Zoom sur le processus créatif avec Alec Soth
Zoom sur le processus créatif avec Alec Soth Le 12 juin 2014 |
Le 12 juin 2014
Alec Soth est un photographe américain, d’abord reconnu pour ses séries dépeignant les paysages et habitants des États-Unis. Basé à Minneapolis (Minnesota), ses photographies sont présentées dans de grands musées américains comme le San Francisco Museum of Modern Art (SFMoMA), le Museum of Fine Arts de Houston ou le Walker Art Center. Il est devenu membre de l’agence Magnum Photos en 2008. Parallèlement à son implication dans le monde de la photographie, il est engagé dans le journalisme, l’édition et l’enseignement. Dans une interview avec AMA, il a livré sa vision de la pratique photographique et ses évolutions. Pouvez-vous nous parler de votre pratique artistique ? Comment êtes-vous devenu photographe ? D’où vient cette passion pour la photographie ? Vous êtes connu principalement pour votre série « on-the-road » réalisée à travers les États-Unis, mais vous avez réalisé également des projets ailleurs comme à Paris ou Bogotá par exemple. Les paysages américains vous inspirent-ils particulièrement, ou envisagez-vous d’approfondir ces voyages par la suite ? À l’origine, je ne rêvais pas de faire le tour de monde pour le photographier. Je viens du Minnesota, donc je me sens proche de cette région. J’ai d’ailleurs emprunté la voie du « local ». Quand je suis devenu photographe professionnel, plusieurs opportunités de voyages sont apparues. J’aime voyager, mais je me suis rendu compte que je ne pouvais me défaire d’un côté touristique quand je visitais des pays étrangers — puisque je n’ai pas de connaissance profonde du lieu. Je me plie à l’exercice et il me plaît, mais je dois réaliser un travail qui est personnel à 100 % quand je suis en dehors des limites des États-Unis. Après, le revers de la médaille c’est que je n’excelle pas à photographier les espaces dans lesquels je vis — il est très difficile d’avoir une réelle conscience d’un lieu dans lequel on vit tous les jours. Le voyage alimente la nouveauté et la création, ce qui me plaît. Après, je pense qu’il est important d’allier cette nouveauté à sa compréhension. Les États-Unis ont eu un impact positif pour moi à ce propos. C’est une terre immense et complexe, que je pourrais explorer sans limites. Un jour je serais heureux de faire un projet réellement approfondi ailleurs, mais je ne suis pas pressé. Qu’en est-il de vos portraits ? Comment choisissez-vous les personnes que vous prenez en photographie ? Sont-elles liées aux paysages que vous choisissez ? Je choisis les personnes que je photographie de manière intuitive. Je ne me considère pas comme un photographe documentaire. Par exemple, quand je photographie une ville, je ne cherche pas à en capter l’essence. J’essaie plutôt d’apporter ma propre réponse au lieu que je photographie, en apportant beaucoup de moi-même à ce que je capture en image. C’est la même chose quand je fais des portraits — je me sens généralement attiré par mes modèles, d’une manière ou d’une autre. Je fais souvent l’analogie avec l’attraction sexuelle : il est souvent difficile de dire pourquoi on est attiré sexuellement pas une personne. Le fait de photographier des individus a ce même mystère. Je suis attiré par ces personnes, peut-être pour des raisons inexplicables. C’est pourquoi j’aime explorer : c’est moi en relation avec le monde. Quel but poursuivez-vous à l’égard de votre public quand vous photographiez ? Vous dites ne pas être photographe documentaire, car vous ne faites que capturer une « surface ». Pensez-vous que la photographie documentaire puisse réellement exister dans ce cas ? Je considère que mes photographies ont un aspect documentaire — à un certain degré seulement. Ce n’est tout simplement pas ma motivation première — je mentirais si je le disais. Après, je pense que la photographie documentaire existe et qu’elle est parfaitement légitime. De tous les projets que vous avez réalisés, il y en a-t-il un qui vous a plus plu que les autres ? Cela dit, je l’aime pour ce qu’elle est, mais j’en suis un peu las. Je pense que c’est pareil pour tous les artistes, ce qui m’anime est la nouveauté : mes projets actuels et à venir. Sur quoi travaillez-vous actuellement ? Vous avez fait plusieurs livres de photographies maintenant. Qu’est-ce qui vous a incité à mélanger livre et photographie ? Pensez-vous que le livre offre une dimension supplémentaire, par rapport à l’exposition en galerie par exemple ? Qu’en est-il de votre maison d’édition « Little Brown Mushroom » ? D’où vient-elle et qu’est-ce qui vous a inspiré son nom ? Vous avez lancé LBM après avoir rencontré le succès dans le marché de l’art. Vous voyez-vous favoriser ce type de travail, plus abordable, par la suite ? Voyez-vous le marché de l’art comme un espace suffocant ? Pour finir, voyez-vous la pratique de la photographie comme un état d’esprit ? Art Media Agency |
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