DVD « Lettre d’une inconnue » de Max Ophüls
Lettre d’une inconnue De Max Ophüls Avec Joan Fontaine et Louis Jourdan Durée du film : 85 mins Durée du DVD : 123 mins Sortie le 20 mars 2014 |
Entre Zweig et Tolstoi Un flamboyant mélo inspiré d’une des plus célèbres nouvelles de Stefan Zweig filmée dans un noir et blanc somptueux. Un grand Max Ophüls à redécouvrir d’urgence. Avec deux beaux suppléments de programme pour mieux comprendre cette œuvre au casting de rêve. Stefan, un musicien beau et talentueux reçoit une lettre. Il ne reconnaît pas l’écriture de cette mystérieuse épistolière mais en lisant cette prose des images lui reviennent. Lisa Berndle, l’auteur du courrier, lui a voué sa vie durant un amour inconditionnel. Elle revient sur sa vie, entrant dans chaque détail du feu de cette passion qui la consuma toute son existence durant. C’est l’une des plus célèbres nouvelles de Stefan Zweig. L’auteur d’ « Amok » et « 24 heures de la vie d’une femme » mène un récit romanesque en diable avec cet art du détail et de la tenue haletante de sa narration. Du pain béni pour un cinéaste. Max Ophüls, grand cinéaste auteur de quelques chefs d’œuvre comme « Lola Montès » ou « Le Plaisir », tourne cette adaptation qui sera son deuxième film en 1948 au cours de son exil aux Etats-Unis. Adepte des portraits de femmes, le cinéaste, également connu pour son cinéma étiqueté « baroque » notamment pour ses plans d’une virtuosité et d’une complexité vertigineuse, n’a pas encore à cette époque figé cette tendance dans son art. L’ombre d’Anna Karenine Il n’en résulte pas moins que son film reste un immense mélo d’une beauté plastique étourdissante avec un noir et blanc où les jeux d’ombres prennent une force suggestive de premier plan. Joan Fontaine (« Rebecca ») et Louis Jourdan (« Gigi ») forment un couple parfait pour cette adaptation à laquelle Ophüls va étonnamment apporter quelques modifications qui rendent son propos quasiment tolstoïen. On ne peut en effet s’empêcher de songer à plusieurs reprises à « Anna Karenine ». Le futur auteur de « Madame De » ne pouvait rendre plus bel hommage au romancier qui écrivit un portrait d’une redoutable intelligence sur Tolstoï… Deux compléments de programme : « Mémoires d’un producteur » qui revient sur certains aspects du tournage du film et les rapports du cinéaste avec son producteur John Houseman et « Triomphe d’une passion », documentaire où le critique américain Tag Gallagher analyse le personnage féminin pour en déterminer une dualité qui pourrait échapper au spectateur qui se laisserait attendrir par le déterminisme tragique de cette femme. Passionnant. Franck Bortelle |
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