé qui pointe la population d’un continent soi-disant figé dans ses rites. Mais ici ils en rient avec le public occidental, en allant au contact physique du spectateur.

Une croisade pour la déconnade

lph1869003Les huit garçons qui se mettent à chasser les mauvais esprits en faisant claquer leurs paires de tongs au bon milieu des gradins, comme s’ils chassaient des mouches au raz du nez d’une telle ou d’un tel. Car Orlin mène une véritable croisade pour le droit à la déconnade en danse en contemporaine, et sa rencontre avec les danseurs de Jant-bi est l’une des plus belles aventures orliniennes depuis longtemps. L’entente entre les deux univers est parfaite.

Les hommes manipulent les bassines, les portent sur la tête et caricaturent les femmes, sans rien prendre au sérieux (« Je ne suis pas une femme, moi! »). Ici aussi, on voit sur le plateau ce qui est tabou dans la vie, mais pas dans la cérémonie Simb. Orlin s’est renseignée auprès des danseurs sénégalais : « Cette cérémonie n’est pas religieuse, mais elle inclut deux personnages d’hommes qui jouent des femmes. A ce propos ils m’ont expliqué que cette cérémonie permet à des hommes homosexuels de faire leur coming-out. »

Dans ce spectacle drôle, musical et théâtral, la danse surgit comme du temps des royaumes anciens et des cérémonies shamaniques. On porte des masques, on danse, on chante la guerre et la chasse, mais tous les instruments de percussion sont en caoutchouc ou en plastique: rien que des tongs et des sceaux.

Thomas Hahn

 
[ Photos : © Laurent Philippe ]

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