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Joséphine d’Arno Brignon – Voz’Galerie

17 décembre 2014
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arnobrignon

Joséphine

D’Arno Brignon

Du 6 novembre au 2014 au 8 janvier 2015

Du mercredi au samedi de 14h30 à 19h30
Nocturne le jeudi jusqu’à 21h et sur rendez-vous

Voz’Galerie
41 Rue de l’Est
92100 Boulogne-Billancourt
M° Jean Jaurès

www.vozimage.com

Du 6 novembre 2014 au 8 janvier 2015

Repéré en 2008 par Ivane Thieullent, fondatrice de la Voz’Galerie, Arno Brignon est lauréat de la 40ème Bourse du Talent, prix qui lui vaut d’être exposé à la BNF en 2010. Sa photographie se situe à la frontière du documentaire et du travail d’auteur, une chronique du quotidien mêlant informations, émotions, rencontres, descriptions et poésie…. L’intime y est la clef d’entrée.

Débutée en 2009, la série “Joséphine” est un projet photographique en constante évolution, telle la vie de famille dont elle conte les vicissitudes.

Menteuse par omission la photo de famille n’est conviée que pour ces bons moments qu’elle transforme en bons souvenirs “ écrivait le regretté Pierre Bourdieu à propos de cette pratique photographique ô combien formatée consistant à tenir le journal, l’album de l’enfant dès son irruption de « l’origine du monde ».

Dans cet univers là, fait d’évidences, tranquille comme un long fleuve, pas d’autre mise en pages possibles que celle de ces émouvants clichés sur lesquels père et mère regardent avec tendresse leur progéniture qui gazouille et sourit à l’objectif.

Et c’est tout l’intérêt, du travail d’Arno Brignon, ce nouveau père mais déjà photographe affirmé que de s’interroger sur la possibilité de faire œuvre avec ce moment , si fort, mais si banal au fond, de son existence de papa, de photographe, de papa-photographe..

Car comme artiste il sait très bien qu’on ne fait pas de bonne littérature avec de bons sentiments. Qu’on ne fait pas plus de bonne photographie sans maintenir ses émotions à bonne distance focale.

Et c’est donc, non pas sur le mode (fièrement) affirmatif de sa paternité qu’il nous livre ces images, mais sur celui, plus interrogatif, de sa place dans cette étrange histoire d’amour à deux qui, d’un seul coup d’un seul, s’est transformée en figure triangulaire : celle de sa femme, devenue maman, qui porte, joue, baigne, danse , nourrit, couche (avec) l’enfant (et lui tourne le dos, à lui, son homme), d’une petite fille, Joséphine, qui regarde sans vraiment voir, se pose là (sans poser encore), et lui la tierce personne qui derrière le masque de son appareil a du mal à trouver sa place, à faire le point sur l’objet de son désir.

L’art d’Arno Brignon c’est de réussir à traduire photographiquement cette question de la place du père, beaucoup plus complexe, plus ambiguë qu’il n’y parait ! C’est pourquoi le flou ici, qu’il soit de mise au point, de bougé, ou de matière, n‘a rien d’un effet esthétique gratuit.

Il dit fortement ce trouble qui s’empare du géniteur quand il se trouve confronté à la présence, au regard de ce qu’il a participé à mettre au monde. Les décadrages, les basculements de champ, les regards qui coulissent de Joséphine, aux présences et objets qui l’entourent, du centre vers la périphérie, du dehors vers le dedans disent bien cette forme d’inquiétude du père et que le photographe traduit en une sorte d’errance visuelle.

Quant aux couleurs de cet album , nous sommes très loin des doux pastels qui du bleu au rose nous bercent d’illusions. Ici violentes sont les oppositions du vert au jaune, de l’orange au mauve, et de ces rouges qui font tâches jusque dans l’eau du bain…

Non le monde d’Arno Brignon n’est pas tranquille, il a cette inquiétante étrangeté chère à André Breton mais il est beau comme la rencontre fortuite sur une table à langer de deux regards qui se cherchent, deux êtres qui s’envisagent à tâtons et que le temps finira par révéler.”

[Visuel : Arno Brignon; Source : communiqué de presse et Dominique Roux]
   

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