“Félix et Meira”, deux solitudes en quête d’amour
Félix et Meira De Maxime Giroux Avec Hadas Yaron, Martin Dubreuil et Luzer Twersky Durée : 1h45 |
Sortie le 4 février 2015
Deux solitudes se télescopent sous le regard délicat d’un jeune cinéaste québécois. Un film triste et beau. C’est l’histoire d’un amour qui semble avant tout naître par besoin de combler deux solitudes. Celle de Félix, homme désœuvré dont la seule occupation consiste à dilapider l’héritage familial, et celle de Meira, Juive hassidique dépitée par les mille contraintes liées à cette religion qu’elle n’a pas choisie. Un beau jour, Félix et Meira se croisent, pour finir par s’apprivoiser, chacun trouvant en l’autre un complément idéal mais également une forme de porte de sortie. Meira cherche la liberté, la bouffée d’oxygène qui lui permettra de rester en vie. Félix, lui, a besoin de raisons de vivre, d’entrer enfin en contact avec le réel. Le film du Québécois Maxime Giroux va au-delà de cette simple rencontre. Félix et Meira pourraient vivre une passion contrariée comme on en a vu des milliers au cinéma. Le propos est plus fin que cela : il n’est jamais complètement certain que la relation unissant les deux êtres soit réellement de l’amour. C’est peut-être l’illusion de l’amour. Mais qu’importe, après tout, puisque la fuite est si belle. Passant par New York puis Venise comme s’ils cherchaient le terrain idéal pour vivre ce qu’ils ont à vivre, Félix et Meira marchent, dansent, regardent dans la même direction : celle de l’épanouissement personnel et de l’ouverture aux autres. Et c’est délicatement beau. Bien qu’il dépeigne la suffocation d’une jeune femme trop à l’étroit dans des traditions dans lesquelles elle ne se reconnaît pas, Félix et Meira n’a rien d’un film anti-religieux. Giroux parle de la nécessité de s’affranchir et de l’importance des rencontres pour y parvenir. Traversé de part en part par une musique qui semble traduire les envies d’émancipation de Meira (laquelle ne peut pas en écouter, en tout cas pendant la durée du shabbat), le film se clôt sur une note amère et incertaine qui fait vivre les personnages bien après la fin du générique. Un exploit suffisamment rare pour être signalé, dû au talent de portraitiste d’un réalisateur dont on devrait reparler. Lucile Bellan [embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=_fbiiQssaTQ[/embedyt] [Image 2015 © Urban Distribution] |
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