La Palme d’Or, un succès garanti ?
Winter Sleep De Nuri Bilge Ceylan Avec Haluk Bilginer, Melisa Sözen et Demet Akbag Durée : 195 min. |
Alors que Winter Sleep sort en salles ce mercredi 6 août, les pronostics quant à son box-office sont moyennement optimistes. Malgré la cote de Nuri Bilge Ceylan auprès d’une poignée de cinéphiles, l’idée de voir un film turc de 3 heures 15 n’allèche que très peu de spectateurs. Une Palme d’Or est-elle toujours synonyme de succès en salles ? Retour en quelques chiffres sur le lien entre victoire à Cannes et succès en salles.
On ne fera sans doute jamais aussi bien que les 7 millions de spectateurs du Salaire de la peur ou des 5 millions du mélo russe Quand passent les cigognes, mais c’est une autre époque en termes d’exploitation. Aujourd’hui, on estime qu’une Palme d’Or est un franc succès lorsque son box-office avoisine les 3 millions d’entrées. Ce fut le cas coup sur coup avec La leçon de Piano (1993) et Pulp Fiction (1994). Depuis, les scores des Palmes d’Or fluctuent pour le meilleur… et souvent pour le pire.
Autant le dire clairement : une Palme d’Or n’est en aucun cas un gage de succès public. Souvent jugé trop élitiste, le festival de Cannes récompense parfois des films trop pointus pour le grand public, qui se déplace avec plaisir pour le français Entre les murs (1,7 million d’entrées en 2008) mais se détourne du thaïlandais Oncle Boonmee (moins de 130.000 entrées en 2010). La Palme d’Or n’est pas synonyme de triomphe, non ; en revanche, elle décuple l’exposition et fait venir plus de spectateurs en salles qu’un film équivalent qui ne porterait pas ce prestigieux label. Apichatpong Weerasethakul, réalisateur d’Oncle Boonmee, peinait jusqu’ici à attirer plus d’une dizaine de milliers de spectateurs dans les salles françaises. Bien qu’encore un peu maigre, le score de son film palmé montre qu’un certain nombre de spectateurs auront découvert son cinéma grâce à cela. Nuri Bilge Ceylan peut cependant nourrir quelques espoirs de dépasser Weerasethakul, Kiarostami (160.000 spectateurs pour Le goût de la cerise en 1997) ou Angelopoulos (168.000 curieux pour L’éternité et un jour en 1998). Grâce à une longévité exceptionnelle due à la patience des exploitants, Il était une fois en Anatolie (son film précédent) avait attiré 136.000 spectateurs en 2011 malgré ses 2h37. Si la Palme d’Or agit véritablement comme un catalyseur, alors Ceylan peut rêver de doubler ce joli score grâce à un Winter Sleep qui devrait rester dans les salles pendant un certain temps grâce à son prestigieux statut le transformant pour un temps en privilégié des cinémas d’art et d’essai. Lucile Bellan [embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=fJFYujwJd80[/embedyt] À découvrir sur Artistik Rezo :
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