Focus sur l’Acquavella Galleries : un entretien avec Michael Findlay
Focus sur l’Acquavella Galleries : un entretien avec Michael Findlay Le 30 juillet 2014 |
Le 30 juillet 2014
Michael Findlay est l’un des quatre administrateurs de l’Acquavella Galleries, l’une des galeries d’art les plus importantes de New York. Ouverte en 1921, l’Acquavella était à ses débuts spécialisée dans la Renaissance italienne, avant de se tourner vers l’Impressionnisme, le Cubisme et le Surréalisme. Elle représente aujourd’hui quelques-uns des noms les plus emblématiques de l’art – Monet, Giacometti, Miró, Braque, ou encore Freud. Tandis qu’il apporte désormais au monde des marchands son expérience acquise chez Christie’s, Michael Findlay s’est entretenu avec AMA, revenant sur l’évolution de sa carrière, sur le mode de fonctionnement de l’Acquavella ainsi que sur ses perspectives. En 2000, vous avez officiellement quitté Christie’s, où vous étiez Directeur du Département Impressionniste et Peintures Modernes. Qu’est-ce qui vous a amené jusqu’à l’Acquavella Galleries ? C’est lorsque j’étais sur un vol long-courrier, à la lecture de certains documents portant sur les ressources humaines, que j’ai découvert qu’il était possible de prendre sa retraite à 55 ans, chose qui m’est restée en tête ! Je ne suis pas quelqu’un qui planifie sa vie ; simplement les choses semblent arriver au bon moment, ou du moins c’est ce qu’il s’est passé. J’étais chez Christie’s depuis environ 15 ans — c’est une expérience qui a élargi ma vision et m’a amené à être en contact avec des artistes et des genres que je n’aurais pas nécessairement connus ou croisés en tant que marchand. Mais c’est un travail très exigeant, un style de vie intense, 24h/24 et 7j/7 qui ne laisse que peu de place pour autre chose. Je me suis remarié récemment, et bien que l’activité de la galerie soit importante et motivante, cela me permet tout de même d’avoir parallèlement une vie personnelle – et c’est ce que je cherchais. Je connais la famille Acquavella depuis assez longtemps. Quand je suis arrivé à New York, à dix-huit ans, je connaissais cette galerie et le père de l’actuel propriétaire. Mon premier emploi était à la galerie de Richard Feigen qui est à deux pâtés de maisons de là où je suis assis aujourd’hui, donc en l’espace de cinquante ans, j’ai réussi à me déplacer de deux blocs ! C’est un petit monde et j’en fait partie depuis longtemps… D’où viennent les collectionneurs qui font appel à l’Acquavella ? La majorité vient des États-Unis, d’Europe, puis d’Asie. C’est une observation générale, je ne regarde pas les passeports des personnes — ils peuvent être résidents de plusieurs endroits. Contrairement aux maisons de ventes nous ne gardons pas de traces de nos clients ! Acquavella vend des œuvres d’artistes qui sont régulièrement présentes dans les maisons de ventes, quel genre de relation avez-vous avec Christie’s et Sotheby’s par exemple ? La galerie a vendu un grand nombre d’œuvres impressionnistes mais aussi d’œuvres du XXe siècle en l’espace de 90 ans d’existence et beaucoup d’entre elles sont liées aux cours des enchères du fait qu’elles sont souvent des œuvres de seconde main. De la même manière, beaucoup de ces biens nous reviennent. Un des problèmes auxquels nous sommes confrontés avec les médias en général, est qu’ils se focalisent sur les ventes aux enchères qui représentent moins de la moitié du marché de l’art ; elles représentent environ 47 % d’un marché de l’art mondial à tous les niveaux de prix. Ainsi, il y a de grandes peintures coûteuses, et d’autres peintures moins coûteuses ou grandes, qui sont vendues chaque jour par des galeries comme la nôtre. Comment la galerie obtient la plupart de ses œuvres ? [rires] Eh bien, certaines choses doivent rester secrètes ! Nous avons toujours quelques artistes vivants qui nous fournissent des œuvres — comme James Rosenquest, Enoc Perez, Wayne Thiebaud, Nigel Boselo — et des collectionneurs privés qui vendent des œuvres via notre galerie, de la même manière que les maisons de ventes obtiennent les leurs. Les vendeurs ont le choix de faire appel à une maison de vente aux enchères ou de choisir la voie privée ; et je pense que toute la question est de savoir si l’on se sent à l’aise et si les rapports sont bons. Il faut aussi savoir si vous voulez quelque chose de public, ou plutôt quelque chose de privé. À votre avis, quelle est la force de votre galerie ? Comme une entreprise familiale forte d’une histoire de 90 ans, Acquavella incarne une expérience et une expertise inégalées dans les domaines de l’art impressionniste et du XXe siècle et est une source de grandes œuvres d’art provenant d’une clientèle privée ancienne aux États-Unis et en Europe. Toujours portés vers l’avenir par sa troisième génération baignant dans l’art contemporain, nous pouvons offrir à nos clients internationaux les meilleures œuvres de qualité que ce soit de Monet, de Degas, de Picasso, de Matisse, de Warhol, de Lichtenstein et de Freud, et par ailleurs des artistes vivants que nous représentons. Une autre force doit être notre équipe : en plus des quatre membres de la famille Acquavella, nous sommes quatre administrateurs venant d’horizons très differents — deux d’origine européenne, un Japonais et un Chinois. Acquavella Galleries a débuté en se spécialisant dans la peinture de la Renaissance — comment ce goût s’est-il développé depuis ? Peu de temps après que William Acquavella ait commencé à travailler avec son père Nicolas, le fondateur, au début des années 1960, notre spécialisation s’est déplacée des œuvres de maîtres anciens vers l’impressionnisme, au post-impressionnisme et au moderne. Il y a plus de trente ans, la galerie consacrait des expositions à des artistes tels que Anthony Caro et Robert Rauschenberg. Alors que plus récemment, nous avons invité des curateurs comme Dieter Buchhart, Judith Goldman et Vito Schnabel à travailler avec nous sur des expositions de grande envergure, conçues aussi bien pour le grand public que pour nos clients collectionneurs. Dans votre carrière, vous avez travaillé principalement avec des mediums traditionnels — la peinture et la sculpture : que pensez-vous de l’art de la performance et d’autres pratiques plus contemporaines ? Personnellement, je ne crois pas que ce qui est traditionnellement considéré comme de l’« art » ne doit comprendre que la peinture, le dessin et la sculpture. Depuis les années 1960, j’ai assisté et parfois participé à de nombreux événements de performance par les pionniers du non conventionnel comme Ray Johnson. Dans mon livre The Value of Art, je décris une performance utilisant le feu imaginée par John Van Saun que j’ai « produite » à SoHo en 1969. L’Acquavella accueille quatre à cinq expositions par an : quels sont vos critères ? En dehors des expositions d’artistes que nous représentons, nous cherchons à innover, soit en montrant le travail des artistes dont nous pensons qu’ils méritent de l’ attention (Manolo Millares, Zeng Fanzhi, Miguel Barceló, Fausto Melotti), soit par l’intermédiaire d’expositions qui éclairent et instruisent, en examinant des groupes d’œuvres qui ont des affinités particulières, telles que « Robert and Ethel Scul: Portrait of a Collection » et « The Pop Object—The Still life Tradition in Pop Art ». Certaines de ces expositions sont des prêts de musées ou de collections privées et de nombreuses œuvres ne sont pas à vendre. Avec la tendance actuelle à l’ouverture de nouveaux espaces à travers le monde par les grandes galeries, pensez-vous que l’Acquavella restera au même endroit ? Je connais seulement une poignée de galeries qui fonctionnent aujourd’hui avec ce que l’on pourrait appeler le modèle des satellites, comme la Marlborough Gallery, cela semble être davantage l’exception plutôt que la règle. Depuis près de cinquante ans, nous avons un large espace situé dans une zone très fréquentée, à proximité des principaux musées. Cela n’a de cesse de nous rendre service. Évidemment, je ne peux pas exclure tout développement futur, mais là où nous sommes et la manière dont la galerie fonctionne nous conviennent. Quels sont les perspectives d’Acquavella ? Aider les collectionneurs sérieux à construire de grandes collections privées prend du temps et demande de la patience. C’est le cœur de notre métier et bien que nos clients peuvent développer des goûts et en changer, nous allons continuer à travailler dur pour eux afin de trouver des œuvres de grande qualité, que ce soit pour constituer un ensemble mêlant Impressionnisme et Minimalisme. Nous recevons aussi de nouveaux clients grâce à notre réputation et aux amitiés que nous avons pu lier avec les clients existants, ainsi que des foires d’art auxquelles nous participons – Frise Masters, ArtBasel, ArtBasel Miami, ArtBasel Hong Kong et notre Art Dealer’s of America locale, une foire d’art de New York. Nous voulons continuer à offrir des expositions passionnantes et inhabituelles au public comme notre plus récent « Jean-Michel Basquiat Drawing – From the Schorr Family Collection » qui était une exposition d’une très grande qualité donnant à voir des œuvres toujours détenue par le premier client privé de l’artiste. Art Media Agency |
Articles liés
« Les Misérables », une nouvelle production brillante au Théâtre du Châtelet
Plus de quarante ans après la première création en français, l’opéra d’Alain Boublil et de Claude-Michel Schönberg revient au Théâtre du Châtelet dans une nouvelle version et une mise en scène de Ladislas Chollat. Quarante interprètes dont des enfants...
“Moins que rien” : l’histoire de Johann Christian Woyzeck adaptée au Théâtre 14
L’histoire est inspirée de l’affaire de Johann Christian Woyzeck (1780-1824) à Leipzig, ancien soldat, accusé d’avoir poignardé par jalousie sa maîtresse, Johanna Christiane Woost, le 21 juin 1821. Condamné à mort, il a été exécuté le 27 août 1824....
La Scala présente “Les Parallèles”
Un soir, dans une ville sans nom, Elle et Lui se croisent sur le pas d’une porte. Elle est piquante et sexy. Lui est hypersensible et timide. Il se pourrait bien que ce soit une rencontre… Mais rien n’est moins sûr, tant ces deux-là sont maladroits dans leurs...