« Des Gens bien » : Ken Loach sur un plateau de théâtre avec Miou-Miou
Des Gens bien De David Lindsay-Abaire Mise en scène d’Anne Bourgeois Avec Miou-Miou, Patrick Catalifo, Brigitte Catillon, Aïssa Maïga, Isabelle De Botton et Julien Personnaz Tarifs : Offre découverte jusqu’au 22 février : Réduction pour les jeunes de moins de 26 ans : Réservation en ligne ou par tél. au 01 43 87 23 23 Durée : 1h40 Théâtre Hébertot M° Rome (ligne 2) |
Jusqu’au 30 mai 2015
Pour le retour sur scène de Miou-Miou qu’on n’avait pas vue au théâtre depuis seize ans, il fallait un rôle solide dans une pièce qui en vaille la peine. Bingo : avec ces Gens bien, l’Américain David Lindsay-Abaire a visé juste. Dans la mise en scène d’Anne Bourgeois, c’est tout un monde qui s’offre à nous. Dans la banlieue cheap de Boston Le rideau s’ouvre sur une arrière-cour dans la banlieue pauvre de Boston. Les nouvelles ne sont pas bonnes : Margaret, la cinquantaine, se voit signifier son renvoi de la bouche d’un garçon, Stevie, qui a la moitié de son âge, responsable du magasin où elle travaille comme caissière. Elle se défend comme elle peut, justifie tant bien que mal ses retards, amadoue avec son délicieux charme le jeune homme car sa fille est handicapée. Comment faire quand on est sans travail, mère célibataire d’une fille totalement dépendante et trop usée pour jouer les intrigantes sexy ? La bande de copines Margaret a de bonnes copines, Jean et Dottie, débrouillardes et grandes gueules. L’une d’elles a rencontré l’amoureux de jeunesse de Margaret, un mauvais garçon du quartier où elles ont vécu qui est devenu, par la force de sa volonté, un médecin réputé. Elles vont donc l’inciter à reprendre contact avec lui, pour qu’il lui trouve un travail. Une écriture réaliste striée d’humour caustique Rapides, vives, percutantes, les scènes et les dialogues s’enchaînent, laissant libre cours à l’expression de chaque personnage. La gouaille des copines, l’amertume teintée de naïveté pour Margaret, la clairvoyance pragmatique de Stevie et la distance civilisée de Mike, le médecin, quand il revoit Margaret dans son cabinet huppé. Le choc des différents milieux sociaux, les séances de bingo pour avoir au moins une chance dans la vie, les rigolades entre vieilles copines qui chacune se bidouille un deuxième boulot pour sauver les fins de mois et se faire des petits plaisirs. Le texte est aux petits oignons, dans l’adaptation de Gérald Aubert, et tout sonne juste. Des acteurs formidables dirigés avec tendresse Pour camper ces personnages plus vrais que nature, il faut des comédiens d’une sincérité à toute épreuve. Isabelle de Botton (Dottie) et Brigitte Catillon (Jean) sont formidables, malicieuses, injustes, revanchardes et drôles. Dans le rôle de Mike le médecin, Patrick Catalifo dégage l’humanité et le pragmatisme de l’homme qui a réussi son ascension sociale. Aïssa Maïga, qui joue son épouse, et Julien Personnaz (Stevie) assurent leur rôle avec beaucoup de finesse et de justesse. Quant à Miou-Miou, fragile et frêle dans ses vêtements bon marché, elle interprète son personnage avec une grâce formidable, un culot et une spontanéité propres à ceux qui sont prêts à tout pour survivre. Vive, franche et trop en demande pour respecter tous les codes sociaux. Émotion maximum ! Hélène Kuttner [embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=zcrMFx18iGE[/embedyt] [Crédit photos : Lot] |
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