Rime en résidence à la galerie Wallworks
Rime | Danger Zone Solo show du 3 avril au 30 mai 2015 En résidence Vernissage jeudi 2 avril (19h-22h) Galerie Wallworks M° Bonne Nouvelle |
Du 9 février au 28 mars et du 3 avril au 30 mai 2015
Rime débarque de New York et a transformé la galerie Wallworks en atelier, le temps de préparer son exposition du mois d’avril. L’occasion unique de rencontrer le graffeur américain et de plonger dans son univers baroque décadent peuplé de héros déchus et surtout porté par l’humour de l’artiste. Au départ, il y a l’obsession d’écrire son nom avec la précision du trait, de la lettre, de recommencer sans cesse pour que ce soit juste. Il ne signe pas encore Rime. Lorsque Jersey Joe dégaine ses premières bombes dans les rues de Statent Island en 1991, cet artiste en herbe né en 1979 signe ses interventions Onea. C’est quelques années plus tard qu’il inventera son blaze, fasciné par la manière dont deux grapheurs avaient dessiné deux lettres, respectivement un R et un E. Son nom commencera par R et se terminera par E, tel était son postulat. Il aurait pu garder Rule, mais ce sera Rime, qui évoque la poésie. Un blaze très riche qu’il reproduit à l’envi sur les murs ou les trains de New York, de Los Angeles qu’il investit à 25 ans et partout dans le monde au fil de ses voyages. Le graffiti est bien un art nomade, qui se nourrit de rencontres et d’échanges. Peindre dans la rue est indispensable pour lui, et particulièrement avec ses amis, ses crews : MSK et Seventh Letter. Il se nourrit de cette énergie-là, de ces amitiés artistiques, de la rue, des gens qu’il y rencontre, mais aussi de la violence qui se pointe régulièrement, la violence physique, mais aussi sociale, avec les exclus, la prostitution, la drogue… L’expérience de la rue est une expérience humaine Il raconte tout cela dans son travail, son histoire, ses émotions, les rapports humains. Alors, comme il le dit, certaines toiles sont plus agressives et d’autres plus sereines. Elles sont un véritable livre ouvert qui lui permet très certainement de prendre beaucoup de recul sur lui-même et ce qui l’entoure. C’est peut-être pour cela qu’il y a beaucoup d’assurance chez cet artiste bien campé sur ses deux pieds, au regard bienveillant et amusé. Il sait précisément quel était son état d’esprit au moment de la création lorsqu’il les regarde. Et il espère que le public sera réceptif à l’énergie qui a été le moteur de ses créations. Car Rime est dans l’échange, il ne veut pas garder tout cela pour lui, il est tourné vers l’extérieur. C’est bien pour cela aussi qu’il donne des cours de graffiti à des jeunes enfants de quartiers défavorisés – avec un entraînement physique important lorsqu’on peint dans la rue – et qu’il continue à travailler avec ses crews, dans la rue. Le travail solitaire pour les galeries ne lui ôtera pas ce volet-là qui reste fondamental pour lui.
La couleur est un allié de choix pour lui : elle est explosive, exubérante et généreuse. Omniprésente. On est dans un pop flashy avec lui, façonné par des lignes très cartoon. Alors, Rime, macho ? Cynique assurément, et surtout plein d’humour. Il donne vie à un univers directement sorti d’une fantaisie délirante, guidée par la caricature et une obsession du trait, qui reste précis. Rime reste guidé par cette recherche de la perfection des contours, de la ligne, que ce soit celle de la lettre ou de ses héros déchus d’un monde baroque décadent. Stéphanie Pioda [Photos © Stephen Paradisi] |
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