Dom Juan, mis en scène par Arnaud Denis : un événement attendu pour une réussite quasi parfaite
Dom Juan, mis en scène par Arnaud Denis : un événement attendu pour une réussite quasi parfaite De Molière Mise en scène d’Arnaud Denis Par la troupe des Compagnons de la Chimère avec Arnaud Denis, Jean-Pierre Leroux, Alexandra Lemasson, Vincent Grass, Eloïse Auria, Jonathan Bizet, Julie Boilot, Loïc Bon, Gil Geisweiller et Stéphane Peyran Jusqu’au 26 avril 2014 Tarifs : 25€, tarifs réduits 18€, – 26 ans et chômeurs 11€. Réservations par tél. au 01 45 45 49 77 Théâtre 14 |
Jusqu’au 26 avril
A à peine 30 ans, Arnaud Denis est déjà un artiste reconnu. Comédien surdoué, metteur en scène sachant oser et à la vision surprenante mais toujours respectueuse des grands textes, il se mesure aujourd’hui à un monument, le « Dom Juan » de Molière, une pièce retirée de l’affiche un petit mois après sa création, en 1665, tant elle était sulfureuse. Réflexion sur le libertinage et ses excès, cette pièce s’attaque au jouisseur Dom Juan qui s’attirera les foudres divines comme aux dévots, mais dans le respect de la religion. Arnaud Denis s’est avec bonheur distribué le rôle-titre. Longue chevelure de jais, costume d’or, de soie et de dentelles, il donne à ce « grand seigneur méchant homme », fils de famille qui se joue des bonnes mœurs, multipliant les frasques, en rébellion avec son père et n’écoutant jamais la voix de la raison, une prestance aussi vampirisante que gracieuse, entièrement au service de l’œuvre. Courant le jupon (et parfois ici le pantalon!), on personnage n’a de cesse de séduire dans toutes les strates de la société, réussissant même à entourlouper ses créanciers. Il blasphème et épouse à tout va. Elvire qui, pour lui, a quitté le couvent (et y retournera) lui promet une terrible vengeance. Le décor gris et massif se pare de lumières, le rouge soulignant par exemple la présence du démon, alias Dom Juan, mais ne s’adapte pas toujours à toutes les scènes. Passons, puisque les comédiens savent avec brio nous en donner les différentes couleurs, hormis Alexandra Lemasson qui campe une bien pâle Elvire. Jean-Pierre Leroux est quant à lui un magnifique Sganarelle… bien qu’ayant largement dépassé l’âge qu’on lui prête généralement. Dans la vision shakespearienne d’Arnaud Denis, il est plus sa conscience et la voix de la raison qui vacille entre bon sens, respect des bonnes mœurs et déférence pour son maître, nous offrant ainsi de savoureux moments. Restons sur le côté comique de la pièce pour souligner la prestation remarquée de Stéphane Peyran qui se taille un beau succès public dans la peau de Pierrot, le campagnard qui, avec Charlotte (Eloïse Auria épatante elle-aussi) se rit en patois des gens de la haute. Mais Dom Juan est également un drame, celui d’une âme pervertie qui ne pourra être sauvée. La mise en scène sait non seulement restituer tous les moments tragiques mais les sublimer tout en nous offrant des instants inédits, comme une scène d’orgie, non écrite, mais arrivant fort à propos. Quid de la statue du Commandeur (assassiné par Dom Juan rappelons-le) ? Surprenante une fois encore, car elle est le fruit de la participation, virtuelle, de Michel Lonsdale et d’effets spéciaux très réussis. Et la fin est-elle vraiment terrible ? Oui et même très shakespeariennement spectaculaire ! Voilà, j’espère vous en avoir dit assez, mais pas trop, pour vous pousser à voir cet excellent Dom Juan ! Caroline Fabre [embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=VOjUD3mBiJM[/embedyt] A decouvrir sur Artistik Rezo : [Photos : © Laurencine Lot] |
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