Livres Uniks – Topographie de l’Art
>Livres Uniks Exposition collective Du 13 mars au 13 juin 2015 Vernissage le jeudi 12 mars de 18h à 21h Ouvert du mardi au samedi de 14h à 19h Entrée libre Topographie de l’Art |
Du 13 mars au 13 juin 2015
Journal intime – livre de classe – journal de bord – livre de poche – livre d’heures – recueil de contes – manuel technique – livre d’images – chansonnier – livre de cuisine – livre d’artiste – registre mortuaire. « Marcel Mariën voulait absolument être enterré avec ses lunettes de lecture pour pouvoir, au Jugement dernier, lire aussi les lignes en petits caractères. Le Livre des lois. Les livres des civilisations évoluées de l’Orient ancien (Assyrie, Babylone) furent d’abord des tablettes d’argile couvertes d’inscriptions cunéiformes ; en Inde, ils étaient faits de feuilles de palmier attachées ensemble. Au Japon, on écrivit d’abord sur de petites planchettes de bambou, plus tard sur de la soie et du papier. Les livres tels que nous les connaissons encore de nos jours sont apparus vers 200, selon le calendrier julien. À cette époque-là, en Europe, les feuilles de parchemin aplanies, quadrangulaires, pliées et superposées, avaient supplanté les rouleaux de papyrus traditionnels. Le papier, inventé par les Chinois avant le Ier siècle de notre ère, utilisé sept cents ans plus tard en Arabie (d’usage courant en Occident depuis le XIIIe siècle), remplaça bientôt le parchemin et réduisit considérablement les coûts de fabrication – tournant fructueux dans l’histoire du livre. Jusqu’à l’invention de la gravure sur bois et de l’imprimerie, on peut considérer que tout livre est « unique ». Si tous les livres d’heures reproduisaient le même Notre Père ou le même Ave, chaque exemplaire était unique, par le choix du papier, du format, par l’ornement ou l’illustration, et même par le style d’écriture – y compris les erreurs d’orthographe – tracée par la main du moine ou du copiste, ainsi que par la créativité et le savoir-faire de l’enlumineur. Une bonne cinquantaine d’années avant l’invention de la liseuse numérique, les artistes ont commencé à détruire le livre, à l’encoller, le clouter, l’enlaidir, bref : à le rendre inutilisable, illisible. Ils ont fabriqué des livres uniques à partir de livres existants pour en faire des objets inutiles, donc de l’art. Parallèlement, au cours des années 1970, naît un art du livre qui se distingue nettement de la création des livres par les artistes du xixe siècle tardif et du début du xxe siècle. Il s’agit de livres qui ne transmettent pas d’information visuelle au sens habituel, mais qui sont en eux-mêmes leur thème et leur contenu. Ces livres quittent bientôt la salle de lecture des bibliothèques et trouvent place dans des expositions. Pour leurs créateurs, ils sont à la fois un établi et un produit, des « cabinets de curiosités » uniques, maniables, que l’on peut chaque jour amplifier, enrichir ou rehausser… à l’infini, jusqu’à ce que les pages soient complètement noires ou que le maître se retire, qu’il abandonne ou qu’il commence un nouveau livre. Un livre qu’il ne peut acheter nulle part, qu’il peut peindre, dessiner, coller, écrire, selon son gré. Je demande au maître : « How many books do you have ? – Ninety-five! – Ninety-five ? – Yes, ninety-five. More than twenty are finished, the others are my “work in progress”. » Friedrich Nietzsche avait fait imprimer son dernier livre en six exemplaires – il ne pouvait, ne voulait pas compter sur plus de lecteurs. Ecce Homo n’est donc pas un livre unique. Lorsque Lemaistre de Sacy traduisait l’Apocalypse, il écrivit aussi ceci : « Je pris donc le livre de la main de l’ange et le dévorai, et il était dans ma bouche comme du miel ; mais après que je l’eus avalé, il me causa de l’amertume dans le ventre. » Ce petit livre est véritablement un livre unique, et ce type de livres existent depuis qu’ils portent ce nom. »[Horst Haack] A découvrir sur Artistik Rezo : [Source texte : dossier de presse – Propos de Horst Haack – Crédit visuel : Horst Haack ; Henri-Georges Adam ; Evru ; et Turi Werkner] |
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