Hernani – V. Hugo – Vieux-Colombier / Comédie-Française
Reprise d’Hernani créée à Montpellier par Nicolas Lormeau. Si la célèbre “bataille d’Hernani” n’est plus d’actualité, le texte vibre toujours dans cette excellente mise en scène, interprétée avec brio par les comédiens de la Comédie-Française.
En effet, on sourit quand on entend Dona Sol appeler Hernani son “lion”, mais on ne pousse plus de cris. Si le roi séjourne dans l’armoire, on n’interrompt pas la pièce. Au contraire, on se laisse emporter par l’action, par le rythme haletant des scènes que Nicolas Lormeau a su retrouver.
Sa mise en scène est très efficace. Bi-frontale, la scénographie permet un contact direct avec les comédiens qui frôlent les spectateurs. Plus proches de la scène, plus près des comédiens, nous sommes pris dans leurs filets. La scène est vide. Pas de décor, si ce n’est le tombeau de Charlemagne, qui deviendra le lit des jeunes premiers, puis leur tombeau. Tout est suggéré : au spectateur d’imaginer à son gré, de se laisser surprendre par des sons, par une voix, celle de T. Hancisse qui nomme et fait vivre.
N’est-ce pas le rôle du théâtre de créer l’illusion ?
Le plateau est très convaincant. Jérôme Pouly, acteur charismatique, incarne un puissant Don Gomez. Sa très belle présence donne du corps à ce personnage déchiré entre l’amour et le trône. Drôle et souple, il fait mouche et se tire habilement de ses longues tirades infinies. Son monologue adressé à Charlemagne est très poignant. Jennifer Decker est magnifique. Jeune première aux allures de poupée sage et bien rangée dans ses superbes robes, l’actrice transporte. Lumineuse, elle irradie d’amour et de candeur face au ténébreux Hernani. Félicien Juttner, au physique romantique, est un jeune premier déchiré, habité par la haine et l’amour : il bouleverse.
Quoique la pièce ait des parentés très proches avec Roméo et Juliette, ce n’est pas une tragédie. Hugo mêle, dans les situations et les caractères, burlesque et comédie. La mise en scène légitime l’action. Si la dame de compagnie cache le roi, c’est par intérêt et désir. Catherine Sauval, espiègle et coquine, fait sourire, sans compter Bruno Raffaeli en vieux barbon, très convaincant.
Marie Torrès
Hernani – V. Hugo
Jusqu’au 6 juillet 2014
Théâtre du Vieux-Colombier
Comédie-Française
21, rue du Vieux-Colombier
75006 Paris
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