La Ville : plongée en apnée
La Ville De Martin Crimp Mise en scène de Rémy Barché Avec Marion Barché, Myrtille Bordier, Louise Dupuis et Alexandre Pallu Jusqu’au 20 décembre 2014 Du mercredi au samedi à 21h, mardi à 19h et dimanche 16h Tarifs : de 11 à 29 euros Réservation en ligne ou par tél. au Durée : 1h50 La Colline |
Jusqu’au 20 décembre 2014, puis du 7 au 10 janvier 2015 au Théâtre National de Toulouse
Comment écrire aujourd’hui, dans un monde lézardé par les clichés du réel et où la mondialisation, les guerres et le poids des villes vient battre en brèche toute tentative de percée d’un imaginaire ? Dans une de ses dernières pièces, l’Anglais Martin Crimp brouille les pistes avec un savoir faire sec et subtil, digne du grand Pinter. Auteur d’une dizaine de pièces jouées ces dernières années en France, Martin Crimp, présent à Paris pour la création de La Ville à la Colline et de La République du Bonheur à Chaillot, aime explorer le réel en le gorgeant de fantastique ou de mythologie, pour mieux en faire exploser sa substance, son absurdité. Ici, un couple, elle traductrice, lui informaticien, discutent de leur travail respectif en évoquant leurs frustrations. Clair (Marion Barché) souffre de ne pas être à l’origine des histoires qu’elle traduit, et Christopher (Alexandre Pallu) d’être le jouet de rouages administratifs dictés par la firme nord américaine. Entre eux, le délitement d’un couple de citadins quadragénaires avec deux enfants, le mystère d’un auteur au carnet rose dont la fille a disparu sans explication et l’arrivée inopinée d’un troisième personnage, Jenny l’infirmière (Louise Dupuis) qui fait basculer la situation dans un ailleurs ou la guerre est présente et où le drame expose, via des enfants trop turbulents. Il y a dans le spectacle mis en scène par le jeune Rémy Barché une sincérité dans le jeu des comédiens, simplement dirigés mais avec une vérité qui respecte parfaitement les tirets et les silences du texte de Crimp. Entre les banalités des conversations quotidiennes viennent s’immiscer des bulles d’absurdité et de non-sens, parfois très cocasses et drôles, tantôt glaçantes tant elle révèlent la cruauté dévastatrice de notre univers. Le décor et les lumières de Nicolas Marie dessinent subtilement cet entre deux entre banalité et fantastique, platitude et horreur. On navigue ainsi entre deux eaux avec de jeunes comédiens parfaitement à l’aise, inventifs et audacieux. Sans oublier Myrtille Bordier, étonnante dans le rôle de la petite fille. Une réussite. Hélène Kuttner [Crédit photos : Elisabeth Carecchio] |
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