Les Nombrils : des tranches de vie pimentées
Les Nombrils De et mise en scène par Didier Caron Avec Isabelle Ferron, Philippe Gruz, Bruno Paviot, Jane Resmond, François Raison, Christophe Rouzaud Du 10 juin au 6 septembre 2014 Cat. 1 : 32 € Réservations en ligne ou au 01 42 65 35 02 Théâtre Michel |
La nouvelle comédie de Didier Caron au Théâtre Michel à Paris met cruellement à nu le nombril des comédiens : égo démesuré, angoisses existentielles, soif de reconnaissance et névroses diverses… Une satire rocambolesque mais juste du monde théâtral qui est à mourir de rire. Pour qui n’a pas vécu de tournées en compagnie d’une troupe de comédiens, ce spectacle est pour vous. Et pour les autres aussi. Quatre acteurs de la “Compagnie de la Lune Pleureuse” se retrouvent avec leur metteur en scène dans des hôtels de troisième zone à Bruxelles, Metz ou Ajaccio pour la tournée de leur pièce “Les Plaines de Kiev”. Il y a là une ancienne vedette qui vit sa vie par procuration dans le souvenir brumeux d’une gloire passée (Isabelle Ferron) mais dont on se souvient surtout dans la publicité pour une farine qui gonfle. De la même génération mais encore plus ringard, le deuxième acteur enquille les références aux séries télé des années 70 (Christophe Rouzaud) en croyant séduire une jeune ingénue (Jane Resmond) qui n’a pas inventé le fil à couper le beurre. Quatrième larron de l’histoire, un quadra fils à sa maman (Bruno Paviot) qui joue de l’hystérie à chaque seconde pour mieux s’imprégner de son personnage. Il faut avouer que la pièce en question est totalement ridicule mais que les artistes, eux, y croient dur comme fer. Ils y sont encouragés par un sémillant metteur en scène qui se prend pour Jean Vilar (François Raison), austère et précieux à la fois, mais qui n’a pas un sou pour la production. Cela conduit à des scènes au ridicule achevé, nourri à son paroxysme par l’insécurité de la vie d’artiste. Drôle et généreux, caricatural et juste à la fois. Les hôteliers sont tous joués par le même comédien, Philippe Gruz, hallucinant de talent, habile à se métamorphoser en mafioso corse, en bienfaitrice alsacienne ou en reporter belge. Le décor est léger et mobile, il glisse comme par magie et les situations s’enchaînent en nous faisant voyager à travers toute la France. À l’heure où le statut des intermittents se retrouve débattu par les instances gouvernementales, ces tranches de vie artistique et personnelle, délicieusement pimentées et parfaitement interprétées, nous ramènent à l’essentiel de la comédie : faire rire et émouvoir. Hélène Kuttner [embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=WhxIBOhX_44[/embedyt] |
Articles liés
« Les Misérables », une nouvelle production brillante au Théâtre du Châtelet
Plus de quarante ans après la première création en français, l’opéra d’Alain Boublil et de Claude-Michel Schönberg revient au Théâtre du Châtelet dans une nouvelle version et une mise en scène de Ladislas Chollat. Quarante interprètes dont des enfants...
“Moins que rien” : l’histoire de Johann Christian Woyzeck adaptée au Théâtre 14
L’histoire est inspirée de l’affaire de Johann Christian Woyzeck (1780-1824) à Leipzig, ancien soldat, accusé d’avoir poignardé par jalousie sa maîtresse, Johanna Christiane Woost, le 21 juin 1821. Condamné à mort, il a été exécuté le 27 août 1824....
La Scala présente “Les Parallèles”
Un soir, dans une ville sans nom, Elle et Lui se croisent sur le pas d’une porte. Elle est piquante et sexy. Lui est hypersensible et timide. Il se pourrait bien que ce soit une rencontre… Mais rien n’est moins sûr, tant ces deux-là sont maladroits dans leurs...