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Samuel Rousseau, jardinier « d’images mentales »

27 mars 2014
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Samuel Rousseau, jardinier « d’images mentales »

Le 27 mars 2014

Le 27 mars 2014

Samuel Rousseau est un artiste plasticien français. Ses installations, très précises, mêlent la vidéo à des objets de rebuts, dans une poétique forte qui observe le monde actuel — ses images et l’homme qui l’habite. Sélectionné parmi les finalistes du prix Marcel Duchamp en 2011, il est présenté durant Art Paris Art Fair à la galerie Claire Gastaud. Art Media Agency l’a rencontré dans le cadre de la foire et l’a interrogé sur son travail.


Pouvez-vous nous présenter votre travail ? Comment le ressentez-vous ?

Je ressens la vie en fait. Je suis une éponge, je rends les choses. Je suis en réaction. Je vie dans un monde contemporain, j’ai un travail contemporain, mais être artiste m’est tombé dessus. C’est comme quand on me dit « pourquoi as-tu choisi la vidéo ? », je n’ai pas choisi la vidéo. C’est juste que ça tombe sous le sens. Si j’avais été un homme préhistorique, j’aurais utilisé des racines, j’aurais gratté les murs.

Votre technique semble très précise. Comment procédez-vous ?

Je me fiche de la technique.  Il faut toujours que la technique soit évacuée par le propos sur l’œuvre. On me dit souvent que je suis un grand technicien. Premièrement, je n’en suis pas certain. Et puis dans chaque corps de métier, il faut maitriser son outil, c’est donc normal.

Oui, mes œuvres peuvent apparaitre techniques, mais les peintres de la renaissance avaient aussi une technicité formidable.  Oui, c’est technique, mais la technique ne dépasse pas le propos. L’ordinateur doit rester mon esclave.

L’ordinateur est l’esclave de l’animation que vous créez et vous projetez cette animation sur des objets recyclés, de seconde main. Qu’apporte cette réutilisation à l’image, au sens ?

Ce qui m’intéresse dans l’objet de rebuts et dans l’ignoble dans le sens « non noble » du terme c’est que tout le monde l’a eu entre les mains. Que ce soit un blister de médicament, un jerricane, une veille bâche, tout le monde connaît ces objets.
Ce qui m’intéresse alors c’est l’emprise que j’ai sur le réel. En tant qu’artiste, mon objectif est de semer des graines. J’aime cette métaphore du jardinier, je mets une graine dans la tête du spectateur, et après elle pousse et ce qui en ressort ne me regarde plus. Utiliser des objets du quotidien permet d’avoir cette accroche sur le réel, sur le public. En plus, ce qui m’amuse c’est de transformer la matière. Quelque chose qui devait aller à la poubelle devient une œuvre d’art, et obtient un tout autre statut intellectuel et commercial.

Il y a presque un côté ready-made : vous adoubez un objet, certes en lui adjoignant une vidéo.  Pensez-vous que l’idée est là ?

Je me suis posé la question par rapport à ça, mais je ne pense pas finalement. C’est un « ready presque made » ! Le ready-made est un objet utilisé en tant que tel, et moi je lui ajoute quelque chose.

Vous avez une formule qui est forte, c’est la volonté de créer des « images mentales ».

Je fais des images. Même si elles bougent et qu’il y a du son, je ne fais pas plus que des images. Cependant, il y a une question cruciale derrière cela : qu’est-ce que faire une image aujourd’hui ? Il y en tellement Nous vivons dans une profusion d’images, un vomi d’image, c’est fou.

En plus, je lutte contre Pixar ou Disney, car on est tous habitués à avoir des images très léchées, créées à partir de machines onéreuses, ou dix secondes sont faites en des heures par des dizaines de personnes. Moi, je me place en tant qu’artisan de l’image. Ce que je veux c’est extraire le sens. Ce qui m’intéresse c’est de faire des images qui sont mentales dans le sens où le public se les accapare. L’image devient mentale quand elle appartient à la personne qui observe mon œuvre.

Art Media Agency

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