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Tartuffe, imposteur de lui-même à la Comédie Française

3 octobre 2014
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Tartuffe_-_copie

Tartuffe

De Molière

Mise en scène de Galin Stoev

Avec Claude
Mathieu, Michel Favory, Cécile Brune, Michel Vuillermoz, Elsa Lepoivre, Serge Bagdassarian,
Nazim Boudjenah, Didier Sandre, Anna Cervinka et Christophe Montenez

Du 20 septembre au 17 février 2015

Tarifs : 5€ à 41€

Réservation : 0825 10 16 80

Durée : 2h15

Comédie Française
1, Place Colette, 75001 Paris
M° Palais Royal

www.comedie-francaise.fr

Oeuvre phare du grand Molière, ce personnage de faux dévot ne cesse de fasciner les metteurs en scène qui réaniment cet hypocrite à la lumière de notre monde factice. Le metteur en scène bulgare Galin Stoev ouvre avec lui la saison du Français dans les ors d’une scénographie faite de miroirs et de faux-semblants.

Rien ne va plus dans la maison d’Orgon (Didier Sandre), parti en voyage d’affaires à la campagne. Damis (Chistophe Montenez) et sa soeur Marianne (Anna Cervinka) se comportent en jeunes bourgeois gâtés qui sirotent du champagne en fumant des joints, sa femme Elmire (Elsa Lepoivre) se prélasse dans des costumes de soie somptueuse (Bjanka Adzic Ursulov) avec Cléante (Serge Bagdassarian), son beau-frère, la servante Dorine (Cécile Brune) surveille son petit monde d’une oeillade plus que complice, ce qui contrarie sévèrement Madame Pernelle (Claude Mathieu), la mère d’Orgon, scandalisée par le train mené par la famille et qui ne jure, comme son fils, que par Tartuffe, un dévot qui vit à leurs crochets.

SandreDans un décor d’appartement bourgeois, satiné de bleu roi et paré de miroirs innombrables qui provoquent autant de mises en abîme du réel, une petite société fort bien vêtue s’amuse gaiement, s’aime tendrement en faisant fi de la morale ecclésiastique. C’est sans compter le retour d’Orgon, tout de blanc vêtu, auquel Didier Sandre prête une bienveillance et une naïveté bon enfant, totalement phagocyté et manipulé par Tartuffe, interprété par un Michel Vuillermoz fantomatique et ténébreux.

A travers ces jeux de miroirs infinis ou les faux semblants abondent, et où la vérité se dérobe sans cesse, le metteur en scène dessine avec des acteurs très justes un spectacle fidèle au texte et à ses alexandrins, mais sans aucune surprise. La cruauté même de la pièce et la violence de son propos s’en trouveraient presque amoindris, la force de la pièce édulcorée. Peut-être en attendait-on un peu trop de ce metteur en scène qui nous avait épatés avec « Le Jeu de l’amour et du hasard de Marivaux » en 2011. Une soirée cependant très honorable.

Hélène Kuttner

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