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Ann Grim – Par-delà des profondeurs – Aquarium de Paris

23 septembre 2014
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Ann Grim
Par-delà des profondeurs

Du 12 octobre 2014 au 31 janvier 2015

Aquarium de Paris
Jardins du Trocadero
5, avenue Albert de Mun
75016 Paris

Du 12 octobre 2014 au 31 janvier 2015, à l’occasion de sa grande exposition « Les requins ne sont pas marteaux», l’Aquarium de Paris a invité l’artiste Ann Grim à réaliser une exposition autour des requins marteaux. Une vingtaine d’oeuvres cohabitent ainsi avec les bassins de l’Aquarium de Paris.

“Mes oeuvres sont la concrétisation d’une réflexion sur une philosophie de vie que je mène. J’ai commencé à travailler avec passion sur la métaphore plastique entre l’Homme et le requin depuis presque deux ans.” souligne Ann Grim.

L’oeuvre d’Ann Grim exprime le tissage du lien social, urbain et culturel.
Elle s’articule autour de formes libérées des contraintes du marketing, de volumes définitifs ou de pièces sculpturales et utilitaires à la fois.
Son travail est porteur d’un message engagé se questionnant sur la nature humaine, l’instinct de prédation et la hiérarchie sociale. Ses formes découlent de l’émotion.

Sa démarche est nourrie de recherches, d’échanges, d’analyses, de réflexions avec des scientifiques, des penseurs, des historiens, des sociologues, des économistes…. Le visiteur pourra découvrir des oeuvres intuitives mais qui ont pour caractéristiques de toujours magnifier une lueur d’espoir.

Sur le plan esthétique, la démarche d’Ann Grim est proche du « Surréalisme » : Elle fait émerger une autre réalité. Il y a une récurrence plastique : des mâchoires de requins (Marteau ou Mako). Fascinée par le requin, elle s’est dirigée instinctivement vers l’image qu’il véhicule malgré lui afin d’exprimer un panel d’émotions comme la peur, l’attirance, l’angoisse.

Dans son atelier, on trouve pêle-mêle mille mâchoires, squelettes, fragments, cartilages osseux et dents de plusieurs espèces de requins mais aussi des interprétations de branchies, d’ailerons, de peaux, d’épines dorsales…
Esquisses préparatoires, dessins, impression 3D, tests en volume, photographies, vidéos, bruits, outils, maquettes, installations… rythment les journées de créations.

Les autres matériaux ont également une symbolique dans ses oeuvres :
– Le métal est très présent. Il évoque le début de l’industrialisation marquant l’accélération vers une société de consommation ancrée dans un libéralisme débridé.
– Le cuir est également un matériau incontournable, il représente le rapport de force, la tension et la recherche d’équilibre.
– Les pierres et métaux précieux : diamant, émeraude, saphir, rubis, or, argent, cuivre… Leur signification symbolique projette par- delà l’inconnu… par-delà les profondeurs. .
Ses oeuvres s’inscrivent dans l’espace par le volume. C’est ainsi que l’exposition « Par-delà les profondeurs » a été conçue.
« Je pense mes oeuvres en tenant compte de l’espace d’exposition.
L’aquarium de Paris est un lieu qui me touche, par la place importante accordée aux requins notamment. Peu d’autres espaces pourraient porter mon travail avec autant de justesse.

L’intégration des oeuvres s’est faite très naturellement au rythme du parcours. J’ai eu une idée très précise de l’emplacement des pièces pour ponctuer cette descente sublime vers les profondeurs dans un dialogue intriguant avec les bassins. » ponctue Ann Grim.

Entretien Ann Grim

Pourquoi vouloir faire une exposition à l’Aquarium de Paris ?

La démarche d’Alexis POWILEWICZ, en accueillant mon travail au sein de son aquarium, m’offre l’opportunité de montrer mon travail auprès d’un public nouveau pas forcement initié à l’art contemporain.

Cette intention même fait évoluer les conditions dans lesquelles nous vivons.
L’oeuvre ainsi contextualisée, sera à même de conquérir un public nouveau parce qu’elle sera d’un abord plus simple et immédiat.

Comment envisagez- vous la rencontre avec le public et notamment le jeune public ?

Je fais partie de cette génération d’artistes dont l’oeuvre entre en relation directe avec les problèmes de la vie quotidienne. L’art est une des formes d’expression pouvant mettre l’accent sur nos vraies richesses.

J’espère que le public de l’Aquarium de Paris et principalement les enfants pourront ressentir des émotions, s’interroger à travers mes oeuvres.
Pour moi il s’agit vraiment d’une démarche intéressante et nouvelle qui me donne l’occasion d’aller vers cette nouvelle génération.

Quelles sont les oeuvres que vous avez voulu créer et pourquoi ?

Mon travail pour cette exposition cherche à garder l’espoir face a une société qui parait s’effondrer.

J’ai choisi de travailler autour d’une métaphore : ” Par-delà la profondeur »
L’Homme s’est produit lui-même comme objet commercial et a choisi le cours d’une histoire dont la sauvagerie illustre assez l’inhumanité qui me semble le caractériser.

Je crois que nous sommes dans une mutation où la civilisation mercantile s’essouffle et où s’esquisse, une civilisation plus humaine. L’homme prédateur, hybride parfois entre la candeur et la lubricité a fait son temps.

Nous aidant à nous projeter par-delà notre civilisation dévoyée qui, croyant oublié ses racines agraires et marchandes, a sombré dans l’exploitation cupide et déraisonnable de la nature terrestre comme de l’humanité.

J’ai choisi de créer une série d’oeuvres posant toutes des questions autour d’un devenir humain.

L’exposition se compose d’un ensemble d’oeuvres incitant le visiteur à s’interroger sur sa place dans le monde, sur le devenir humain.

Le prédateur
Ce titre encadre la lecture des pièces, présentées sous ce même nom, autour d’une métaphore au coeur du travail d’Ann Grim. L’analogie est faite entre le requin et l’Homme. Nous sommes tous par nature les prédateurs, de façon plus ou moins exacerbée. S’intéressant à la nature humaine, l’immanence des systèmes, leurs conséquences sur les comportements, Ann Grim se pose quotidiennement la question de « qui sont les prédateurs ?».

Nous traversons une fin d’ère qui met en exergue cet instinct de survie. Il nous emmène vers l’obsolescence de ce que l’homme a été jusqu’à aujourd’hui.
« Il me semble que les prédateurs sont ceux qui alimentent, entretiennent et bénéficient de cet ordre social hiérarchisé, l’humanité déviante, assoiffée de pouvoir. Viennent s’ajouter à cette « élite prédatrice » ceux qui préfèrent fermer les yeux sur la (sur)consommation immédiate, les pollutions, l’opulence du confort (perdant tout son sens, qui sont noyés dans les méandres de valeurs, personnelle ou sociale, ne relevant ni de la morale ni de l’éthique, ni de la spiritualité ni de l’esthétique et même de la politique. »

Ann Grim pose une interrogation quasi « rousseauiste » sur un homme nouveau.

Crédit : Ann Grim

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