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« Torobaka » : Israël Galvan et Akram Khan illuminent Noël

12 décembre 2014
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Torobaka

De et avec Akram Khan et Israël Galvan

Du 15 décembre 2014 au 5 janvier 2015

Tarifs : 35€/26€

Théâtre de la Ville
2 place du Châtelet Paris 4e
M° Châtelet

www.theatredelaville-paris.com

Du 15 décembre 2014 au 5 janvier 2015

Akram Khan et Israël Galvan, voilà une affiche actuellement imbattable. La star mondiale du melting pot londonien affronte le roi du flamenco d‘avantgarde! Ce duo-phare de la saison débarque enfin à Paris, après avoir été créé en juin, à la MC2 : de Grenoble. Chose rare, mais pleinement justifiée : une série longue au Théâtre de la Ville. C’est donc le bouquet chorégraphique des fêtes de fin d’année 2014.

Ils se chamaillent et se défient sur un cercle, rouge comme un soleil couchant. Au plafond, une couronne céleste. Khan et Galvan, deux monstres sacrés de la danse, issus de traditions de grande chaleur. Dans le feu de la forge, il n’y a plus de kathak, ni de flamenco, mais une recherche commune, sur terrain neutre.

Torobaka : Le titre évoque les bêtes sacrées des deux cultures, el toro et la vache. En effet, tout part des animaux. Mais si les gestes, pointus, graphiques et ciselés, sont adressés au règne animal, ils évoquent le trait d’un maître espagnol. Il y a du Picasso dans ces gestes quand une danse, ou deux se disloquent pour mieux se recoller ailleurs.

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Quand le geste de chacun s’adresse directement à l’autre, ils explorent et élargissent ensemble l’espace entre les codes et leur liberté personnelle. Galvan, qui a attrapé le virus du flamenco dans le ventre de sa mère, danseuse sévillane, est tout sauf un captif de la tradition. Il en a fait sa matière artistique, sa complice avec laquelle il dialogue en libre arbitre.

3Pour Khan, Galvan est « l’artiste que j’attendais pour parcourir cette route de découverte et d’anarchie », pour enfin créer ce dialogue entre les cultures, dans l’esprit d’un nouveau départ, sans en faire un jeu de ping-pong. L’idée était bien d’inventer de nouvelles règles de jeu, en danse autant que pour la musique. En ce sens, l’inspiration venait aussi du poème « toto vaca » de Tristan Tzara, pas tout à fait innocent dans le choix du titre, et un exemple parfait de liberté artistique gagnée à partir d’une culture-racine, en l’occurrence celle des Maori.

4Les quatre musiciens ou chanteurs de Torobaka représentent certes les cultures respectives, mais les approchent avec parcimonie. L’itinéraire passe plutôt par la messe latine, le chant grégorien et les polyphonies corses ou sardes. On retrouve Bobote le compagnon de route de Galvan et la chanteuse Christine Leboutte, élève de Giovanna Marini, qui chantait dans pas moins de quatre productions de Sidi Larbi Cherkaoui (Tempus fugit, Foi, Babel (Words), Myth). Mais tablas et rythmes du Karnataka sont bien présents, pour traverser l’univers méditerranéen et jouer avec les frappes des danseurs sur le corps de l’autre, comme l’illustration sonore dans le kathakali.

2Le jeu du binôme de célébrités se joue aussi en solitaire. Il est de coutume que chacun dispose d’un espace aménagé. Sauf que dans Torobaka, le solo n’est pas l’endroit du retour aux racines, mais celui d’une réflexion personnelle sur le chemin parcouru ensemble. Car se voir dans le regard dansant de l’autre ouvre la voie vers l’autodérision. Aussi, Galvan prend plaisir à la rotation et passe d’une attitude flamenca à celle d’un derviche tourneur.

A la fin, un cercle bleu, entouré de rouge, accueille les deux démiurges pour un dernier round partagé et nous rappelle qu’il n’y a pas de vie sans eau, mais pas non plus sans le soleil. D’où ce même geste de culte qu’au début, cette fois vu de dos. Et un dernier salut aux animaux, dansé à quatre pattes, en béliers. Ultime zapateado frappé des mains. Il fera chaud à Noël!

Thomas Hahn

[Crédits photos : Jean Louis Fernandez]

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